Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Dimitri et Luna sont un couple très amoureux pris dans un règlement de compte ultraviolent entre mafia serbe, armée privée américaine et un groupe bancaire basé au Luxembourg...
Sur fond de guerre mondialisée, série noire de Gallimard publie un récit d’autant plus sombre qu’il fait écho à notre actualité… Une partie de l’action se déroule en Lorraine, après l’écroulement de la sidérurgie, non loin des paradis fiscaux du Luxembourg, là ou est né l’auteur. Il nous place dans un monde, (actuellement ? Dans quelques années ?) où les mafias en lien avec des banques, des armées privées, à la tête de vastes empires d’entreprises diverses, contournent les lois, laissant toute la place à l’argent, faussent la réalité par tous les moyens dans la violence et la destruction.
Les références aux grands classiques sont nombreuses et plutôt intéressantes. Dès le chapitre 3, on assiste à une terrible scène proche du meurtre de Raskolnikov. Crimes et châtiments sonde le cœur noir de l’homme, Terres noires part « sonder le cœur noir de l’Occident », selon les termes indiqués dans « note et remerciements » à la fin de l’ouvrage. Référence aussi à 1984 de Georges Orwell et même à Othello de Shakespeare…
« Un roman magistral sur le libéralisme totalitaire et la destruction généralisée qu’il instaure », telle est la promesse de la quatrième de couverture. A côté de la fiction caractéristique du roman noir, se présente une véritable enquête journalistique. La virtuosité est là, un électrochoc permettant de questionner l’arrière plan d’un eldorado américain, vanté depuis des décennies, dominé maintenant par un complexe militaro-industriel tout puissant, avec des mafias toujours plus puissantes dans les pays dévastés par la guerre.
L’histoire est addictive et si je n’ai pas eu vraiment d’empathie pour les personnages, j’étais pressé d’aller au bout d’une lecture dont la fin est plutôt jubilatoire, avec enfin un peu de lumière !
Chronique avec composition photo et illustration musicale sur blog Clesbibliofeel.
"Confession japonaise" est un livre qui transporte dans un monde mystérieux et énigmatique. Dès les premières pages, l'élégance de l'écriture de Sébastien Raizer et sa profonde connaissance de la culture japonaise, de sa mythologie et de son folklore font mouche.
L'histoire suit Tetsuo, un survivant du tremblement de terre de Kobe en 1995, alors qu'il tente de donner un sens à sa vie, marquée par la perte. le récit oscille habilement entre réalité et imagination, créant une atmosphère envoûtante où l'on ne sait jamais vraiment où se situe la frontière entre les deux. Est-il lui-même qui il pense être au moment où il pense l'être ou est il en train de le rêver… ? Je ne vous ai pas perdu ? ^^
J'ai été marqué par la quête existentielle de Tetsuo tout au long du livre. On ressent sa recherche constante de sens, sa fascination pour le monde des esprits et son exploration de la sensualité féminine. Les moments d'incertitude et de confusion du personnage reflètent la complexité de sa pensée, mais le rendent aussi très humain.
L'histoire se déroule principalement dans la ville de Kyoto, qui est décrite avec une telle précision et une telle richesse que j'ai eue l'impression de marcher dans ses rues et de ressentir l'atmosphère mystique qui y règne. le récit m'a également offert un aperçu de la vie quotidienne au Japon moderne, ce qui ajoutait une dimension authentique à l'histoire.
Bien que le livre soit étiqueté comme comportant des éléments érotiques, j'ai trouvé que les allusions subtiles et poétiques à la sensualité étaient plus suggestives qu'explicites, ce qui contribuait à l'atmosphère mystérieuse de l'histoire.
Malgré tout, j'en ressors mitigé, car comme je l'ai pointé plus haut avec humour (j'espère ^^), j'ai été un peu perdu dans cette atmosphère par moment, tournant les pages et ayant l'impression de me répéter dans la lecture. J'ai eu du mal à rester totalement immergée dans l'histoire, moi qui d'habitude aime me laisser surprendre, ici, j'ai eu du mal à garder le fil d’Ariane en main…
En bref : "Confession japonaise" est un livre au style poétique. Son exploration de la psyché humaine et sa riche immersion dans la culture japonaise sont ses points forts. Malgré tout, il m'a manqué quelques fois de quoi me raccrocher à la réalité de l'histoire. Lecture toutefois très intéressante !
Le vol MU 729 a quitté Shanghai pour rejoindre Kyoto. Le vol va entrer en collision avec un missile balistique nord-coréen. A l’intérieur, le personnel naviguant et les passagers. Il ne leur reste que 3 minutes et 7 secondes pour donner un sens à ces derniers instants.
Et voilà. Sebastien signe un court roman original. Anticonformiste. Une nouvelle fois, comme par le passé avec sa trilogie des Équinoxes, du hasard, nait l’alignement parfait. Celui de plusieurs facteurs, un retard au décollage, un typhon qui s’approche de la côté japonaise, un commandant de bord qui change sa route pour conserver son avancement et un missile. Pourtant rien n’est du au hasard. Comme le commandant de bord qui porte le véritable prénom de Mishima, Hiraoka.
Le lecteur est jeté dans un ralenti. Comme le vivent les personnages, le commandant de bord, Nomura, son second, Sagawa, et le personnel naviguant (2 stewards et 2 hôtesses) et 2 passagers, Glenn Wang, concepteur de jeux vidéo, et Yan van Welde, photographe professionnel, chaque voyage est d’abord un voyage en soi.
Dans ces derniers moments, l’acuité et la folie semblent éliminer les frontières. Chaque personnage interprète des sentiments qui lui sont propres. L’un voudra voir l’amour brut, l’autre puisera son équilibre dans la réalité virtuelle, un autre regrettera que personne ne pourra lire les notes qui auraient dues accompagner ses images et un autre y trouvera l’occasion de célébrer ce qui est à ses yeux le sacrifice suprême. En cela, durant ces 3 minutes fatidiques, ils ne jouent d’aucune panique. Pourtant, cette carlingue du Boeing devient le lieu d’un huis-clos parfait, où se mêle avec virtuosité la peur et la colère, les regrets et le déni. 3 minutes 7 secondes, pourrait être une tragédie tant ce court roman ramènent les personnages à leur racines, à ce qu’ils sont au plus profond d’eux-mêmes. Mais c’est bien plus. De l’obscurité nait la lumière.
Sebastien, en une centaine de pages, pose savamment ses mots, comme un archétype parfaitement codifié de la philosophie Zen. C’est captivant.
Naître un instant T. Mourir à un instant T + x. Entre les deux, vivre. C’est aussi simple que cela. On accepte comme allant de soi le premier événement tandis qu’on nie de toutes nos forces le second. Toute l’incapacité de vivre vient de là. Vivre, c’est d’abord accepter de mourir. 3mn, 7s. Le temps n’a d’importance que ce que l’on en fait.
Il est des romans où le moment de la lecture a de l’importance. Où il faut savoir être en accord avec le livre. Avec Minuit à Contre-Jour, paru l’année dernière, Gallimard shoote dans sa collection Série Noire pour nous servir un très grand thriller. Il m’a fallu attendre pour être mûr, pour être apte à le déguster comme on savoure un grand cru.
Car Minuit à Contre-Jour clôt un triptyque hors du commun. C’est un nouveau souffle sur le roman noir. Ambitieux et glaçant. C’est sans aucun doute, le tome le plus abouti pour ce qui est de l’écriture. Et Dieu sait que mon attente était forte. C’est sans conteste pour cela que cette chronique sera plus longue qu’habituellement.
S’il est du tempérament inné de l’homme de vouloir dominer la Nature plutôt que d’être dominé, nous évoluons dans un monde fait de perception et parfois d’illusion. Et nous ne voulons voir que ce qui nous sied…
Pour entrer dans l’univers de Sébastien Raizer, il faut à mon sens commencer par le début. Il s’agit d’un véritable parcours quasi initiatique. La lecture de Minuit à Contre-Jour est exigeante, car ce roman est empreint de mythologie et bien entendu d’une belle once de philosophie japonaise [je vous renvoie par ailleurs au Petit éloge du zen du même Sébastien]. Au-delà de cela, ce thriller pose une œuvre forte tournant au de l’humanité et de l’inclinaison qu’a l’homme à se détruire. La technologie devient alors un médium pour atteindre son écroulement, pour accélérer sa dislocation. A travers l’intelligence artificielle, les nanotechs, la société reprogramme sa politique, engendre des antagonismes sociétaux, des mouvements sociaux. Aussi, L’alignement des équinoxes et Sagittarius sont à lire préalablement pour comprendre, pour s’immerger dans les voies prises par Wolf, Silver, Diane et Karen. C’est impératif sans quoi le lecteur sera désorienté plus que de raison.
Lecteur, boucle ta ceinture ! Cale-toi dans ton fauteuil ! Il est grand temps de charger ton Desert Eagle. Garde-le à portée de main. Face à toi, il y a du lourd ! L’auteur est sans pitié. Quand on pénètre dans une trilogie pareille, on n’en ressort pas indemne.
Revenons brièvement à la situation de départ. Hors de question de déflorer l’histoire mais il faut tout de même faire le point sur le gang paradoxal dans sa quête sur la neurotoxique créée par la Vipère. Le gang a littéralement explosé. Linh Schmidt, alias Silver est pilotée par le commissaire Lacroix / BigJim - toujours obsédé par l’idée de récupérer une neurotoxine hallucinogène jouant que les perceptions sensorielles - sur une enquête qui implique un groupe radical. Cela l’amène à un site listant des personnalités à abattre créé par Antoine Marquez, le théoricien du chaos social, Shoot To Kill. Si Silver progresse tant bien que mal, aux côtés de Liwayway, le souvenir de la fillette qu’elle était, de son côté, Wolf / Luc Hackman, son alter ego et coéquipier, est plongé dans un coma profond suite à une overdose de la neurotoxine. Wolf est perdu dans un univers fait de néant, baladé au son des mélodies de l’alignement des équinoxes. Pour aller jusqu’au bout, comme Wolf, Silver va devoir progresser plus encore dans les mondes interlopes car la vipère, Diane - son archange noire, Karen - la fille samouraï, ont poussé les frontières de la réalité vers un monde de silicium. Pas la peine d’en dire davantage ; le reste c’est à prendre dans tes mirettes. Il te revient, lecteur de choisir ou non de plonger.
Dit comme cela, Minuit à Contre-Jour fait frémir. Mais le jeu en vaut la chandelle.
Je me répète pour ceux qui ont lu mes précédentes chroniques, mais on touche du doigt des univers variés mais concomitants. Ceux de William S. Burroughs à travers ses romans hallucinés, Philip K. Dick, seigneur es-science-fiction, uchronie et anticipation et Maurice G. Dantec, concepteur d’un cyber-polar. Je l’avais déjà écrit. Je persiste et signe des deux mains.
Au fait, pourquoi diable Sébastien Raizer n’a pas de lettre intercalée entre son nom et son prénom ??
Avec les deux premiers opus, le lecteur que je suis a appris le lâché-prise, à me faire porter par les mots, l’histoire et le parcours des héros. Pourtant je suis à nouveau secoué par Sébastien Raizer qui me perd, non qui m’emmène sur des voies parallèles. Il y prend un malin plaisir. Là on je cherche la symétrie, l’harmonie, il livre un terreau en forme de capharnaüm. Pourtant je me laisse porter dans ce chaos ordonné, qui autour de moi, voit la montée d’une société arrangée, harmonisée ( ?) et régentée par la science, se trouve des thèmes comme la manipulation mentale, les notions de réalité et quelques théories du complot. En d’autres termes, une terrifiante idée de la virtualité. La prochaine évolution de l’humanité ?
Bref Minuit à Contre-Jour est un thriller qui transcende la réalité, certains diraient trans-réaliste. On y oscille entre deux mondes au gré de quelques inclinaisons cyber-punk. Les vérités se méritent. Elles sont dissimulées. Pour les voir, il convient de se laisser porter et de suivre Silver et Wolf. Il me faut les voir se déconstruire pour se re-bâtir une vision pure, pour regarder derrière l’image. Je deviens un lecteur soumis aux effets de la neurotoxique.
Minuit à Contre-Jour transcende le royaume des apparences. C’est joyeusement perturbant. Deux réalités s’associent. Les suggestions foisonnent. Seul le poète est capable de déchirer les mystères du monde. Et pour se faire, il lui faut rompre avec les certitudes de notre monde.
Mais si j’évoque ici le symbolisme qui a toute sa place dans cet ouvrage, il ne faut pas oublier ce qui construit un roman noir. Ce thriller est fort, vigoureux. Il a sa dose d’adrénaline. Ça castagne dur, ça se court après. Les flingues sont chargés à bloc. C’est violent et mis en musique par une bande son qui a toujours son importance. Elle grince parfois et distille des rifts de métal et des mélopées au gré des pages.
Les personnages sont plus marqués. Raizer dessine leur psychologie, il la grave en profondeur. On s’y attache vraiment. Mais la force vient aussi de la qualité d’écriture. Par-delà l’histoire de ce triptyque, les mots, la phraséologie de Sébastien aspire littéralement le lecteur. Cela se dévore avec une vraie jouissance.
Rares sont les romans qui troublent mes sensations. Sébastien donne un coup de fouet au roman noir. Il le hisse à un niveau rarement atteint ces derniers temps. Offrir au lecteur de regarder derrière le réel. Appelle cela lever le voile, transcender, ou bien prendre du recul. De toute manière, c’est bien d’une projection dans une analyse sans concession de l’humanité et de sa vision occidentale de ses évolutions sociale et technologique affamées, qu’il s’agit.
Et cela est aussi terrifiant que bon.
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