"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Don Ramire doit enlever Isabel, c’est quasiment un ordre de cette dernière qui se méfie de son époux récemment libéré de haute lutte des geôles royales. En effet, Medina Celi voudrait voir Isabel épouser Don Juan Palomas, ce que son épouse de haute noblesse considère comme une mésalliance. Le roi fait proclamer l’interdiction de séjour dans la ville de Séville à tous les mendiants, miséreux et autres parias qui l’encombrent, ce qui provoque une violente révolte attisée par le sombre Pedro Gil, mais rapidement maîtrisée grâce à une intervention double de Medina Celi. Mais l’enlèvement d’Isabel par Ramire est vouée à l’échec. Les deux amoureux tombent dans un guet-apens organisé par Moncade et le comte-duc. Attaqué par une vingtaine de spadassins, Ramire a beau se battre comme un lion, il ne parvient ni à s’échapper ni à sauver sa belle. Il succombe sous le nombre et tombe sous la coupe du sinistre Moghrab. La partie est-elle perdue ?
« La maison de Pilate » est la suite du « Roi des gueux ». L’ensemble représente un roman-fleuve de cape et d’épée d’environ 1300 pages. Autant le premier tome démarrait sur les chapeaux de roues, autant le second ralentit et donne parfois un peu l’impression de tirer à la ligne. Longues descriptions, longues interrogations, reprises des épisodes précédents et tirades un brin indigestes. On trouve encore quelques belles batailles et quelques actes de bravoure chevaleresque. Cependant l’accent est un peu trop mis sur le côté sentimental. Les amours contrariées de Ramire et Moncade, les changements de partenaires et les romances déçues. De plus, le comte a un sosie qui n’est autre que le roi des gueux. Soliman, Moghrab et Hussein le noir ne sont en fait qu’une seule et même personne, ce qui embrouille un brin le lecteur qui peut aisément se perdre dans les personnages. Féval use et abuse un peu de ce procédé rocambolesque assez peu vraisemblable. Conclusion : pas le meilleur titre du grand Paul Féval.
En 1641, Philippe IV, roi d’Espagne, voit son royaume se réduire comme peau de chagrin. Il a déjà perdu le Portugal et laissé une grande partie de la Catalogne à Richelieu, sans vraiment réagir. Le peuple se moque de lui en disant que plus il perd de territoires, plus il est grand. Petit nobliau d'Estramadure le jeune Don Ramire est tombé amoureux d’Isabel, fille du duc de Medina Celi tombé en disgrâce en raison d’une accusation fausse de participation à un complot contre le roi. Depuis quinze ans le duc est enfermé dans une forteresse. Un certain Pedro Gil, âme damnée du favori de Philippe IV, organise son évasion, mais uniquement pour mieux le faire assassiner. Le jeune Don Ramire, n’écoutant que son courage, décide de voler au secours de celui qu’il espère voir un jour devenir son beau-père. Et voilà qu’à la taverne où il déjeune il apprend aussi qu’Isabel est promise à Don Juan Palomas, un grand d’Espagne, bâtard mais bien en cour, et aussi libertin notoire nullement pressé de convoler en justes noces…
« Le roi des gueux » est le premier tome d’un dyptique romanesque historique, moitié cape et épée, moitié romance comme on les aimait à la fin du XIXème siècle. Tous les éléments du roman d’aventures sont présents : un cadre historique intéressant, celui d’une Espagne qui rentre en décadence avec un souverain faible entouré de sorciers arabes et de favoris corrompus, une intrigue pleine de rebondissements avec dans ce premier volet une évasion spectaculaire au suspens à couper le souffle et tous ceux du roman sentimental également avec une histoire d’amour compliquée et contrariée voire impossible, sans oublier les traitrises, les coups fourrés en tous genres et les personnages qui sont tout autres que ce que le lecteur s’imagine. Le tout s’achève au moment où le suspens est à son comble. Don Ramire doit enlever Isabel pour lui éviter le mariage forcé. Il est soutenu par sa mère, mais s’est mis à dos le duc alors que ce dernier lui doit la vie. On a hâte de découvrir la suite et la fin. Encore un magnifique roman qui donne un grand plaisir de lecture autant pour le côté historique que pour les péripéties d’une histoire fort bien racontée.
Georgina, seconde épouse de Lord Montrath vient d’apprendre la fin tragique de la première, la malheureuse Jessy O'Brien emmurée dans un cul de basse fosse. Elle craint de subir un sort identique. Mary Wood, qui fut la camériste de Jessy, sait tout de cet horrible forfait. Et voilà que très bizarrement, elle est devenue fort riche et qu’elle mène la grande vie en faisant chanter Montrath. Lequel ne sait plus quoi faire pour se débarrasser d’elle alors qu’elle pourchasse le couple dans toutes les villes d’Europe où se déroule leur voyage de noces. De retour en Irlande, Georgina et son amie Frances Roberts, convaincues de l’innocence du vieux Miles Mac Diarmid tentent de décider Montrath à intervenir pour empêcher une terrible erreur judiciaire. En fait, Jessy n’est peut-être pas morte, ce qui signifie que le Lord qui vient juste de se remarier est de fait bigame. Pendant ce temps, les drames se succèdent. Les partisans irlandais inondent une loge orangiste secrète réunie dans un sous-sol de la ville de Galway. Une patrouille anglaise tombe dans une embuscade. Un ponton saboté s’effondre sous le poids des chevaux et la vase se charge de la suite. Un château est brûlé. L’héritière est frappée à mort d’une balle destinée à un autre…
« La quittance de minuit / Tome 2 » représente la suite et la fin d’un roman historique foisonnant et au suspens haletant. Les passions sont de plus en plus exacerbées. Et de tueries en attentats, on atteint au paroxysme, un grand drame final dans les flammes et les fumées toxiques. Les destins sont quasiment tous tragiques, les amours contrariées voire impossibles comme celles de Percy Mortimer le beau militaire anglais et d’Ellen l’héritière de la dynastie irlandaise déchue. Un seul couple en réchappe de justesse, mais au prix de combien de morts et de souffrance. Grandiose, épique, cet ouvrage ne se lit pas, il se dévore, même de nos jours, tant tout est parfaitement observé, soigneusement décrit, superbement raconté et dans une langue magnifique. Les personnages sont attachants autant pour leur côté courageux ou chevaleresque que pour leurs petitesses ou leurs travers. Quand on compare un ouvrage comme celui-ci, pourtant ne faisant pas partie des plus célèbres de l’auteur, avec la production actuelle, sa médiocrité, son manque de souffle et de panache n’en sont que plus tristement visibles.
Dans l’Irlande du XIXe siècle, le vieux Miles Mac Diarmid, pauvre mais respecté fermier de la région de Galway, vit dans sa misérable chaumière avec Jessy, sa fille adoptive, un petit valet et ses huit fils. Si lui est pacifiste et fidèle à la ligne de O'Connell, il n’en est pas de même de ses fils qui se sont tous enrôlés dans les rangs des « ribbonmen », ces résistants que l’occupant anglais considère comme des terroristes. Ils viennent d’incendier la ferme d’un middle-man (sorte de collabo de l’époque), Luke Neale, qui a été tué devant sa ferme. Un an plus tard, Miles se retrouve jeté en prison et accusé à tort du meurtre de Neale. De plus, Kate, la fille de Neale est aussi la femme d’Owen, un des fils Mac Diarmid, lesquels ne sont jamais pour rien dans toutes ces affaires. Natty, le cinquième des frères a d’ailleurs été tué par balle devant la ferme de Neale. Dans cette Irlande déchirée entre Orangistes protestants et Papistes catholiques, les passions sont exacerbées et les drames se succèdent. Le major britannique Percy Mortimer tente de garder une ligne médiane pour apaiser les tensions. Il sauve la vie de Morris, le meneur des Mac Diarmid, lequel lui en saura gré, alors que Jessy, fille adoptive de Miles, que Morris considère comme sa fiancée, est enlevée par Lord Georges Montrath. Sur la pression des Irlandais, le landlord anglais accepte d’effacer l’affront en l’épousant, mais ce n’est que pour mieux l’enfermer avant de la tuer…
« La quittance de minuit » est le premier tome d’un diptyque à la fois historique et dramatique. L’auteur nous plonge dans l’ambiance terrible d’une Irlande souffrant sous le joug anglais. La misère est partout présente, la haine de l’occupant également. Tout le peuple, réduit à une famine endémique et sciemment organisée pour l’affaiblir, se régale de quelques pommes de terre et va souvent pieds nus et en haillons. Les nobles irlandais comme le personnage d’Ellen ont été dépouillés de leurs biens au profit de riches Anglais comme Montrath qui disposent de propriétés immenses et pressurent les paysans réduits au statut d’esclaves. Ce personnage est particulièrement odieux, une sorte de Barbe-Bleue moderne. Sa seconde femme craint fort de subir le sort de la précédente. Par opposition, les justes ne manquent pas comme Miles le noble vieillard victime d’une erreur judiciaire qui tient de la machination, ou comme Mortimer qui finit par tomber dans une embuscade des partisans irlandais. Rien ne manque dans ce roman foisonnant et surtout pas les amours contrariés voire impossibles entre Anglais et Irlandais. L’intrigue est particulièrement bien menée, les rebondissements se succèdent. Le lecteur a hâte de dévorer le second tome pour savoir ce que deviennent tous ces destins tragiques. Tout le charme de l’ancien, malgré quelques descriptions un brin trop détaillées. Quel film formidable pourrait être tiré d’un tel ouvrage !
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