Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
« Entre les vagues, la terre et le sel ». Michael Roch
Le piédestal de la littérature !
Haut les cœurs !
« Les Choses immobiles » et l’admirable écriture de Michael Roch, dont chacune des phrases est langue humaine, irradiante et spéculative. L’acuité verbale innée. Elle nous attire, nous retient, élève notre regard. L’éminente littérature, efficace, poétique qui, dès la première majuscule, vibre en nous.
Magnétique, engagé, c’est un chef-d’œuvre intranquille, poignant, d’une beauté inouïe.
« Faudrait-il que j’émerge au monde, à chaque jalon, construit hors de ma volonté. Non. Me voir émerger au monde, dans le lieu bleu de la mémoire, me construire en épopée, en puissance, me dire que si j’existe, c’est du cosmos, si j’existe, c’est de la seule force de l’homme – que le reste du monde meurt, ouais, peut-être, mais que je grandis sans lui, dans sa faille ».
Un homme revient. De dos, nous le voyons. La tête baissée, les épaules lourdes et courbées, franchir avec force et courage, la Martinique. Fouler la terre-père, lave de volcan en son cœur, fragile et sublime. Il revoit son frère. L’hospitalité comme la pierre angulaire. Ce dernier est un combat, un homme qui creuse de ses mains l’île. Réfute les disparités, les inégalités, les troubles comme des algues qui chevillent ses élans. Indépendantiste, le bandeau noir sur le front dans cette invisibilité qui renforce. La parabole des mouvances intestines d’une île abandonnée aux astres sombres.
« «Il est temps que le bordel s’arrête. Que la colonisation s’arrête. Qu’on arrête de foutre la poussière sous le tapis ».
La sensualité superbe et assumée, les convictions comme le chant marin dans un coquillage, les frères sont des cris dans la nuit noire. Des retrouvailles fraternelles où se lovent les frustrations. Les existences murailles et bordures d’une île assoiffée de justice et d’équité.
Le revenant, Charles, accueilli dans cette concorde à laquelle il devra rendre des comptes.
Lui, le torturé, le tourmenté, des démons sur sa langue et son ventre, l’anguille spectrale emblématique.
Viril, solaire, le livre est étonnamment manichéen. Entre la trame surdouée et ce que Michael Roch dévoile de finement politique. On reste dans cette latitude d’une histoire essentielle qui est un langage de ténacité, de douleur de de persévérance.
« Tout se passe dans le geste, le geste qui ouvre, qui encercle aussi, qui creuse l’espace où se raconte chaque chose ».
« Une histoire commence par son incarnation dans le corps de celui qui ouvre la ronde des paroles, des danses, des rythmes aussi, des tambours du cosmos. Qui a dit ça ? Qui a écrit ça ? Tomber en possession ? ».
Charles reste cloîtré entre ses désespoirs, ses cauchemars, ses craintes et le poison lent qui diffuse les frustrations et sa vulnérabilité. Il va être embrigadé. Volontaire au fond de lui-même. L’exutoire qui rime avec la rémanence et son retour peut-être à la vie. L’ambiguïté des valeureux. Comprendre combien cette île a changé. Les mouvances intestines des disparités sociétales, les effluves écologiques, et l’appât du gain des puissants. Lui, qui vient de l’hexagone, entre deux rives, relève le danger de la finitude.
Les protagonistes sont assignés à l’immersion bouleversante d’un livre hors du commun. Symbolique et puissamment charnel, la danse des corps et le virilisme comme déontologie, la culture retourne les corps à contre sens. Et c’est beau !
« T’as la mer en toi, Jidé, le courant aussi, le ressac et l’écume qui s’écoule de tes lèvres ».
« Les Choses immobiles » l’obsession cardinale de lutter contre un monde ployé sous les affres. Les changements d’une île qui se moque et méprise les siens. La pauvreté comme une lumière qui vacille en bord de plage. Les résistances comme des vertus.
« Combien de temps met le progrès pour tout manger? Et de quel côté se vide la mer. Peut-être bien des deux ».
Le progrès qui fragmente ce peuple comme du pain moisi jeté aux chiens. Charles est de dualité, d’ombre et de lumière, le noir et le blanc. Un libérateur ou un terroriste ?
Ce récit est tempétueux, sombre et miraculeux.
« Nous ne sommes pas le ban du monde, nous ne sommes pas sa marge, pas sa province, pas son autour. Nous ne sommes pas son évasion, son aire touristique, encore moins sa rédemption ».
Le roman s’efface. Il cède sa place à l’intrinsèque, à la vérité. À la loyauté de l’abnégation. Devenir l’île, s’échapper de la vie. Être l’oiseau de mer qui sera la férocité d’un combat pour que tout change.
La Martinique en fronton, la liberté et la beauté d’un geste final. La violence comme une réponse au silence. Ce livre est un hommage à la lutte des cœurs. Digne d’un génie évident, il défie l’acceptation de l’advenir.
« Retiens bien, 2037, la Martinique devient indépendante ».
Taire le baisser de rideau d’un récit connivence avec notre cosmopolite. Des frères héroïques, la postérité du renom qui foudroie ce livre en majesté. Inestimable, l’anticipation lucide et exhaustive. Publié par les Éditions MU.
C'est un avis très compliqué à écrire je ne vous mentirai pas. Compliqué parce que la lecture de ce roman a été complexe. Non que je ne l'ai pas aimé au contraire. Mais ce fut une lecture exigeante, demandante, et qui a forcé ma concentration pour ne pas perdre une miette du roman.
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Pour moi c'est un roman ovni. Un roman différent, intrigant, fort et puissant. C'est un roman travaillé, où la langue est tout aussi actrice et personnage du roman. Une langue mouvante. Chaque personnage possède son vocabulaire. Sa langue. Une langue qui retrace une histoire. Des langues qui s'inspire du Kreyole. Qui remet sur le devant de la scène le Kreyole. Des langues qui s'inspirent de l'argot, du verlan. Des langues au profit du récit. Des langues qui reflètent le statut social et le métissage des Caraïbes.
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Mon avis est tout décousu mais c'est à l'image de ce que j'ai pu ressentir lors de ma lecture. C'était étrange et déconcertant. Je pense qu'à des moments j'ai perdu le fil. Peut-être même que j'ai manqué des éléments clefs du récit, du message transmis. Mais je crois que ce n'est pas si grave parce que l'essentiel est compris. Parce que j'ai l'impression d'avoir participé à quelque chose de différent qui m'a ouvert à de nouveaux univers.
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Ça ne plaira pas à tout le monde. Mais si vous cherchez une esthétique de langue, une écriture travaillée, dans un univers encore rarement exploré, c'est ici que vous le trouverez. Sans aucun doute, je relirai du Michael Roch.
4/5
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Qu'avez-vous penser de Tè Mawon ? Ou des autres écrits de Michael Roch ?
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Ràd : multiculturalisme, histoire se passant dans une mégalopole caribéenne
TW : torture
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Un roman choral de par la multiplicité des voix, mais aussi des langues utilisées, une société hautement technologique divisée en deux niveaux, le tout porté par une plume à la fois poétique et incisive. Un texte peut-être un peu difficile d’accès au premier abord, mais qui vaut l’effort de s’y plonger !
En savoir plus sur : https://livraisonslitteraires.wordpress.com/2022/06/05/te-mawon/
Il y a des lectures où l’on voit la qualité et où l’on sent que ce n’est pas le moment, qu’on n’est pas prêt. Ca a été mon cas avec le livre jaune. Comme dans moi Peter Pan, Michael Roch, part dans un récit onirique truffé de références. Et autant celle autour de Peter Pan je les avais, autant là, il m’a clairement manqué des références pour apprécier pleinement cette lecture. L’écriture reste très belle, très poétique avec beaucoup de figures de style. Je le relirai un jour quand j’aurai plus de connaissances autour de Dante, du roi jaune…
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