"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Elle se lève le matin en se disant qu’elle va peut-être couvrir le jour même un événement incroyable en France ou ailleurs dans le monde. Cette inconnue-là est une forme d’addiction. Il peut s’agir de partir sur des inondations dans le Pas-de-Calais, ou de prendre le premier avion pour l’Irak. Elle est grand reporter, souvent envoyée sur les zones de guerre, affublée d’un gilet pare-balles et d’un casque, elle mène de front deux vies que tout semble opposer : une existence professionnelle sur les zones de conflit et une vie familiale. Son travail et sa famille sont sa colonne vertébrale.
Fille d’agriculteur, Maryse Burgot raconte avec sincérité comment, malgré des origines modestes et une voix jugée trop aiguë par ses professeurs, elle s’est imposée dans une profession exigeante et impitoyable. Au fil des pages, nous la suivons aux quatre coins du globe, là où l’actualité l’appelle. En 1994, son premier reportage l’emmène en Inde, où elle accompagne des chasseurs de rats responsables d’une épidémie de peste. C’est là qu’elle contracte, selon ses mots, le « virus de l’information », celui des rencontres, du danger et de la quête de vérité.
Détenue pendant sept semaines aux Philippines par un groupe séparatiste musulman en 2000, on la retrouve à New York en septembre 2001, dans les ruines encore fumantes du World Trade Center, puis à Port-au-Prince après le séisme dévastateur de janvier 2010. Elle arpente les camps de réfugiés en Irak, témoigne des enfants enrôlés de force par Daech, avant de nous rapporter, en 2020, la détresse des résidents d’un EHPAD en pleine crise sanitaire. En février 2022, elle est à Kharkiv, auprès des habitants réfugiés dans les sous-sols d’un hôtel, trois jours après le début de l’invasion russe.
A chaque fois, l’immense élan de compassion des premiers jours est englouti par l’implacable machine à passer à autre chose. Une actualité chasse l’autre. mais Maryse reste fidèle à son devoir : se tenir au plus près des faits et laisser aux téléspectateurs le soin de juger par eux-mêmes. Ces expériences, pourtant marquées par l’horreur, la ramènent invariablement à sa propre existence. Elle établit un parallèle entre les tragédies auxquelles elle assiste et la chance de ses deux fils, qui grandissent en paix, libres de s’épanouir et d’étudier.
Dans cet ouvrage, Maryse Burgot nous livre le récit de plus de trente-cinq années de reportages, brossant ainsi le portrait d’un métier de passion, où le collectif joue un rôle essentiel. Elle n’oublie jamais ses amis et collègues disparus en mission, rendant hommage à ceux qui ont payé le prix ultime pour informer. Je ne peux qu’admirer cette femme déterminée, qui incarne avec humilité la rigueur journalistique tout en restant une mère attentive. Maryse Burgot est une belle personne simple, volontaire et courageuse qui finalement malgré toutes les horreurs qu’elle a côtoyées nous délivre un message rempli d’humanité.
Un immense merci aux Éditions Fayard pour leur confiance.
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