"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une superbe couverture avec une mobylette et une superbe fumée arrière, un titre intriguant m'a incité à lire ce texte. L'éditeur nous parle d'un roman contrapontique, qui est à l'image du contrepoint superpose des lignes mélodiques distinctes : le roman contrapontique superpose des histoires distinctes.
Dans un petit village de la Drôme, on fête la fin des vendanges. Parmi la joyeuse assemblée, un homme attire les regards, les attentions et les convoitises. Ses cheveux blonds et son magnétisme lui ont valu un surnom : Brian, comme Brian Jones, le guitariste mythique des Rolling Stones. Alors que l'orage gronde, il enfourche sa mobylette bleue, une Motobécane AV88 à l'ancienne, et s'éclipse.
L'auteur va alors nous entraîner dans les routes de la campagne de la Drôme provençal ; nous allons rencontrer donc Brian, qui travaille comme saisonnier, qui vivote et qui se balade avec sa mobylette bleue, Sined, journaliste qui est en reportage, pour un journal de gauche, amoureux du Nouveau roman, Mauricette, la jeune épouse du propriétaire des vignes, Robert.
J'ai apprécié rencontrer tous ses personnages et monter sur la mobylette bleue, le long des routes de la campagne. J'ai aimé cette façon de nous raconter ses personnages, les uns après les autres.
Beaucoup de références littéraires, le long des pages, une bande son rock, des références à notre époque. Il y a de belles pages sur la littérature, les écrivains de la Côte Ouest, des auteurs de la beat génération, les littératures des Hussards, et du nouveau roman.
Il y a de la tendresse, de l'humour dans la description des différents personnages et les situations qu'ils vivent, les fins de soirées, les nuits d'orage sur les petites routes.
Une lecture plaisante, sur une mobylette bleue en bande son du rock.
#LesombresdesMohicans #NetGalleyFrance
Un roman lu grâce à Masse Critique de Babelio et aux Editions du Rocher. Grands mercis à eux !
Le chemin que prend Pierre Chaunier après sa rupture avec Géa est mouillé de larmes jamais versées et d'alcool avalé en compagnie de son copain Depard. La soixantaine, un métier que l'arrivée des nouvelles technologies rend pénible, un coeur cabossé par des histoires d'amour du genre de celles qui finissent mal en général, le défilé incessant des fantômes du passé... la vie de Pierre semble avoir perdu ses couleurs éclatantes pour nimber le présent de teintes grises et sépia. Mais les copains farfelus, la Pucelle, cette bière du pays qui fait apparaître de longues dames brunes, la pêche dans les rivières qui s'étirent au petit matin, les sortilèges d'une silhouette qui s'évanouit dans la nuit, et surtout l'énergie de la vie chevillée au coeur préservent le journaliste de l'irréversibilité du temps. Derrière les amas de betteraves et les briques des églises fortifiées, il découvre un journal qui n'a pas encore cédé aux sirènes de la technologie. D'inaugurations en commémorations, d'apéritifs en vins d'honneur, les articles qu'il doit rédiger le conduisent aux confins de la campagne picarde et d'une alcoolémie de plus en plus galopante. Une cure de désintoxication s'impose. Mais la clinique choisie se révèle aussi extravagante que la crise de delirium la plus débridée. Pierre Chaunier gardera-il l'esprit et le coeur suffisamment clairs pour prendre le risque de souffrir à nouveau ?
Il est bien émouvant et attachant ce nouveau roman de Philippe Lacoche. La mélancolie affleure toujours mais elle est revêtue d'éclats de rires vivifiants et d'une vigueur généreuse. Ce portrait d'un homme qui, avec superbe, lutte pied-à-pied contre le temps et la mort, a quelque chose d'infiniment touchant et revigorant. La belle écriture nous emmène sur les chemins buissonniers de l'existence, là où s'entrevoit la fragilité des êtres mais aussi leur fougue, leur lucidité et leur incorrigible idéalisme. Cet art de la fugue que Philippe Lacoche sait mettre en mots de si vivante et si poétique manière.
Quand j'ai reçu le mail des Éditions du Rocher, je me suis dit que ce roman pouvait me plaire mais aussi me correspondre sur plusieurs points, et notamment concernant le ras le bol des nouvelles technologies. Effectivement, notre cher Pierre Chaunier est au bout du rouleau, il n'en peut plus de ce logiciel informatique de mise en page du Journal qui lui en fait voir de toutes les couleurs. Il rêve d'un retour dans le passé option machine à écrire et encre sur les doigts. Et miracle, son rêve va se réaliser ! Bon, je ne suis pas aussi radicale et aussi nostalgique que lui (je suis aussi plus jeune), mais c'est un sentiment que je peux tout à fait comprendre. Et donc, lors de ses réflexions, de ses énervements contre la société de consommation, mais aussi lors de ses envies d'un recul en arrière, j'ai facilement pu m'attacher au personnage, d'une certaine manière.
Mais Pierre Chaunier boit aussi, beaucoup, et je suis presque tombée dans un coma éthylique à sa place lors de ma lecture. Et j'avoue avoir un peu de mal avec cela, tout comme je suis écœurée de voir fumer intensivement un acteur dans un film... Toutefois, ses relations sincères en amitié m'ont touchée, même si elles se déroulent quasiment constamment dans un bar (ou dans une sorte de Centre de désintoxication loufoque).
C'est la France rurale au temps des copains, c'est le café du coin, ce sont les souvenirs des Trente Glorieuses, époque regrettée en plein libéralisme, c'est le quotidien antédiluvien de quelques personnages fragilisés par la vie que nous offre à lire Philippe Lacoche.
Il y aussi cette apparition féminine, l'Orangée de Mars, celle qui restera présente au fil des chapitres et qui apporte un petit côté mystique au récit. On se demande si Pierre Chaunier va réellement rencontrer la belle brune un jour, s'il on va finir par assister à un happy end ou non. Mais attention, pas de romantisme ici ! Notre jeune senior, malgré ses rêves de l'apparition flamboyante, ne va pas se gêner à succomber aux conquêtes d'un soir. Alors on se demande bien comment ce personnage fragile, en proie aux vices, va bien pouvoir s'en dépêtrer, et s'il en a réellement envie d'ailleurs, ou le courage.
C'est un roman qui se lit facilement et qui réserve de belles surprises dans son écriture, mais je n'ai pas été transcendée par son histoire. J'ai eu envie de secouer le personnage principal à plusieurs reprises, de le faire revenir à la vie si je puis dire. L'ambiance est quand même très nostalgique et alcoolisée et j'en ressors avec une pointe de déprime, en exagérant un peu. Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas le genre de roman qui fait du bien, voyez-vous. Même s'il n'est pas dans la négativité ou la noirceur la plus totale, j'en garde un petit goût de désillusion et de mélancolie. Je suis donc ravie d'avoir pu découvrir cet auteur dont la plume directe mais toutefois emprunte d'une certaine poésie m'a plu. Mais je reste un peu sur ma faim.
Ma chronique sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2017/08/01/lecture-le-chemin-des-fugues-de-philippe-lacoche-rentree-litteraire-2017/
Pierre Chaunier attend Géa qui doit rentrer de Paris. Dans la maison achetée par le couple, il guette le retour de la jeune femme, sa compagne depuis six ans, qui, à son arrivée, lui annonce brutalement qu'elle le quitte pour un autre. Un étrange décompte commence alors pour Pierre, un décompte de 24 heures aux cours desquelles il erre au rebours du présent et égrène les souvenirs de ces six années. Colère, incompréhension, refus, déni, marchandage... les réactions de Pierre se lisent comme les étapes d'une perte, d'un deuil qui est à la fois celui d'un amour, celui d'une femme et celui de sa jeunesse. En faisant émerger les souvenirs qui jalonnent leurs six années d'amour, il discerne les fêlures qui, peu à peu, ont fragilisé leur complicité. Ce n'est finalement pas vraiment à convaincre Géa que Pierre consacrera ces 24 heures, mais plutôt à reconquérir un temps qui lui est devenu ennemi, à l'avance étranger puisque vécu sans Elle.
Malgré l'exergue et le clin d'oeil du titre, c'est moins Stefan Zweig que René Fallet qu'évoque,pour moi, ce roman de Philippe Lacoche, le René Fallet de "L'Angevine" qui trouvait dans l'amour fou un moyen d'échapper à la mort et qui exposait et explosait son chagrin dans ses romans de la "veine whisky". Il y a davantage de retenue pour parler d'amour chez Philippe Lacoche. Les cris, le sang et les larmes sont évoqués de manière plus feutrée, comme étouffés par le "tic-tac" omniprésent du temps assassin. Mais sous la mélancolie circule un élan vital, l'urgence de vivre et d'aimer.
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