A l’heure du second mandat de Donald Trump, ses déclarations aussi fracassantes que menaçantes sur la situation de la frontière américano-mexicaine, refont surface.
Sylvain Prudhomme se lance dans un voyage en auto-stop autour de cette région si controversée et parfois, même, assez dangereuse.
Autour de petits instantanés durant le temps de son trajet avec la personne qui l’emmène d’un point à un autre, on en apprend un peu davantage sur la vie, les soucis, les espoirs, les réels problèmes de la région, les narcos trafiquants….et finalement, cette histoire de mur, qui existe déjà, semble assez dérisoire.
Que dire d’une économie qui bien sûr, fonctionne en grande partie, grâce à tous ces émigrés, ayant ou non des papiers, et au bout du compte, qui le construira cet édifice…. ???
Des portraits, plein de charme, sensibles, souvent désopilants, parfois un peu trop courts, mais c’est aussi le jeu. Le polaroid ajoute une touche ludique au récit.
Bien sûr, c’est effleuré mais ce road trip fait un bien fou au lecteur et nous donnerait, également, l’envie d’aller là-bas, et de rencontrer tous ces gens.
Un roman qui prend ses sources dans la famille de l’auteur puisqu’il y évoque un secret bien gardé jusqu’au jour des obsèques de son grand-père, l’existence d’un fils secret de ce dernier.
Si un grand nombre de personnages ont donc un double dans la réalité et dans l’entourage de l’auteur, ce sont bien des événements et des situations romanesques qu’il a décrites ici, ne sachant finalement que très peu de choses de la réalité. Tout l’intérêt réside aussi dans la description des atermoiements de la famille, des hésitations et des recherches de l’auteur dans « La vraie vie » pour savoir et comprendre, et la façon dont ces dernières pourraient être posées sur le papier et devenir le roman que nous avons entre les mains.
Ainsi nous découvrons que cela peut parfois vous entraîner loin d’être auteur, et d’être le confident d’un secret de famille. Jusqu’en Allemagne à la fin de la guerre par exemple, jusqu’à vouloir retrouver l’enfant dans le taxi.
Simon est auteur, Simon est séparé de sa compagne, A. et Simon assiste aux obsèques de son grand-père. C’est le moment que choisit un de ses oncles pour lui révéler un secret de famille. L’existence d’un fils du grand-père qui vit là-bas, au bord du lac de Constance.
Alors Sylvain Prudhomme cherche à comprendre, et Simon raconte. Car ce personnage a de très nombreuses similarités avec l’auteur, tout est vrai puisque c’est écrit (comme aurait dit Boris Vian) mais tout est romancé.
Tout commence en Allemagne, au bord du lac de Constance, entre Malusci, le jeune français venu occuper cette région à la fin de la guerre et la jeune allemande de la ferme dans laquelle il est hébergé. Ils sont jeunes, la guerre est finie, les élans du corps et du cœur s’éveillent en ce début d’été qui annonce des jours meilleurs. Qu’importe de savoir de quoi demain sera fait si l’on s’aime l’espace d’un instant.
Puis c’est le retour vers Toulouse, et la vie qui reprend, l’entreprise familiale à laquelle il faut prendre part. Le mariage avec Imma, les enfants, la vie en somme.
Pendant ce temps là, en Allemagne, Liselotte donne naissance à M. Mais qu’il est difficile pour ces jeunes femmes de chaque côté de la frontière de donner la vie à l’enfant de la honte, qui est souvent pourtant l’enfant de l’amour.
Quelle a été la vie de cette femme, de ce fils sans père, de tous ces enfants nés de chaque côté de la frontière d’un père et d’une mère de nations ennemies le temps d’un conflit.
Comment pardonner à celles qui ont aux yeux des autres « fauté ». Car ce sont elles qui portent et mettent au monde ces enfants écartelés entre deux pays, deux parents, deux familles qui se sont voués tant de haine et ont souvent tant de mal à pardonner. Et la plupart du temps les pères ont regagné leur pays d’origine et recommencé une autre vie.
J’ai aimé découvrir ce roman, que j’ai appréhendé comme tel, et qui m’a fait me poser des questions sur la vie qu’ont dû mener tous ces enfants d’un côté ou de l’autre de la frontière.
https://domiclire.wordpress.com/2023/11/11/lenfant-dans-le-taxi-sylvain-prudhomme/
Une histoire d’auto-stoppeur, d’amitié , d’amour.
Amis , ils se sont connus il y a longtemps , l’auto-stoppeur et le narrateur. Ils ont fait la route ensemble , en auto-stop. Puis la vie les a séparé, « chacun sa route chacun son chemin »…( oui , je sais , elle est facile celle-là mais je n’ai pas pu m’en empêcher…)
Un besoin de changer d’air pour son dernier roman , et voilà le narrateur , plusieurs années après , qui se retrouve habiter dans la même petite ville que l’auto-stoppeur
L’auto-stoppeur désormais marié, un enfant mais toujours cette envie/besoin de prendre la route
Quand ? quand ça lui prend
Où va-t-il ? il laisse faire le hasard
Combien de temps part il ? rien de programmé
Qu’y fait il ? se laisse (trans)porter, fait des rencontres
Entre ces 2 amis retrouvés , Marie , la femme de l’auto-stoppeur
Il est également question de départs et de retours, de liberté, de rencontres (évidemment), de polaroid, de livres , de l’écrivain italien Marco Lodoli (que j’ai désormais très envie de découvrir)
J’ai dévoré ce roman qui m’a particulièrement touché . Partagé entre l’envie de suivre l’auto-stoppeur et celle de rester avec le narrateur. Ce roman est plein de délicatesse , de charme, de désirs vs regrets.
Sylvain Prudhomme est l’auteur de nombreux romans et reportages ayant pour décors l’Afrique (où il a grandi) ou l’Amérique. Lauréat de plusieurs prix littéraires, il reçoit en 2019, le Prix Femina pour son livre « Par les routes » où un autostoppeur voyage à travers la France pour rencontrer d’autres voyageurs, les photographier et leur poser des questions sur leur vie.
Lui vient alors l’idée de faire pareil. Il part en reportage sur les routes frontalières entre les Etats-Unis et le Mexique, pour une traversée d’Ouest en Est de 2.500 kilomètres et ce, pendant deux semaines. Après la sortie du reportage dans un article de 14 pages pour la revue America (numéro 6/16), il se rend compte que tout n’a pas été dit, que le sujet n’est pas épuisé pour lui.
C’est ainsi qu’il a écrit ce livre, journal de voyage, « Coyote », résultat de ses carnets d’écriture non relus où il y retrouve de multiples phrases et portraits. Ces habitants et automobilistes ont été rencontrés lors de ses pérégrinations, majoritairement en auto-stop, souvent le long de ce mur imaginé par Trump. Même si plus de 7 ans ont passé, il se les rappelle comme si c’était hier et finalement, les choses n’ont quasi pas changé puisque Trump revient au pouvoir.
Le mot « coyote » désigne bien une espèce de canidés originaire d’Amérique du Nord. Mais c’est aussi le surnom utilisé pour évoquer, au Mexique et en Amérique centrale, l’individu qui se charge clandestinement et moyennant rémunération de faciliter un trajet soit : un passeur !
Tout comme le grand reportage paru dans America, le livre est passionnant et touchant. Donnant la parole à des transfrontaliers, majoritairement mexicains, l’auteur parvient en quelques mots à ce qu’ils expriment sur leurs origines, ce qu’ils pensent de Trump, leur vie…. L’immensité des paysages prend aussi une place importante dans le livre, comme un personnage à part entière dont les automobilistes louent leur beauté.
Ces courts portraits ou plutôt fragments de vie auraient pu être même plus longs je trouve, car on les quitte alors qu’on s’y attachait. Mais peut-être est-ce cela qui en fait leur intérêt. L’auteur lui reste en retrait. Ce livre est certes laconique, mais les émotions qui en ressortent ne le sont pas elles. A l’aube d’une nouvelle ère trumpienne, ce road-trip est à la fois instructif et inspirant. A lire et à découvrir !
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...
Un douloureux passage à l'âge adulte, entre sensibilité et horreur...
Blanche vient de perdre son mari, Pierre, son autre elle-même. Un jour, elle rencontre Jules, un vieil homme amoureux des fleurs...
Des idées de lecture pour ce début d'année !
