"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pour les 70 ans de Noé, tous les enfants et petits-enfants se retrouvent dans la grande maison de Bretagne.
Idyllique, non ?
Et bien non.
Il y a des rancœurs qui traînent, des cicatrices mal résorbées, des insatisfactions chez les uns et chez les autres.
Difficile d'être une famille unie.
D'ailleurs, est-ce que ça existe vraiment une famille sans conflits, plus ou moins larvés ?
En tout cas, chacun repartira de ces six jours en ramenant avec soi ses problèmes.
Un roman agréable à lire, bien structuré, bien écrit.
Même si tout n'a pas été parfait pour les personnages, ce petit séjour en Bretagne fut plutôt agréable.
Coralie s’est toujours demandé ce que Soline lui trouvait. Issues de milieux différents, enflammées par d’autres désirs, une amitié indéfectible semble pourtant les unir. Autant que faire ce peu lorsqu’on a 18 ans, qu’on imagine que l’éphémère nous arroge tous les droits et qu’on croit rêver plus fort que les autres.
C’était l’été 1993. Âgée de bientôt 40 ans, le passé la rattrape et Coralie se souvient…
Invitée à passer le mois d’août dans la résidence secondaire des Weyers, elle quitte avec joie le pavillon de banlieue où elle s’étiole. À la villa, amis et famille se croisent, et toute nouvelle embrassade s’arrose copieusement : les limites tombent à mesure que les coudes se lèvent, et il suffirait de gratter un peu le vernis pour découvrir qui sont vraiment ces gens qui brillent à la tombée du jour autour d’apéritifs à rallonge. Fascinée par ses nouveaux modèles dont elle consigne les faits et gestes dans un carnet, Coralie voudrait s’extraire de son insignifiance et être acceptée de cette caste chic et lettrée. Mais il est toujours un regard, une remarque, pour lui rappeler qu’elle est du camp des prolos, de ceux qui logent au camping d’en face et dont se moquent ostensiblement Weyers et consorts.
La disparition d’une fillette hollandaise qui campait là jette un froid, mais très vite, tout le monde passe à autre chose. Coralie, moins égocentrique que ses hôtes, garde le drame dans un coin de sa tête, mais elle a commencé de s’extravertir et compte bien profiter de ce si bel été où tout est permis, sans interdits.
Karine Reysset raconte alors par le menu les désillusions de sa jeune héroïne, un pied dans l’âge adulte, qui pensait avoir gravi un échelon social. D’emblée, le ton de la confidence capte l’intérêt et questionne. Le style, délicat, sans excès de rhétorique, décrit des émotions justes et nuancées, derrière lesquelles se dessine une jeune femme qu’il faudrait protéger – des autres, d’elle-même. Ces autres, en façade parfaits, mais qui taisent des secrets bien plus laids que votre modeste train de vie et vos vacances ordinaires. Vous n’intégrez jamais leur joli monde d’hypocrisie et d’opportunisme. Au mieux, vous les distrayez… jusqu’à être la cause de tous leurs maux. Se mêler « aux gens bien », qui meublent leur patio avec goût et méprisent leur jardinier, c’est se trouver projeté dans un jeu (de dupes) dont on n’appréhende pas les règles.
Vous savez ce qu’on dit des torchons et des serviettes.
La sincérité du personnage, servie par la construction du roman, m’a réellement touchée, sans pour autant que j’approuve ses choix d’adolescence. J’ai été peinée, aussi, par la cruauté du pouvoir des apparences, et l’habilité du rupin à toujours tirer la couverture à soi. Les chagrins d’amitié sont aussi douloureux que les chagrins d’amour, et vingt ans après ce triste été, certaines plaies ne se sont pas refermées. J’ai connu des Weyers. Raison pour laquelle, en dépit du goût amer que certains scènes ont fait surgir, j’ai tellement apprécié ce roman, l’acuité de la vision de l’auteur.
Roman d’apprentissage, satire sociale, L’Étincelle a ce côté intemporel (d’autres s’y laisseront prendre) qui donne plus de force encore au propos. Incandescent, où chacun officie à la place qui est la sienne – y compris le lecteur, observateur privilégié –, drapé des couleurs passées des souvenirs qu’il ne faudrait pas remuer.
Dans ce roman, Karine Reysset nous raconte son été 1993, enfin l'été de Camille, et été où sa vie a basculé.
Cet été là, Camille est partie en vacances avec Soline, son amie de première année à Dauphine, dans sa maison familiale en Corrèze.
Camille a grandi dans une famille moyenne, père cadre dans une compagnie d'assurances, mal marié à une femme pétrie de certitudes et de rigidité s'ennuyant au foyer. Bonne élève, elle a été meurtrie en échouant au concours d'entrée à Sciences Po, et a satisfait ses parents en s'inscrivant à Dauphine. Elle emprunte chaque jour le RER D de sa grande banlieue aux beaux quartiers ...
Choc des mondes, au hasard de leurs compétences respectives elle a connu Soline et s'en est rapprochée tout au long de l'année scolaire où ses parents se sont finalement séparés.
Les parents de Soline, bobos avant l'heure, accueillent famille et amis, en une grande tribu tous les étés. Camille observe, note, admire avant de saisir toutes les fêlures, les apparences, les masques ...
Eté d'apprentissages, de réflexion, d'analyse, d'expériences ...
Le retour à Paris marquera la rupture avec cette année de transition.
Mais alors qu'elle reçoit le faire-part de mariage de Soline, aujourd'hui, tant d'années plus tard, Camille/Karine se souvient de cet été et nous raconte.
Je me suis régalée à la lecture de ce roman, des descriptions d'un été poisseux où les papillons sont près de s'extraire de leurs chrysalides, quand les failles des adultes ne sont plus masquées par l'adoration portée aux parents, quand on devient soi ...
A vingt ans d'intervalle, j'ai retrouvé les sensations d'étés des années 70 ...
J'ai aimé l'écriture de Karine Reysset, redécouverte il y a peu avec La fille sur la photo.
Belle surprise avec ce livre qui me tentait depuis sa sortie.
L'étincelle est un roman d'atmosphère et d'apprentissage !
Cette combinaison est vraiment réussie et j'ai beaucoup aimé l'histoire que nous conte Karine Reysset.
D'une facilité déconcertante, le lecteur est projeté dans une aura sensuelle, exaltante et mystérieuse.
Une belle demeure en Dordogne, sous un soleil de plomb,
dans une ambiance oppressante et palpable où tous les sens sont exacerbés et les personnages énigmatiques,
Un été, sous le signe des interdits, des conquêtes et des tentations,
Entre découvertes amoureuses et relations passionnelles,
se côtoient l’innocence et la luxure.
Alors entre fascination et attraction,
trahisons, mensonges et secrets,
La chaleur monte crescendo.
Il sera aussi question des différentes classes sociales, de l'adolescence, des relations familiales et des choix de vie qui influeront inévitablement sur le futur.
Pour ma part, j’ai passé un très bon moment de lecture.
Un roman envoûtant et sensoriel !
J'espère maintenant lire prochainement d'autres romans de cette auteure.
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2020/02/letincelle.html
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