"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Alors que Kiev et Odessa riment avec une triste actualité, ce roman de Philippe Lechermeier nous plonge dans un univers slave de magie et d'aventure. L'histoire, de facture assez classique, construit de beaux personnages et l'on se laisse prendre par ce premier tome d'un récit à rebondissements. Anja va-t-elle retrouver ses parents et son violon ? Pourquoi la mère de Pépina et Tchavolo a-t-elle disparu et comment communique-t-elle avec sa fille ? Qu'est-ce que le royaume de Maldoror ? D'où vient le pouvoir spécial de Piotr sur les insectes ? Y a-t-il un lien entre la grand-mère de Piotr et la mère de Pépina...
La trame politique et historique qui se tisse en arrière-plan ajoute à l'intérêt de ces aventures. Mais ce qui en fait toute l'originalité et le mystère, c'est le récit à la fois poétique et fantastique du voyage d'un personnage à la fois inattendu et fascinant qui fait trembler nos espérances et nos sensibilités à vif de lecteurs.
Et s’il n’y avait de meilleur guide vers les légendes fantastiques des mondes adolescents que l’ami de toujours qui, déjà, se tenait à vos côtés pour traverser ces contrées hostiles il y a…pff…mille ans peut-être ?
Je ne suis pas une habituée des romans « jeunesse », et, faute de temps, je n’y fais quelques rares incursions qu’en cas d’urgence extrême et malentendu amical : sortie tonitruante des Harry Potter, parution du nouveau Delphine Bertholon, dernière arrivée sur une Masse Critique Babelio…ou découverte de Philippe Lechermeier dans une partition romanesque toute nouvelle. Depuis son premier album, La valise, illustré par Christian Voltz, autant dire que son fan-club strasbourgeois, dont je suis, ne l’a pas lâché d’une rognure de gomme, s’extasiant sur ses Princesses oubliées ou inconnues, galopant après son Petit Poucet, semant ses Graines de Cabanes dans les yeux de toute une génération d’enfants, caracolant d’espièglerie en espièglerie sur les talons d’un Till rajeuni, révisant son catéchisme moribond dans sa lumineuse Bible. Le voilà qui grandit (un peu) et s’aventure, le mot est on ne peut mieux choisi, sur les terres sauvages et encore inexplorées du roman pour ados débutants, y pénétrant en vainqueur par la porte qu’il maîtrise le mieux, celle de la fantaisie et des légendes, de la poésie et de l’imagination débridée. Le voilà qui nous offre un Club des Cinq d’un genre nouveau, une poignée de personnages épars devenus un groupe, un vrai, une sorte d’équipe, une quasi-famille, en équilibre sur le fil instable qui sépare ou lie enfance et adolescence. Le voilà qui nous attache, le temps d’une trilogie, d’un voyage aux longs cours entre réel et imaginaire, entre grand et petit « h » d’une histoire pleine de remous et de rebondissements, aux tribulations d’Anja, Piotr, Pépina, Tchavolo et Jorn, issus d’univers différents mais tous traversés par la même ligne de vie, une ligne mélodique, magique, aventurière et ferroviaire que l’on suit avec ferveur tout au long des (élégantes !) 370 pages et que l’on quitte à regret en attendant la parution du tome suivant. Avec eux, on aura fui Kiev à bord d’une sublime locomotive pour échapper à de terrifiants Effaceurs et un mystérieux homme à moustaches, on aura poursuivi une quête pour sauver une grand-mère adorée et protéger un précieux violon, on aura dialogué avec des nuées d’insectes et des hordes d’animaux sauvages, on aura découvert l’amitié et le courage en partageant la musique et la route sous le vaste ciel d’Ukraine et de Russie avant que l’orage n’y gronde.
Pour moi, pourtant, rien n’était gagné d’avance, car, déstabilisée par le style direct et la langue d’une grande simplicité visant à emporter au plus vite l’adhésion de son jeune public lors des premiers chapitres, j’ai cru ne pas retrouver la plume poétique et rythmée à laquelle Philippe Lechermeier nous avait habitués. Puis, vinrent ces quelques premières pages en italique, marquant l’arrivée d’un personnage dont je tairai le nom, vint ce moment où, telle une locomotive atteignant sa pleine puissance, tel un orchestre trouvant son souffle commun, l’écriture attendue reprit ses aises et m’emporta. Me voilà prise au piège de la légende de Maldoror, me voilà de retour en terre d’enfance. Je sais que c’est pas vrai, mais j’ai dix ans…merci Philippe !
Début du 20ème siècle. En gare de Kiev, Anja rate le train qui doit la ramener à Vienne avec ses parents. Fuyant un mystérieux moustachu qui cherche à lui dérober son précieux violon, l'adolescente erre dans les rues de Kiev.
Piotr quitte la ferme familiale pour fuir un père violent et chercher des médicaments pour sa grand-mère. Le garçon a un don fabuleux : il sait se faire comprendre et obéir par les insectes.
Les deux adolescents se rencontrent par hasard et s'engagent dans un long périple qui les mènera à Vienne, à Odessa puis jusqu'en Sibérie, la petite troupe s'étoffant progressivement en tentant d'échapper à d'étranges poursuivants...
Pour son premier roman, Philippe Lechermeier nous propose une aventure dans le grand est européen, pimentée d'un zeste de magie et d'une bonne dose de musique tzigane. Pour vous faire une idée, imaginez une petite bande d'enfants lâchée dans un western américain et soumise à la magie des shaman indiens...
Comme le dit l'auteur, les détails de l'aventure (l'histoire, la géographie, ...) sont plausibles sans chercher à être totalement réalistes. On se laisse embarquer sereinement par un récit très construit, ancré dans le réel mais saupoudré de surnaturel...
Les personnages principaux, qui apparaissent progressivement, sont essentiellement des enfants aux caractères très différents, mais qui trouvent leur force dans leur complémentarité. On a parfois peur pour eux, mais on sent qu'ils se sortiront de tous les guets-apens. Les adultes ne sont généralement pas présentés sous leur meilleur jour...
C'est bien écrit, très lisible. On retrouve le savoir-faire du scénariste de BD dans l'enchaînement très dynamique des scènes.
L'univers du livre n'est pas de ceux que je recherche habituellement, mais je me suis laissé conquérir avec plaisir.
Merci à Babelio et Flammarion de m'avoir fait découvrir le roman et l'auteur.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2022/03/25/maldoror-tome-1-les-enfants-de-la-legende-philippe-lechermeier-flammarion-jeunesse-une-fiction-bien-construite/
Que le temps passe vite ! Voilà que depuis Halloween, nous voilà (presque) engagés dans la période de l’Avent. Un mois que je n’ai pas vue passer, avec de nombreuses occupations (maintenant que j’ai un jardin, mes livres doivent partager mon temps libre avec mes nouvelles résidentes Mesdames les Plantes). Est arrivé dans ma boîte aux lettres ce beau livre illustré. Je remercie Babelio et Seuil Jeunesse pour cet envoi, qui m’a plongée en enfance, de l’ouverture du paquet jusqu’à la lecture du dernier conte. A partir d’aujourd’hui, et jusqu’à Noël, je vous présenterai des idées cadeaux, à glisser sous le sapin, et ce livre a toute sa place sous n’importe quel sapin, que vous ayez ou non des enfants… A la fin de cette chronique, retrouvez un paragraphe spécial : pourquoi offrir ce livre à Noël, et à qui ?
Un résumé est compliqué pour ce recueil de contes, mais sa démarche est singulière. L’auteur est parti des illustrations de Christian Roux. Pour chacune des images présentes dans ce livre, il a décidé qu’elle illustrait soit le début, soit un évènement, soit la chute d’une histoire. Les thèmes sont variés, autour de l’enfance et de la construction de soi. Des jouets personnifiés aux incroyables monstres de l’imaginaire enfantin qui prennent vie, chaque conte trouvera sa propre résonnance en fonction du vécu du lecteur.
Pourquoi offrir ce livre à Noël, et à qui ? Les illustrations sont belles, tantôt très concrètes, tantôt plus poétiques. Les histoires imaginées autour de ces illustrations présentent plusieurs niveaux de lecture. Aussi, ce livre est à offrir à tous ceux que vous aimez ! Les plus petits découvriront des histoires de leur temps, alors qu’ils jouent avec leurs jouets et leur prêtent des caractère humains. Les adolescents réfléchiront sur cette période de l’enfance, et au fait de grandir et de renier cette part d’enfant. Les adultes quant à eux, seront touchés, éprouvant une certaine nostalgie pour cette période, se remémorant les souvenirs heureux, en regardant – peut-être sont-ils encore là – leur(s) doudou(s) fétiches, l’amour de leur vie, comme les qualifie l’auteur du livre.
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