"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Belle surprise que ce roman au titre étrange conseillé par ma libraire.
Roman noir, roman social, polar, ce récit n’entre pas vraiment dans des cases, peu importe, c’est une chouette découverte.
Nous sommes en 1969 dans une région indéterminée, en milieu rural, plus précisément dans un domaine où règne un despote, Demest dit Monsieur. Il possède tout, les terres, les bâtiments, il loge ses ouvriers, il a des relations, l’archétype de l’homme influent, qui a des droits et du pouvoir et une morgue infinie.
Un jour la petite fille de Demest disparaît, elle ne sera libérée que contre une rançon.
Qui a osé s’en prendre à cette petite fille ou plutôt à Monsieur ?
La dernière à l’avoir vue est Catherine, jeune fille effacée, sorte de bonne à tout faire qui craint Demest plus que tout. Qui a détourné l’attention de Catherine pour enlever l’enfant ?
Deux policiers envoyés de Paris sont chargés de l’enquête rejoints bientôt par la gendarmerie (Monsieur a le bras long, tout doit être mis en œuvre).
L’ambiance est boueuse, humide, sombre, l’enquête piétine mais doit progresser pour retrouver la petite fille vivante. J’ai aimé le duo de policiers, l’ancien compétent mais désabusé, le jeune Gabriel qui veut plus que tout retrouver l’enfant vivante.
J’ai vraiment été happée par ce récit à l’ambiance poisseuse, aux descriptions de la campagne brumeuse réalistes, aux personnages complexes.
L’enquête avance malgré tout, un travail de fourmi.
Je préfère ne pas en dire davantage, il serait dommage de divulguer la fin.
Une fin jubilatoire et inattendue, sans gros coup de théâtre mais qui se révèle au lecteur et aux policiers au fil de l’avancée de l’enquête.
Petite Sale par Louise Mey, lu par Marie du Bled, Audiolib, 2024 (1ère édition : Le Masque, 2023)
Louise Mey est une écrivaine féministe française, auteure de romans policiers. Elle met en scène dans ses livres les violences faites aux femmes, viol, harcèlement, agression sexuelle…
Fin des années 1960, dans le nord de la France, dans une vallée de champs de betterave, où chaque homme et chaque femme est employé de près ou de loin par le plus gros propriétaire terrien, chef de famille riche, taiseux, autoritaire, violent… On l’appelle « Monsieur ».
Un beau portrait de jeune femme : Catherine est pauvre. Catherine fait sale. Catherine parle peu. Elle n’aime pas qu’on la regarde parce que les filles qu’on regarde ont souvent des problèmes. Au domaine agricole où elle travaille, elle fait partie de ces méprisables invisibles grâce à qui la ferme tourne. Elle garde les yeux baissés pour qu’on ne la voie pas penser, pour cacher sa haine et son désir de revanche.
Une enquête policière autour de l’enlèvement de la petite-fille de Monsieur, une fillette de 4 ans. Quand arrive une demande de rançon, deux policiers parisiens débarquent pour mener l’enquête en appui des gendarmes locaux. Un duo de policiers parachutés dans une ruralité qui les désarçonne.
Une ambiance de roman noir car le village entier semble englué dans le silence et les non-dits. Personne ne veut d’ennuis avec Monsieur… Surtout pas Catherine qui se fait plus discrète et plus invisible encore, d’autant plus qu’elle est la dernière à avoir vu la petite.
Un superbe roman, une peinture des différences de classes sociales, des avenirs écrits d’avance, de la place des femmes dans une société rurale, patriarcale, refermée sur elle-même.
Une écriture singulière, basée sur un point de vue omniscient mais focalisé sur Catherine. Une écriture tellurique aussi : la terre devient presque un personnage à part entière, terre possédée, héritée, achetée, vendue… La terre, mais aussi la boue, en ce mois de février humide et frileux.
Une galerie de personnages, principaux et secondaires, aux psychologies très bien évoquées.
Une version audio servie par la narratrice qui a su coller à la personnalité de l’héroïne.
Une autrice dont je vais lire les autres romans…
#PetiteSale #NetGalleyFrance #lesglosesdelapirate
Ce thriller est un délice, pourquoi ? Parce que ça change !
#8 J'ai lu
Livre jeunesse, centré sur un village caché reclus. Là vivent essentiellement des femmes de toute générations. Récit court, style moderne, fantastique, l'histoire est facile à lire, le début est un peu monotone, ensuite l'intrigue s'installe, adapté aux adolescents, il y a quand même un parti pris féministe très représenté.
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