"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il y a longtemps que je l'ai lu mais c'est un livre qui s'est imprégné en moi. Avec lui j'ai voyagé, humé l'air humide, senti l'oreiller d'herbes, franchi des montagnes... J'ai beaucoup aimé l'écriture poétique de cet auteur.
Instinct de survie, culot et persévérance ont conduit le chat dans la maison du professeur Kushami où il a été recueilli malgré l'opposition farouche d'O-San, la bonne. Ignoré par la maîtresse de maison, harcelé par les fillettes du professeur, détesté par la bonne, le chat n'est pas très apprécié, on ne s'est même donné la peine de lui donner un nom, mais il a un toit sur la tête, des repas réguliers et un certain prestige, dû au statut de professeur de son maître. Aussi mène-t-il tranquillement sa vie de chat, entre exploration du quartier, rencontres avec ses congénères et surtout observation des humains qui l'entourent et qu'il juge avec acuité et ironie.
Sentiments ambigus à la lecture de ce roman : plaisir et ennui.
Plaisir d'abord parce que tout commence très bien avec ce jeune chat qui s'immisce dans un foyer où il n'est pas forcément le bienvenu. L'animal est malin, sagace, attachant et très drôle. Par sa bouche, Sôseki met à mal la nouvelle société japonaise qui se dessine avec l'ère Meiji et l'ouverture du Japon sur le monde. On rejette les valeurs traditionnelles, on glorifie tout ce qui vient d'Occident sans esprit critique et les intellectuels perdent de leur prestige au profit des hommes d'affaires. Plaisir aussi devant l'autodérision de Sôseki qui, s'il parle avec la voix d'un chat, s'est également mis en scène dans le personnage du professeur Kushami avec qui il a de nombreux points communs. Discrètement, le chat écoute son maître et ses amis refaire le monde. Histoires abracadabrantes, théories loufoques, batailles d'ego sont au menu des discussion de ces pédants ridicules qui sont plus sots que malins.
Mais si l'on s'amuse de cet homme dépassé par l'évolution de la société, entêté dans ses certitudes et aux prises avec ses voisins, on finit par se lasser des discussions philosophiques de ses acolytes. Au fil des pages, l'humour s'étiole et l'intérêt aussi, dommage.
Je suis un chat reste un livre au ton original qui met la lumière sur cette période charnière où le Japon a opéré sa mutation d'une société traditionnelle vers une ère plus ''occidentalisée'', provoquant une vague de suicides chez les intellectuels. En même temps roman et essai, il est parfois ardu à suivre et demande beaucoup d'attention. A réserver aux passionnés de l'histoire du Japon.
Sôseki raconte sa maladie et son séjour à l'hopital, ses visites, ce qu'il voit de sa chambre et ses réflexions entre la vie et la mort, le temps qui s'écoule.
Après mes explorations littéraires contemporaines de Nothomb à Murakami, j’éprouvai le besoin de revenir à un classique. D’un pas déterminé — non sans être accompagné de quelques carottes — je me dirigeai vers ma bibliothèque, je suivais du doigt les tranches des ouvrages, traversais les Balzac, Hugo, Brontë et Poe sans exciter quelque pulsion livresque et fouillais dans les étagères à la recherche de mon envie. Je tombai enfin, après ma savoureuse aventure bibliophile, — il est toujours savoureux de plonger dans l’abysse de sa pile-à-lire — sur un classique de la littérature japonaise de Sôseki. Oreiller d’herbes reposait là depuis la nuit des temps et allait satisfaire non seulement ma soif de grande littérature mais aussi un appétit poétique passionné !
intégralité de la chronique : https://leschroniquesduroicarotte.com/2015/10/30/oreillerdherbes/
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