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J’ai découvert, il y a quelques années, la poésie de Maram Al Masri, lors du Festival « Voix Vives de Méditerranée » et, depuis, je poursuis ma lecture de cette voix singulière venue de Syrie.
Dans ce recueil, elle parle de désir et de jouissance mais, au-delà des mots, il y a la quête du poème, ce poème qui coule « par la fontaine de [sa] bouche »
La poète mêle la sensualité de la chair à celle des mots.
C’est aussi la poésie d’une femme écrite pour les femmes, et c’est très important lorsqu’on sait que Maram Al Masri est syrienne, pays où il n’est pas évident pour une femme d’écrire et de célébrer l’amour dans toute sa splendeur et avec une sensualité éclatante.
« écris
en leur nom
elles qui ont mis leur espoir en toi
qui ont cru en toi. »
« Ma bouche est une fontaine coulant de plaisir
Le cantique
Du cœur
Et de la chair. »
Ces poèmes éclatent de vie, ils parlent du quotidien en le transformant. Chacun est numéroté et se nomme signe. Comme autant de signes qui attestent de cet amour puissant que rien ne pourra soumettre.
« Et l’amour comme une feuille est troué
Par les mots du chagrin
L’arbre jadis empli des sèves de la passion
N’est plus qu’une bûche dépourvue de désirs
Dont les souvenirs ont oublié la couleur. »
Le corps, très présent à chaque page, le corps est nommé, exploré, et laisse naitre le poème pétri aussi de chair de sang et d’os. Ne naissent-ils pas dans le même creuset ? Et puis s’élève la voix qui façonne une langue, celle du poème.
« Je vous livre une langue nouvelle faite
De chair et d’os
D’eau et de sang. »
Maram Al Masri nous livre avec sincérité l’intimité charnelle qu’elle entretient avec la poésie et cette langue sensuelle est envoûtante.
Hélas ! La Syrie fait de nouveau les grands titres de l’actualité avec une guerre toujours recommencée.
Maram Al Masri, poétesse syrienne née à Lattaquié, et qui vit en France depuis 1982, a toujours son pays natal dans ses pensées et dans son cœur.
Elle suit à distance les soubresauts de son pays, ses souffrances et ses atteintes à sa liberté et son cœur saigne. Elle écrit : « Malgré le caractère quotidien de l’horreur, celle-ci ne peut pas se banaliser et devenir normale »
Elle raconte la souffrance d’un peuple qui fait face à la guerre et à la mort.
« Le désespoir
L’a tué
Comme les bombes
Ont tué ses enfants. »
Ces informations qu’elle nous offre comme des instantanés de vie, de mort, elle les a captées sur les réseaux sociaux, dans les media, à la radio ou la télévision, car le besoin de savoir est le plus fort.
« Nous, les exilés,
Nous dormons en serrant contre nous
Notre téléphone mobile.
Sous les lumières
Des écrans de nos ordinateurs
Nous nous assoupissons pleins de tristesse
Et nous réveillons pleins d’espoir. »
La poétesse expose sa tristesse, elle la chérit car elle s’adresse à son peuple qui souffre et cette certitude nous émeut :
« J’admets que je suis triste
Et je ne veux d’autre consolation
Que l’arrêt des tueries. »
Et toujours la liberté habite ces vers, les met en mouvement. Elle est opiniâtre et résiliente, elle est têtue et faible mais elle avance, comme le peuple blessé continue d’avancer.
« On brise ses pieds
Mais elle avance
On coupe sa gorge
Mais elle continue à chanter. »
Il y a une note d’espoir dans le poème qui dit :
« Je veux préparer un monde
Où il n’y aura plus d’armes
Ni de guerre. »
Le recueil se termine sur l’émouvant poème du poète Monzer Masri, frère de l’auteure, resté en Syrie.
« On m’a dit : « arrête tout cela et regarde où est le soleil »
J’ai regardé et j’ai vu le soleil à l’horizon
En train de s’éclipser. »
Maram Al Masri nous parle sans filtre des ravages de la guerre, de la liberté confisquée et des hommes des femmes qui, malgré tout, veulent vivre et ses poèmes ne peuvent nous laisser insensibles car ils sont le chant, la prière et le cri d’un peuple qui souffre.
Quel plaisir de retrouver l’écriture de la poétesse syrienne Maram Al-Masri dans ce recueil pour le moins original.
A travers un voyage dans le métro parisien, l’auteure nous offre, à chaque station un poème comme un instantané, un poème dont le titre est le nom d’une station. Ce peut être une rencontre Gare du Nord, la solitude, un SDF à Bastille et à République, ou encore une artiste de métro (mais si, ça existe !) et des émigrés à Denfert-Rochereau. Et puis, il y a Paris entraperçu à travers les vitres du métro aérien.
« Le marché du mercredi
Près du métro Barbès
Marché des pauvres
Avec ses clients pauvres
Avec ses marchandises de pauvres
Tout est là
Et là
Il n’y a rien. »
Et puis il y a tous ces gens qui forment une foule serrée, qui se presse et se croise sans se rencontrer vraiment. Il faut le regard d’une poète pour leur donner corps, les faire vivre sous nos yeux. Tous ces anonymes, elle leur donne une identité.
« Dans le wagon
Les corps se rapprochent
Mais s’ignorent
Dans le wagon
Nous voyageons côte à côte
Mais pas ensemble
Dans l’amour
Même séparés
Les amants sont ensemble. »
J’ai trouvé beaucoup d’écoute et d’empathie dans ces fulgurances poétiques qui rendent son humanité à ce monde souterrain du métropolitain.
Un recueil de poésie bilingue (page de gauche en arabe et page de droite en français), j'apprécie particulièrement ce genre de recueil. J'ai déjà lu un des précédents recueils de l'auteur et j'avais déjà beaucoup aimé c'est donc confiante sur la qualité de celui-ci que je me suis plongée dedans. Aussitôt reçu aussitôt lu j'ai immédiatement été saisie par la beauté des mots, la douleur mais aussi la douceur d'une mère privée de son enfant. C'est les larmes au bord du coeur que j'ai lu certains poèmes. Alors, bien sûr je ne pourrais jamais sentir combien il est difficile de vivre loin de son enfant, ni combien les jours sont longs, combien il est douloureux de voir les autres avec leurs enfants quand le notre nous manque tant, mais j'ai éprouvé de la peine, de la compassion et de l'admiration pour l'auteur qui a vécu ce drame que l'on ne souhaite à personne.
L'auteur a su retranscrire en mot son ressenti, son manque mais surtout son amour pour ce fils qu'elle n'a pas vu grandir. Une lettre d'amour poétique, une célébration de la maternité et de l'amour maternelle qui ne peut laisser personne indifférent. Les mots sont simples, mais choisis avec soin et sont percutants. J'aime décidément beaucoup cette poétesse et je continuerai de lire ses livres. J'ai été très émue de découvrir qu'elle a revu son fils même si c'est très tard et qu'ils ont pu être réunis et tisser des liens. Un très beau livre qui en une centaine de pages vous fait passer par tout un tas d'émotions.
VERDICT
Un coup de coeur pour ce recueil de poèmes d'une mère à son enfant lointain. Touchant, émouvant , beau tout simplement
https://revezlivres.wordpress.com/2016/05/31/le-rapt-maram-al-masri/
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