"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après le précédent livre, déjà un partenariat Partage Lecture et Kyklos, de Michel Wyn "Vingt ans, l'an quarante", j'attendais avec grande impatience son nouvel ouvrage tant son style d'écriture particulier, qualité des mots, parfait rendu de la sensibilité de ses héros, m'avait séduit. Avec ce nouveau titre, je suis comblé, outre l'évocation parfaitement calibrée et en adéquation avec la chronologie de la Première Guerre Mondiale, les parcours et chemins de traverse de Mathieu de Chaudenac, le jeune Baron sarladais, et de Maria, la fille de l'ancien déserteur espagnol entre Sarlat, les champs de bataille aux noms à jamais marqués du rouge vif du sang des poilus (Verdun, le Chemin des Dames, Douaumont), l'Espagne et l'Argentine sont pétris d'une grande sensibilité.
L'idiotie revancharde et criminelle de l'Allemagne et de la France conduisant à un véritable génocide est parfaitement et horriblement rendue à travers les chroniques de l'époque et les tranches de vies d'une noblesse finissante comme le cauchemar des combattants, le tout guidé par un pouvoir politique et militaire totalement inhumain (au niveau des ordres de combats, du traitement des déserteurs. Les mœurs de l'époque sont aussi bien décrits, y-compris les préjugés les plus arriérés.
Mathieu, en quelques mois et années, passe ainsi d'une grande naïveté dans les relations que doit entretenir une certaine noblesse avec les classes subalternes comme dans la vision de va-t'en guerre et des militaires obtus et sûrs de la victoire proche à la conscience du respect des femmes de quel qu’origine qu'elles soient et à la réalité des gueules cassées, du respect des hommes de rang sous sa responsabilité et au véritable sens de l'honneur.
Très belle fresque d'une époque, très bonne documentation, plume d'une grande sensibilité et de qualité sont les caractéristiques majeures de ce roman. Ne manquez pas non plus d'accompagner cette lecture par l'écoute sur votre navigateur préféré de la chanson et de ses paroles qui donne le titre à ce livre "Adieu la vie, adieu l'amour" ou "La Chanson de Craonne".
De Michel Wyn, j'ai pu apprécier déjà le sens du récit, mi nostalgique, mi romanesque dans ses deux livres précédents "Vingt ans, l'an quarante" et "Adieu la vie, adieu l'Amour", c'est maintenant la verve et la truculence que je découvre dans ce livre tout simplement gai et jouissif.
Qu'est ce qui peut lier un neveu à son tonton, fan solitaire des films de la cinémathèque française à une pléthore de personnages aussi caricaturaux que délicieusement fendus, de tout horizon avec un acteur noir en attente du grand rôle qui le fera l'illustrer comme un comédien et non plus comme " le noir " de service ? C'est bien entendu la passion comme l'histoire du cinéma français à son époque faste et la volonté d'enfin réaliser et tourner "Le Film" qui marquera les esprits et les installera dans l'esprit du public.
Le hasard de la participation à une émission de jeu sur le cinéma sur une petite chaîne et un héritage suite au décès du tonton tant aimé et le meilleur clapiste du XX ième siècle. Il n'en faut pas plus à Michel Wyn pour monter un roman délicieusement burlesque, quasi picaresque et avec des dialogues comme des circonstances que n'aurait pas renié, par exemple, Michel Audiard en son temps.
Convoquant ainsi un producteur aussi ruiné que pathétique mais futé, des agents plutôt véreux mais de ressource, un scénariste - grand écrivain "goncourisé" et accessoirement scénariste en série sous un faux nom, son "nègre", le vieil auteur américain d'une grande série policière aux USA amoureux d'une petite française devenue nonne, l'épouse jalouse de l'acteur principal, une troupe ukrainienne, un cirque de province avec son éléphant déchaîné et bien évidemment les deux vieux complices retraités, mais machinistes de formation, de tonton, ravis de s'échapper de leur maison de retraite, Michel Wyn nous lance avec malice dans les coulisses de la mise en place et du tournage d'un film à tout petit budget mais de grande ambition.
Les économies de bout de ficelle, le bons sens mis à rude épreuve, la succession de tuiles tombant sur nos deux malheureux héros (Jean Michel et Boris - Mamadou) et sur leur film, les contretemps se multiplient, les coups de sort (et même Steven Spielberg) aussi, faisant alterner ainsi douche froide et chaude tout au long du récit.....
Les dialogues, le comique de situation, la bonne connaissance de la réalité des plateaux de tournage de l'auteur, tout s'allie pour faire sourire, rire le lecteur et pour nous rendre attachant nos deux héros et leurs complices.
Cela devrait faire un bon film si l'on adaptait ce récit au cinéma pour de vrai.... Jean Pierre Mocky à la réalisation peut-être.
Début du siècle dernier, dans le Périgord, Mathieu, Baron, tombe amoureux d'une jeune fille, Maria, d'origine espagnole. La guerre éclate, la grande guerre, celle des tranchées, celle des poilus. Mathieu est envoyé au front. Maria avorte dans la clandestinité.
Le roman nous conte les sentiments les plus honnêtes, les plus profonds. Mais l'homme, dans sa bêtise la plus crasse, essaye de briser cet amour par la condition sociale, la nationalité, la religion et la guerre.
On y voit un amour de jeunes gens, prêts à tout pour vivre ensemble, mais aussi un amour fraternelle entre deux soldats, l'un officier, l'autre simple fantassin, et l'amour familial, entre un père et sa fille, un Baron et un jeune garçon qu'il considère presque comme son fils.
C'est aussi la guerre, la der des der. La guerre qui devait durer trois mois, qui se traîne pendant quatre ans et tue des millions de gens. La guerre dans toutes sa bêtise avec ses charges absurdes, ses exécutions, ses rivalités.
L'histoire est poignante, les personnages sont attachants. A aucun moment, nous n'avons de la haine envers l'un d'eux, même si les actes ne sont pas compréhensibles, mais les circonstances sont atténuantes. Mathieu est réel, complexe, vivant.
L'écriture est fluide, facile à lire, mais en même temps l'auteur utilise un langage suffisamment soutenu.
Ce roman est beau, il offre un hommage à ces hommes morts pour la patrie et qui parsèment de leur nom les monuments des petites et grandes places. Il est un hommage aussi à l'amour, quel qu'il soit. Ce roman mérite de rencontrer le succès. C'est un magnifique moment de lecture et d'émotions.
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