"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Et de 4 !
C’est sous le pseudonyme de Gontran Lenoir que Regis Messac va écrire entre 1928 et 1936 quatre romans policiers.
Celui qui fut le premier à théoriser le genre et que l’on a un peu oublié est aujourd’hui réhabilité par le formidable travail de La Grange batelière.
Avec Cinis in cinerem, la maison d’édition termine le cycle.
Tout débute par la découverte du corps d’une jeune femme par deux étudiants en médecine une nuit de fête. Une morte qui va s’avérer pas morte du tout…
L’enquête qui suivra va mélanger interprétation des rêves, plongée dans les cercles spirites et road movie à travers la France.
Un roman qui oscille entre le désuet et le profondément moderne. L’auteur a cette idée totalement novatrice d’utiliser la technique de l’interprétation des rêves pour résoudre une énigme. Il mêle la médecine au surnaturel et nous offre un roman mi-policier mi-fantastique et surtout superbement populaire.
Deux mots sur Messac: Écrivain protéiforme, Régis Messac (1893-1945) est un personnage à la stature multiple : enseignant, romancier, journaliste, essayiste et militant pacifiste. Il reste traumatisé par l’absurdité meurtrière de la Première Guerre mondiale. Résistant, il est arrêté et déporté en Allemagne e n 1943 ; il est porté disparu en 1945.
Quinzinzinzili est un écrit en 1935 qui avait déjà compris que Hitler et le Japon, ça ne sentait pas bon pour la planète. Le narrateur, Gérard est un adulte qui enseigne comme précepteur. Au cours d'une visite de grotte, avec un groupe d'enfants, une catastrophe va se produire. Un super gaz a été inventé et utilisé ce qui anéantit toute vie sur Terre. Sauvée par leur présence au fond d'une grotte, l’humanité semble à présent réduite à un adulte et quelques enfants. Si la logique était de prendre la tête du groupe, Gérard prend un autre chemin et se donner le rôle d'observateur. Il va rester complètement à la marge et regarder ce que les enfants vont faire pour survivre, quel type de société ou de mode de fonctionnement ils vont adopté, comment va évoluer leur langage… Il est d'un défaitisme crasse et est persuadé que ce n’est pas avec ces enfants là que l'humanité va se reconstruire et survivre. Il n’arrête pas de répéter qu’il s’en contrefiche, ce donne un ton juste génial.
Juste un petit détail qui a piqué les yeux de la paléontologue que je suis. Un passage annonce un plésiosaure pour dire que non ce n’est pas ça mais un Triceratops avec une description qui ne colle pas avec un tricératops non plus, dommage bien essayé.
En résumé, on est sur une histoire post-apo racontée par un adulte qui n'en a plus rien à faire, qui attend juste la mort, en observant comment les enfants vont grandir en étant livré à eux-mêmes. Le résultat est drôle, hyper accessible niveau lecture et a plutôt bien vieilli pour un texte de 1935. C’est un récit court que je recommande chaudement tant le ton blasé donne un résultat surprenant.
Les éditions La Grange Batelière nous donnent l'occasion de remonter aux origines du polar français en éditant 3 romans de Régis Messac écrits il y a presque 100 ans.
Régis Messac fut romancier, journaliste, enseignant, essayiste, résistant et arrêté en 1943, disparu en déportation. Auteur d'une thèse célèbre sur les origines du roman policier, "Le detective novel et l'influence de la pensée scientifique" en 1929, il est considéré comme un précurseur écrivant dès 1939 les premiers essais de science-fiction.
Sont enfin édités trois de ses premiers romans, véritables feuilletons à énigme, trois récits d'enquête où la réflexion et la déduction sont célébrées en opposition aux révélations chères à Sherlock Holmes.
Entre Gaston Leroux et Maurice Leblanc, on retrouve un langage soigné au charme désuet et un rythme lent dans un récit ficelé où chaque avancée de l'enquête est confrontée aux faits, vérifiée et mise à mal pour permettre une résolution sans le moindre doute... une démarche quasi scientifique que l'auteur met en place pour moquer Conan Doyle et son détective.
Trois beaux livres, illustrés par l'arrière petite fille de l'auteur Alice Messac, et bientôt un quatrième avec la sortie de "Cinis in Cenerem" prévue fin janvier 2023. Encore une belle idée de cadeau de fin d'année pour les lecteurs de polar.
Les livres nous parviennent parfois de façon étrange. Celui-ci je l’ai reçu en service presse « sauvage ». C’est-à-dire que ne l’ai pas sollicité. Et pour cause. Je ne connaissais pas la maison d’édition et le nom de l’auteur me disait vaguement quelque chose. Il avait toutes les chances de se retrouver dans le bas de ma montagne à lire. Sauf que j’ai lu la quatrième de couv et que je me suis dit « ok c’est pour toi ».
Régis Messac (1893-1945) est considéré comme le premier spécialiste de la littérature policière et comme l’un des grands maîtres de la science-fiction française. Dans les années 20, il rédige sa thèse - le « Detective Novel » et l’influence de la pensée scientifique - considérée comme le livre historique sur l'origine du roman policier. Parallèlement à une carrière dans l’Education, Messac écrit beaucoup, en tant que journaliste, nouvelliste et romancier. Arrêté par les Allemands pour faits de résistance le 10 mai 1943, déporté Nacht und Nebel, il disparaît en Silésie à une date indéterminée.
C'est sous le nom de Gontran Lenoir que Messac publie « Le mystère de Monsieur Ernest », un nom dans la veine des Gaston Leroux et Maurice Leblanc. On retrouve donc dans cette enquête les ingrédients des classiques de la littérature policière.
Dans une petite ville de province, Monsieur Ernest est retrouvé noyé. Quelques jours plus tard, l’un des riches notables de la ville meurt à son tour. Or Monsieur Ernest était son héritier. Benoît Bandan, étudiant en droit en dilettante, et Georges de la Barèche, jeune bourgeois, vont mener l’enquête. Un duo un peu comme Holmes et Watson sauf que Bandan va à cours du récit s’atteler à démonter les déductions du célèbre détective. Ce roman est donc un mix entre classicisme du genre et étude critique de la narration policière. Un régal.
Et pour la petite histoire, la ville de province qui sert de modèle à la ville imaginaire dans laquelle se déroule l’histoire, c’est ma ville, Auch. Il n’y a donc pas de hasard. Ce livre devait atterrir entre mes mains.
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