Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Ecrivain et auteur dramatique, Patrick Tudoret aime aussi à larguer les amarres et partir, au gré des chemins, se griser de temps, d’espace et de silence. Il rassemble ici les réflexions, intimes et érudites, nées de ses pérégrinations pédestres, autant d’occasions pour lui, comme pour son esprit, de battre la campagne dans le meilleur sens de l’expression.
« Il y a chez les marcheurs les hauturiers, les caboteurs et les insulaires. » Entre les marcheurs au long cours et volontiers de l’extrême, et ceux capables de s’évader en eux-mêmes en arpentant, concentrés, n’importe quel lieu, il y en a d’autres qui se contentent de s’échapper sur la pointe des pieds dès que l’occasion s’en présente. Patrick Tudoret est de ceux-là, ravis de mettre les pouces chaque fois que possible pour une parenthèse hors du temps et du tumulte ordinaire, et, « en marchant », de penser et de rêver, de contempler et de comprendre, de se connaître mieux et de se reconnecter à l’essentiel : le bonheur de sentir battre en soi le pouls de la vie en ressentant la profondeur d’un paysage. Ce que certains, comme l’auteur et ceux qui savent prier Dieu, nomment une « grâce », et Sylvain Tesson dans « Avec les fées », le « merveilleux ».
Dans ses déambulations qui prennent le temps de se donner le temps, de faire un pas de côté pour « redécouvrir le sens de l’horizon », de s’écarter des contingences dont on finit par oublier qu’elles nous font courir comme des poulets sans tête, l'auteur a le goût de l’authenticité et de l’émerveillement, d’une « lenteur orchestrée qui fait durer le temps » et, dans un mouvement plutôt que dans l’atteinte d’une destination, vous replace face à vous-même et au simple bonheur d’exister, vous « lustrant l’âme et l’esprit » en laissant décanter pensées et sentiments. Et puis, le plaisir intellectuel et l’amour de la littérature n’étant jamais loin, marcher s’avère une excellente dynamo pour la réflexion et pour la tension créatrice. Comme à son habitude minutieusement documenté, Patrick Tudoret double la randonnée d’une promenade littéraire fort érudite et intéressante qui, de Sénèque, Dante et Pétrarque à Amin Maalouf, Nicolas Bouvier et même Raymond Devos, en passant par Balzac, Hugo, Proust et bien d’autres, dessine une philosophie de vie étayée par mille références toutes aussi marquantes les unes que les autres.
Erudit et admirablement écrit, un petit livre dense et revigorant, à conserver en toute complicité dans sa besace de randonnée, qu’elle soit pédestre ou simplement littéraire, comme une petite boussole philosophique.
Arrivée au crépuscule de sa vie Juliette Drouet se remémore sa vie et surtout son grand amour pour Victor Hugo. Durant près de cinquante ans, celle qui était actrice, a en effet été la maîtresse du grand homme le suivant même dans son exil. Elle a partagé son succès, ses joies mais aussi ses douleurs et ses deuils et lui a apporté amour et réconfort.
C’est à la rencontre de cette femme que nous emmène Patrick Tudoret dans ce livre et cette histoire qui se raconte à la première personne. Au fil des souvenirs qui s’égrènent se dessine le portrait d’une grande amoureuse mais aussi d’une mère en deuil et d’une femme de caractère qui ne s’en laisse pas compter par son génial amant.
L’auteur a su donner à cette voix une véritable humanité. Très documenté, le récit reste pourtant très accessible et entre dans l’intimité de cette femme qui a su trouver sa place auprès d’un homme tout occupé de son œuvre et de ses engagements politiques, sans compter sa famille.
Si Juliette est toute dévouée à son « granthomme » elle n’en perd pas moins son sens de l’humour et sa grande élégance malgré les infidélités de l’écrivain. Sans doute a-t-elle beaucoup sacrifié à cette extraordinaire histoire d’amour, mais elle était pleinement consciente d’être aux côtés d’un homme d’exception et de vivre des moments uniques.
C’est un livre extrêmement agréable à lire qui explore l’intimité de Juliette mais aussi cet équilibre familial et amoureux qui ont sans doute permis à Victor Hugo d’être ce qu’il a été. C’est passionnant et la forme choisie donne beaucoup de vie à ses mémoires apocryphes.
Dix-neuf ans après la mort de l’empereur déchu sur l’île de Sainte-Hélène, la dépouille mortuaire de Napoléon 1er est finalement rapatriée en France pour être inhumée aux Invalides le 15 décembre 1840. Plus d’un million de personnes, soit l’équivalent de toute la population du Paris de l’époque, se masse le long de l’impressionnant cortège qui traverse la capitale transie par un froid sibérien. Ce jour-là, en ce qui sonne comme une ultime victoire de l’illustre exilé, s’achève en grande pompe l’extraordinaire expédition partie de Toulon près de six mois plus tôt pour assurer le « retour des Cendres », et s’ouvre l’éternité de la gloire et du mythe…
Imprégné d’une abondante et sérieuse documentation qui lui permet une totale exactitude historique, Patrick Tudoret réussit à nous immerger dans une narration aux allures de reportage sur le vif, qui, en investissant le regard de la population parisienne et en s’assortissant des commentaires des personnages de l’époque – politiques, peintres ou écrivains, en tête desquels l’intarissable Hugo, mais aussi Balzac, Gautier, Lamartine, Chateaubriand… -, crée la sensation de vivre de l’intérieur cette froide et grandiose journée de 1840. A la plongée au plus près des événements répond une mise en perspective historique qui éclaire toute leur portée. Destiné à redorer l’image de la Monarchie de Juillet, le retour des Cendres s’avère un échec politique pour le roi Louis-Philippe et le gouvernement d’Adolphe Thiers, mais un magistral dernier coup d’éclat pour un Napoléon définitivement entré dans la légende.
Tandis que l’intérêt du lecteur rebondit de page en page, au fil de détails qui n’en finissent pas de surprendre, affleure aussi l’émotion, celle qui étreint le peuple de Paris et, en particulier, les plus humbles des vétérans. Mais c’est aussi le sourire aux lèvres que, décidément séduit, le lecteur se délecte de ce texte plein d’humour et d’esprit.
Aussi passionnant qu’étonnant, parfois bouleversant mais souvent drôle, ce récit d’une grande exactitude historique et d’une érudition sans apprêt coule avec la fluidité d’un roman, nous laissant songeurs face à tant d’incroyable théâtralité de l’Histoire et d’imprévisible puissance des ressorts de la gloire. Coup de coeur.
Je voulais en savoir plus sur l'auteur du magnifique roman "Dominique" que j'avais lu dans ma jeunesse et qui m'avait bouleversée. J'ai découvert un homme très sensible, tellement d'ailleurs qu'il souffrait d'hyperesthésie. Comme si la sensibilité était une maladie au fond. Eugène Fromentin aimait les voyages, et c'est en Algérie qu'il a parcouru à plusieurs reprises qu'il a trouvé l'inspiration pour nombre de ses tableaux, car c'était un peintre aussi. On découvre d'autres peintres autour de lui, et son amitié avec George Sand, à qui il dédiera "Dominique". Un bon roman qui raconte Eugène Fromentin, une époque, le XIXème siècle, une région, la Charente Maritime et La Rochelle en particulier, sa ville de naissance. J'ai souvent comparé Fromentin à Proust, dans son style d'écriture, à la manière d'un peintre, qu'il était, contrairement à Proust. De belles citations de l'écrivain peintre ou peintre écrivain qu'il était jalonnent le récit de P Tudoret.
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