"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1917. La caporal Vincent Morlas et le soldat Joseph Dartigue n’ont qu’une idée en tête : que cette guerre se termine. Ils ne veulent plus combattre. « Après trois ans de guerre, tous en avaient ras le casque. » Sur le Chemin des Dames, des dizaines de leurs compagnons tombent sous les balles allemandes pour grappiller quelques centimètres, mètres, seulement, de la zone occupée. « À en croire leurs coin-coin, les balles des Boches ricochaient sur les Français sans les blesser ; les obus pétaradaient comme des petits pois trop cuits en s’écrasant au sol ; la guerre ressemblait à une partie de cache-cache. » Une dernière offensive, voilà ce que leur promet l’officier. La der des ders, celle qui donne la joie de rentrer, de souffler, de revoir son foyer lors d’une permission. Mais cette attaque, couronnée pourtant de succès du côté français, laisse derrière elle des cadavres et cette belle promesse passe donc aux oubliettes. « Vincent avait la sensation d’avoir été précipité dans une chierie sans fond. Il pressentait qu’aucun bain ne pourrait jamais le laver. Il se sentait sale. C’était tout son être qui lui semblait avoir pourri sur pied. » Il faut remonter au front, pas le choix c’est un ordre, ce qui n’est pas le point de vue de tous les hommes : le rouge de la révolte s’installe alors aux fusils. Vincent parviendra-t-il à imposer cela à ses compagnons. « -Tu es toujours le premier à te foutre de nous parce qu’on gobe les promesses des gradés, mais toi, tu crois que tu peux changer le monde ! »
Sophie Lamoureux s’est inspirée de l’histoire de Vincent Moulia, soldat français longtemps considéré comme un traître du fait de sa rébellion avec ses pairs mais qui finalement ne rêvait que de paix. L’autrice lui rend un bel hommage dans cette collection « Les Héroïques », aux côtés d’autres oubliés de France. À noter que Vincent est le premier héros masculin mit en valeur dans cette collection.
Nous plongeons dans l’enfer du Chemin des Dames, là où les combats sont une véritable boucherie humaine, car oui, c’est bien ça la vérité de cette Grande Guerre. J’ai vu ces soldats français être massacrés sous les rafales allemandes, ces officiers refusant de se battre, ces blessés se vider de leur sang, ces hommes suppliant d’arrêter de tirer. Et puis, la souffrance, l’épuisement, l’écœurement amène à la révolte, ce ras-le-bol de subir, soulevant un petit groupe d’hommes vers la liberté, mais à quel prix ?
Le rouge au fusil est un roman saisissant, percutant, poignant. Il met en lumière des héros de la guerre et Sophie Lamoureux le fait de la plus belle des façons dans son récit. Chaque détail de cette période est mis en avant, écrit à sa juste valeur, le rendant réel à nos yeux. Vivre cette guerre des tranchées dans ses profondeurs, suivre ces soldats et y ressentir toute la peur qu’ils ont pu avoir face à des ennemis prêts à tout pour arriver à leur fin. Une immersion totale dans un pan de l’histoire.
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2020/01/23/37965095.html
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