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... J'ai décidé de vous parler du dernier livre de René Girard, académicien et anthropologue de renommée internationale qui vient de faire paraître son dernier livre Achever Clausewitz chez un nouvel éditeur. Achever Clausewitz, il s'agit d'un livre d'entretiens avec Benoît Chantre, directeur éditorial des éditions Carnets nord dont il faut tout de suite reconnaître les qualité en passant parce que les questions sont pertinentes et l'art de relancer René Girard est bien là ; c'est assez rare pour un livre d'entretiens, et ça fait une bonne partie de la force de l'ouvrage à mon avis. Ce livre, c'est une analyse de l'histoire de l'Europe depuis deux siècles et plus particulièrement des relations franco-allemandes, avec comme outil d'analyse un traité, le traité De la guerre de Carl von Clausewitz - d'où le nom de l'ouvrage -, stratège prussien contemporain de Napoléon Bonaparte. Cette relecture du traité de Clausewitz par Girard est l'occasion pour lui d'achever son analyse en perspective d'avenir pour l'Europe, et cela en revenant et en prolongeant sa réflexion sur le désir mimétique à la source tout à la fois de la culture et de la violence des hommes, ce qui l'a taraudé depuis le début de ses oeuvres. Un avenir de l'Europe à la fois sombre et lumineux, sur un arrière-fond d'apocalypse, sombre parce que Girard entrevoit une inéluctable montée aux extrêmes de la violence, pour reprendre une expression qu'il tient de Clausewitz, et puis lumineux parce qu'il correspond également à l'achèvement de l'histoire et à la révélation de la vérité de l'homme et de Dieu. Girard voit dans ce livre, à travers tout ce livre plutôt, une accélération de l'histoire depuis deux siècles, qui conduit vers l'apocalypse au sens biblique du terme. Achever Clausewitz, en fait, c'est un livre passionnant parce que d'une grande culture et où les poètes autant que les philosophes sont rapatriés pour faire avancer sa réflexion et puis pour témoigner de la justesse de son analyse. On y croisera avec plaisir des personnages aussi divers que Hegel, Hölderlin, grands poètes qu'il voit plus chrétiens à la fin de sa vie contrairement à beaucoup, madame de Staël, Pascal, Péguy, Bergson ou même Benoît XVI, et j'en passe, pour ne citer que ceux-là, le tout dans une mise en perspective assez saisissante du développement des conflits en Europe, aussi bien au niveau politique mais surtout anthropologique. Alors pour finir et pour ceux qui auraient eu la bonne idée de lire ses précédents ouvrages, eh bien, ce dernier livre de René Girard est d'autant plus important qu'il a aussi la couleur d'un testament, comme si l'auteur voulait nous léguer les développements ultimes de sa théorie du désir mimétique pour que, à notre tour, nous entrions dans l'urgence d'une prise de conscience, comme il le dit lui-même, afin que nous devenions capables de comprendre ce qui doit arriver. «L'apocalypse est déjà en marche», dit-il. Achever Clausewitz, un livre grave mais indispensable pour décrypter ce qui mine nos sociétés modernes...
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