"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Olivier Sebban retrace avec Cendres blanches le destin peu commun d'une Basque contrainte à l'exil et qui va se retrouver à New York au cœur des trafics de la mafia, de la prohibition à la Seconde Guerre mondiale.
Ametza partage la vie des contrebandiers qui font passer les Pyrénées à des convois de plus en plus volumineux. Mais en ce jour d'hiver 1925, après avoir franchi la frontière de nuit, ils se font cueillir au petit matin par les douaniers.
La confrontation tant redoutée a alors lieu et le drame se noue en quelques secondes, causant la mort des trois douaniers et d'un contrebandier.
Deux ans plus tard, on retrouve Ametza sur un paquebot. Parti de Santander, elle a rejoint les Pays-Bas pour gagner les États-Unis. Une traversée difficile la conduit jusqu'à Ellis Island où un fonctionnaire peu scrupuleux lui remet une autorisation d'entrée sur le territoire au nom d'Emma. Ce sera dès lors sa nouvelle identité. À peine arrivée, elle est engagée par les Heidelberg, qui étaient à la tête de plusieurs restaurants «ravitaillés en scotch et en vin par le gang de Luciano». Logée dans leur immeuble érigé à la frontière du Lower East Side, elle avait en charge les enfants William et James, sept et neuf ans. Mais très vite, elle abandonna ce premier emploi pour suivre Saul Mendelssohn dans ses expéditions, lui servant notamment de chauffeur quand il partait récupérer les caisses de whisky de contrebande. Avec son amant, elle allait vite gagner du galon.
Olivier Sebban a choisi de construire son roman entre deux pôles, les contrebandiers à la frontière espagnole en 1925 avec l'attaque dans les montagnes, «la fuite et le déshonneur des lâches condamnés à demeurer dans le vestibule des enfers» et les contrebandiers de New York. Ametza devenue Emma lui servant de "fil rouge" entre les deux histoires qui vont mener de part et d'autre de l'Atlantique jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Le sang et les larmes venant se mêler à la montée des périls. Vengeance, convoitise, règlements de compte et exécutions venant ponctuer cette soif d'argent et de pouvoir. On voit la peur gagner du terrain autant que l'envie d'ordre et de sécurité.
De la guerre des gangs à la guerre civile espagnole, c'est à un voyage jonché de cadavres que nous convie Olivier Sebban dans ce roman dense, très documenté et qui n'oublie rien des bruits et des odeurs dans son souci de réalisme. Une page d’histoire portée par des personnages forts, que l’on garde longtemps en mémoire.
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Dans Cendres blanches, Olivier Sebban, auteur que je découvre et qui en est à son cinquième roman, m’a entraîné dans une histoire un peu folle, des deux côtés de l’océan Atlantique.
Pour commencer, l’auteur présente une galerie de personnages, de gangsters italo-américains, très intéressante, de ces hommes qui faisaient la loi, là-bas, dans la première partie du XXe siècle. Je croyais partir dans un roman consacré à la mafia alors que, après la scène de sexe du premier chapitre, je me retrouve dans un col des Pyrénées, près de la frontière espagnole, au Pays basque, en 1925.
Sont alors présentés les trois principaux protagonistes du roman : le contrebandier espagnol Edur Cruchada, le jeune Franck Echevarria et sa sœur Ametza. Ces deux derniers sont Français. Les événements dégénèrent quand trois douaniers surprennent les contrebandiers. Edur n’hésite pas et les abat mais cela déclenche un grave accident dont son neveu est la victime.
Cette scène et ses conséquences causent une brouille définitive entre le clan Edur et les Echevarria, Franck tentant alors de mener un trafic de mules pour son compte personnel.
Entre temps, en 1927, l’auteur conte la fuite d’Ametza, reniée par son père à la suite d’une fausse couche. Si elle est hébergée par une tante à Santander, celle-ci la chasse parce que son mari la courtise. Voilà pourquoi, après une traversée mouvementée, Ametza se retrouve à New York où l’employé du service d’immigration la baptise d’office Emma Evaria, son patronyme basque étant trop compliqué pour lui.
À partir de là, le roman alterne entre le Pays basque et New York où Emma séduit Saul Mendelssohn, jeune mafieux aux dents longues. Heureusement, elle lit beaucoup, apprend vite, sait bien conduire, ce qui lui sera très utile par la suite.
Quant à Franck, c’est en Espagne qu’il refait maintenant sa vie toujours dans des trafics rémunérateurs. Au passage, Olivier Sebban livre une séquence très forte dans les marais dont Franck échappe de justesse. Ce garçon est courageux, entreprenant et je m’attache à lui.
Par contre, à New York, c’est l’occasion de croiser les personnages présentés en ouverture du livre : Charlie Luciano, Meyer Lansky, Hymen… et les représentants de l’ancienne génération : Joe Masserio et Maranzano dont les jeunes veulent se débarrasser.
Je ne détaille pas tous les événements qui jalonnent un roman à l’écriture foisonnante. Olivier Sebban adore les phrases longues, presque sans fin. Surtout, il émaille son texte de mots rares qu’il prend plaisir à distiller. Ne voulant pas interrompre ma lecture, j’en ai noté un certain nombre pour chercher ensuite leur signification dans le dictionnaire, des mots comme phénakistiscope, hackamores, la cancha, leurs mérens, le chandoo, un shmock ou la rémittence et bien d’autres encore… Ainsi, je ressors moins bête de ma lecture…
J’ajoute simplement que Cendres blanches, sorte de saga familiale, m’a amené jusqu’à la Libération car Emma, devenue journaliste, couvre le débarquement des forces alliées en Normandie pour le New York Times.
Ce retour en France, on s’en doute, ne peut que la ramener sur les terres dont elle est originaire et lui permettre de faire le lien avec son passé. Entre temps, Franck et le sinistre Edur ont été plongés dans la guerre civile espagnole et les malheurs qu’elle a causés.
Cette grande fresque familiale et historique, mêlant contrebandiers basques et mafieux newyorkais, fait partie des romans sélectionnés pour le Prix Orange du Livre 2021. Je remercie Lecteurs.com et les éditions Rivages de m’avoir permis de plonger dans ces aventures jalonnées par beaucoup de misère, de souffrances et de vies brutalement abrégées.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Un western, ça vous dit ? J'ai quelque chose pour vous !
Dès le plus jeune âge, Ametza évolue dans le milieu de la mafia . Adulte, elle participe avec son frère, Franck, à des actions de contrebande. Si la première expédition permet de livrer les mules en nombre et à bon port, la seconde sera perturbée par l’intervention d’une bande rivale. Franck est gravement blessé. Elle, fait une fausse couche. Elle décide de prendre de la distance avec son environnement et s’exile aux Etats Unis. Passé le cap d’Ellis Island, elle devient gouvernante chez les Heidelberg, une famille honorable où elle s’occupe des deux jeunes garçons, William et James de 7 et 9 ans, mais son destin ne saurait la laisser en paix. Elle apprend à connaître la ville de New-York et son "underground", là où se côtoient les bandits de grand chemin. Une nouvelle vie commence... à moins que ça ne soit la précédente qui se poursuive !
Je remercie très sincèrement lecteurs.com et les éditions Rivages pour ce roman que je n’aurais sans doute pas lu s’il n’y avait eu ce concours.
A la lecture du roman « Cendres blanches », je me suis replongée dans l’univers des westerns que je regardais à la télévision quand j’étais enfant. Il n’y a, je crois, que les indiens qui ne soient pas représentés parce que, pour le reste, il y a tout, enfin je crois, à commencer par les gangsters, les malfaiteurs, les bandits, des hommes qui n’acceptent les femmes que pour les violer ou les utiliser dans leurs complots. Les mots sans âpres et sanglants. Il n’y a, à l’époque et dans cet univers, pas de place pour les lamentations. Si les affaires ne se passent pas comme prévu, on tue. Quant à la conservation des corps, bagatelle. Tous n’ont pas droit à leurs funérailles, loin s’en faut.
Olivier SEBBAN nous livre un véritable roman d’aventures. Le parcours d’Ametza, devenue Emma, est semé d’embûches, morbides et sanglantes certes, mais l’auteur réussit à nous captiver avec un itinéraire palpitant. Et puis, entre nous, c’est le personnage le plus droit, le plus loyal, le plus courageux, évoluant pourtant toujours en milieu hostile, qu’il s’agisse du climat, de la société... L’écrivain fait de cette femme l’héroïne du roman.
Et puis, l’écrivain restitue une fresque historique foisonnante sur une vingtaine d’années. Par le jeu de la fiction et d’un personnage, Ametza devenue Emman, Olivier SEBBAN réussit à créer un lien entre les deux rives de l’Atlantique, entre le vieux continent et le nouveau monde, depuis les rivalités franco-espagnoles dans le Pays Basque jusqu’à la seconde guerre mondiale, en passant par le krach boursier de 1929 et la guerre civile espagnole. Si le roman ne se déroule que sur une vingtaine d’années, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une période riche en événements, tristement célèbres.
Enfin, ce livre, c’est un roman d’atmosphère. Olivier SEBBAN réalise des descriptions d’orfèvre. Qu’il s’agisse de la nature, de décors... il écrit dans une langue quasi cinématographique.
Un ruisseau sec sinuait entre des plaques de roche sédimentaire quand ils quittèrent les sous-bois dans le dernier soleil dont l’éclat embrasait d’ocre un alpage et pénétrait à l’avant-garde d’une bouleraie. P. 121
Toutes les scènes ont défilé sous mes yeux dans leurs moindres détails. Je ne connaissais pas encore cette plume, je crois qu’elle mérite que l’on s’y attarde.
Olivier SEBBAN est en lice pour le Prix Orange du Livre. Que le meilleur gagne !
En préambule, des personnages : Charlie Lucky Luciano, Meyer Lansky, Arnold Rothstein, Nucky Thompson...
Autant de noms qui me renvoient immédiatement à Atlantic City. Je me retrouve en plein Boardwalk Empire, vous connaissez cette (fabuleuse) série ?
L'histoire commence en 1925, un voyage de contrebande entre la France et l'Espagne qui tourne mal, et voilà Franck et sa sœur Ametza contraints de prendre la fuite.
Pour Ametza, ce sera New-York, un prénom abandonné à Ellis Island et une nouvelle vie sur fond de Prohibition et règlements de comptes entre malfrats.
C'était la première fois que je lisais Olivier Sebban, et j'ai découvert une prose tourmentée, âpre et incisive ; de longues phrases et des chapitres courts ; un contraste certain entre le vocabulaire recherché et l'aspect sordide de certaines scènes ; de belles descriptions de nature et un rythme soutenu.
La facilité n'est pas de mise dans Cendres Blanches mais j'ai adhéré et apprécié ma lecture.
Et vous, vous laisserez-vous tenter ?
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