Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
La famille de Téo est originaire de l'Atacama, où l'on travaillait à extraire le salpêtre destiné à fertiliser les campagnes du monde entier mais qui tuaient ceux les travailleurs, jusqu'au jour où une explosion fait de terribles dégâts. La famille quitte alors la région pour la ville.
« En cette année 1959, des centaines de familles partaient en errance, coeurs étreints par l'angoisse du lendemain. »
Toute sa vie, Téo gardera dans le coeur ces Indiens Ayramas, vivant sur les hauts plateaux des Andes et cherchera à cultiver leur culture, leurs coutumes. Son père est un loser, alcoolique et violent, c'est la mère Atina qui fait tourner la maison. du fait de leur pauvreté, Téo se fera maltraiter à l'école.
Carmen Castillo vient d'un milieu bourgeois ; elle a un caractère affirmé comme ses parents Fernando et Monica, car elle doit trouver sa place dans la famille. Son arrière-grand-père maternel était président du Sénat, et dirigeait un des principaux journaux politiques de l'époque, jusqu'à ce qu'un colonel prenne le pouvoir et le contraigne à l'exil.
Deux milieux complètement différents, donc, mais un engagement politique quasi identique. Carmen est proche de Beatriz Allende, fille aînée de Salvador Allende, admiratrice de Guevara et du régime castriste.
On va assister à la lutte de chacun pour que Salvador Allende arrive au pouvoir, certains plus violents que les autres adhèrent aux méthodes controversées du MIR le Mouvement de la Gauche Révolutionnaire.
Mais, pour la CIA et Nixon en tête, il est inenvisageable qu'un autre pays d'Amérique du Sud devienne « communiste », pour eux, le mot socialisme signifie communisme, oeil de Moscou etc… qu'à cela ne tienne, Nixon va dépenser des milliards de dollars pour finance la campagne de candidat de la droite dure, Eduardo Frei, allant jusqu'à envoyer des armes…
En effet Salvador Allende, contrairement aux sondages de la CIA a fini par être élu, dans la liesse populaire et tenter de redistribuer les richesses détenues par les familles catholiques : augmentation des salaires, nationalisations… Mais, l'inflation galopante se profile, les denrées alimentaires se font rares, le général qui était un peu trop « favorable » au président finit par démissionner et l'armée fait appel à « un général discret et obéissant » : Augusto Pinochet pensant qu'il était facilement manipulable (comme un certain KGB fit plus tard appel à Vladimir Poutine, le pensant suffisamment peu futé pour être manipulable !!!
On assiste à un soulèvement de l'armée, télécommandé par Nixon et ses sbires, Salvador Allende refusant de quitter le palais présidentiel va se suicider sur place enregistrant un message d'adieu très fort et émouvant, et la dictature de Pinochet se met en place avec ses arrestations, ses tortures, des milliers de personnes vont ainsi « disparaître », on va jusqu'à les jeter du haut d'un avion en haute mer (technique très appréciée et largement utilisée par Salazar au Portugal)
Ce roman retrace l'histoire du Chili durant la brève présidence de Salvador Allende et les années de la dictature. Teo va être arrêté et torturé mais tiendra bon, les arrestations et les disparitions parmi leurs proches vont se multiplier et Carmen sera contrainte à l'exil. Mais les plus convaincus ne renonceront jamais à résister, avec des commandos formés à Cuba par exemple comme ce fut le cas pour Teo.
A travers l'histoire de ces deux familles, on a l'histoire de la résistance à la dictature et la douleur de l'exil. Carmen se persuade qu'elle amoureuse d'Andrés Pascal Allende, et confond l'amour avec l'admiration pour son militantisme ; elle finit par l'épouser tout en sachant qu'elle s'enferme dans une autre cage, car le statut des femmes n'est pas terrible…
« Révolutionnaire ou non, la domination masculine était bel et bien une réalité. Elle admirait Andrés qui l'avait initiée à nombre de découvertes, à la militance active. Depuis qu'elle s'était plongée dans l'aventure du Mir, elle aspirait à plus encore d'intensité, plus d'espace pour s'épanouir… »
Comme Carmen, Teo rejoindra le Mir, en quête de ce qu'il appelle une communauté, une autre famille en somme.
J'ai beaucoup aimé ce roman historique, surtout pour tout le rappel du contexte politique du Chili, mais les héros sont très intéressants (ce qui n'est pas toujours couru d'avance, car il y a souvent un décalage entre l'Histoire et la petite histoire et là je trouve que les auteurs s'en sortent très bien.
J'ai suivi de près la période « Pinochet » au Chili, comme celle de toutes les dictatures qui se sont succédé en Amérique du Sud d'ailleurs : comment ne pas se souvenir de tous ces dictateurs dans leurs habits de lumière trônant aux obsèques de Paul VI par exemple !) et Pinochet ne sera jamais jugé de son vivant, malgré des initiatives courageuses, conduisant à son arrestation en Grande-Bretagne en 1998. Comment oublier que ce vieillard diminué en fauteuil roulant, a envoyé promener le fauteuil dès qu'il a posé le pied sur le sol chilien à sa descente d'avion, bras d'honneur au monde entier ! il ne sera jamais inquiété et s'éteindra en 2006 ! avec un détail croustillant : pas si à l'aise que cela, le vieillard soi-disant amnésique, il a demandé à être incinéré pour être sûr que sa tombe ne soit pas profanée !
Certains des protagonistes m'ont un peu dérangée par leurs méthodes ultra-violentes, et leur militantisme forcené sans concession leur jusqu'au-boutisme mais on voit Teo évoluer, prendre ses distances avec eux, il est capable d'entendre les idées des autres sans les rejeter de manière systématique comme il le faisait au début.
L'écriture est belle, très rythmée, on ne s'ennuie pas une seconde et la couverture est très bien choisie!
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock Arpège qui m'ont permis de découvrir ce livre passionnant ainsi que les deux auteurs et d'apprécier la qualité de leur travail.
#CarmenetTeo #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Dans cette biographie romancée, Olivier Duhamel nous raconte la vie de ses parents Colette Rousselot et Jacques Duhamel.
Jacques, orphelin de père, engagé dans la Résistance puis auprès des Forces Françaises libres en Afrique du Nord, Conseiller ministériel sous la IVème et la Vème république, poulain d'Edgar Faure, puis ministre de Pompidou.
Colette, fille assez libre d'un industriel du Midi, le rencontre via des amis communs
Ils auront quatre enfants, dont elle s'occupera (avec de l'aide, bien sûr) tout en devenant éditrice aux Editions de la Table Ronde, en organisant des dîners ... ces fameux dîners où se retrouvait le Tout Paris politique et culturel
Un roman qui nous permet de découvrir certaines pages inconnues de l'Histoire des années 50 et 60, la vie des grandes familles plus ou moins liées, ces faiseurs de ministres et de lois, familles qui se croisaient (et se croisent encore) dans le Paris littéraire, éditorial, journalistique et politique ...
Un ouvrage très factuel où l'auteur a essayé de gommer toute trace d'affection
Un ouvrage que j'ai lu d'une traite et qui me donne envie d'en apprendre davantage sur les 30 Glorieuses ...
COLETTE ET JACQUES : une histoire familiale au cœur de la grande Histoire.
Colette et Jacques, ce sont les parents d'Olivier Duhamel, des parents dont il retrace ici les parcours intellectuel et politique de leur naissance en 1924 jusqu'en 1980 et qui ont marqué le paysage politique pour l'un et le paysage culturel pour l'autre . Deux êtres au coeur de tous les pouvoirs.
Jacques, le père a été une figure marquante de la 4e et de la 5e République.
Engagé très jeune dans la Résistance, puis jeune collaborateur d'Edgar Faure, député centriste du Jura, enfin ministre de l'Agriculture et ministre de la Culture sous la présidence de Georges Pompidou, il fut toujours, selon son fils, non pas un carriériste, mais un serviteur de l'état, soucieux du service public et de l'intérêt général.
Colette, la mère, une femme à la parole libre dont la carrière a toujours évolué autour du livre et de la littérature anglo-saxonne , successivement lectrice, conseillère, éditrice à La Table Ronde , collaboratrice de Gaston Gallimard .
Une biographie familiale alors ?
Oui, bien sûr, mais l'auteur, connu comme constitutionnaliste et politologue, tient ici à l'appellation roman.
Le roman, confie-t-il dans un entretien, l'a libéré des contraintes formelles des nombreux ouvrages politiques et moins personnels précédemment publiés . « Oser tenter un roman vrai, pour qui n'a écrit qu'essais, dictionnaires manuels ou assimilés, exige apprentissage, encouragements et corrections »
S'il se fait l'historien précis et parfaitement fidèle à la réalité des événements dont il rend compte, et qui ont jalonné les carrières de ses parents, s'il s'inspire des Mémoires d'Edgar Faure dont il cite des extraits , il introduit une légère touche de fiction dans le récit familial en s'absentant de la scène . Nulle trace d'un enfant nommé Olivier ….. A sa place une Marie , du même âge, qui est en quelque sorte sa représentante, par pudeur, peut-être …..
Quand il évoque l'intimité de cette famille, en particulier ses moments douloureux de maladie ou de deuil, c'est toujours avec discrétion, sans s'épancher, d'une plume tenue, sobre, exempte de pathos .
Merci à Lecteurs.com de m'avoir permis, en m'adressant ce livre, de revisiter l'histoire qui a façonné nos institutions actuelles, de me plonger au cœur des affaires politiques des années 50 à 80, et de connaître mieux les coulisses de certains événements.
Jacques est orphelin de père très tôt. Mais d’un père intègre et volontaire, alors bien sûr, sa vie sera placée sous le signe d’une certaine idée de la France. Engagé en politique très jeune, élu dans le Jura, il participera pendant de longues années aux différents gouvernements qui se sont succédé, il participe successivement à différents cabinets ministériels sous la IVe République, puis sera ministre actif à la forte personnalité sous la Ve, il va côtoyer, pour ne citer qu’eux, De Gaulle, Mendès France ou encore Edgar Faure.
Sa femme Colette ne restera pas dans l’ombre. Femme libre, sa passion de la littérature lui permettra de devenir éditrice, puis le deuil qui la frappe à cinquante ans la fera rentrer dans la famille Gallimard.
Deux personnages qui ont marqué l’histoire, de la seconde guerre mondiale à la fin du siècle dernier, mais surtout un roman qui nous rappelle les belles heures de la Ve république.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/03/20/colette-et-jacques-olivier-duhamel/
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