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Redoutable auxiliaire du totalitarisme mondialiste, Internet que l’on crut un temps vecteur de liberté et d’information se muerait-il peu à peu en menace contre les libertés de l’humanité toute entière ? L’universalité du réseau ne pourrait-elle pas le transformer en un terrible outil de surveillance et de contrôle des masses ? Et qui dit contrôle, dit répression et asservissement. Ce qui aurait pu être un extraordinaire moyen de libération de l’expression deviendrait-il le summum le plus abouti et le plus insidieux de l’oppression ? Le scandale des révélations du site Wikileaks (avec blocus de ses comptes bancaires) et le long chemin de croix subi par Julian Assange (accusation d’espionnage, affaire d’agression sexuelle bidon, réclusion volontaire à l’Ambassade d’Equateur suivie d’une interminable incarcération en Grande-Bretagne qui débouchera sans doute sur son extradition vers les Etats-Unis et son internement à vie dans un lieu genre Guantanamo…) en sont la plus belle démonstration.
« Menace sur nos libertés » est la retranscription d’une longue conversation sur le thème de la liberté battue en brèche sur Internet, entre Julian Assange et trois de ses amis Jérémie Zimmerman (fondateur de « La quadrature du Net »), Andy Muller-Maguhn et Jacob Apfelbaum, tous plus ou moins hackers et développeurs de logiciels libres. Selon eux, la solution à cette terrible menace pourrait se situer dans la cryptographie, les fournisseurs d’accès sécurisés genre TOR, les échanges commerciaux via les cryptomonnaies (Bitcoin et autres), sans d’ailleurs se faire trop d’illusions. Toute avancée pouvant être immédiatement récupérée par les pouvoirs pour la retourner en leur faveur (cryptomonnaies de banques centrales par exemple). Paru en 2013, cet ouvrage relativement intéressant, car posant les bonnes questions sur ce sujet brûlant, date déjà un peu, la situation s’étant considérablement aggravée en une petite décennie. Se considérant comme « cypherpunk » (pour les uns comme combattant de la liberté ou lanceur d’alerte et pour d’autres comme espion ou pirate informatique, car il a osé révéler, preuves à l’appui, les crimes perpétrés par l’armée américaine en Irak et ailleurs) se retrouve dans une position pire que s’il était un criminel ou un terroriste. « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté… », chantait le gentil poète Guy Béart en son temps…
Julian Assange, fondateur de Wikileaks est mondialement connu et, pourtant, entouré de tant de secrets. Plusieurs Etats ont lancé des poursuites judiciaires à son égard suite à la diffusion de millions de documents confidentiels relatifs aux « secrets d’Etats ». Depuis juin 2012 (soit une peu plus de 6 ans), il vit reclus dans l’ambassade équatorienne de Londres, pays lui ayant accordé l’asile politique et l’Angleterre lui interdisant de prendre l’avion. Des accusations de viol furent également lancées à son égard par la justice suédoise, mais elles ont été abandonnées.
Pour comprendre comment Julian Assange est devenu l’ennemi public n°1, il faut remonter à la création de Wikileaks en 2006. Wikileaks est avant tout une organisation non-gouvernementale qui souhaite mettre en lumière les scandales de corruptions, de violations des droits de l’homme à travers le monde, d’espionnage. Alors que les lanceurs d’alerte étaient à peine entendus et peinaient à obtenir de l’audience, leurs messages ont trouvé échos et dorénavant le monde entier en connait au moins un et peut citer leur nom : Edward Snowden, Chelsea Manning,…
Via le site Internet du même nom, tout se précipite durant l’été 2010, lorsque des milliers de câbles diplomatiques américains sont rendus publiques. Dès ce moment-là, les plus grandes entreprises américaines permettant le paiement électronique retirent leurs dés de l’échiquier et Wikileaks voit ses comptes supprimés.
En juin 2011, alors que Julian Assange est assigné à résidence au fin fond de la campagne anglaise, il reçoit un visiteur tout fait inhabituel : Eric Schmidt, alors PDG du géant Google, accompagné d’une équipe comprenant les pontes de l’entreprise. Le motif évoqué à cette visite est la rédaction d’un livre par Eric Schmidt « himself » et son acolyte depuis plusieurs années, Jared Cohen, directeur de Google Ideas. Julian Assange revient longuement sur les pédigrés de ces « invités » et sur la mise en place de cette rencontre assez hors norme.
Alors que l’entretien est enregistré à la base pour les têtes-pensantes de Google, Julian Assange a décidé de le retranscrire pour démonter certains de ses propos qui ont été détournés dans leur livre. Les questions sont généralement posées par l’équipe de Google et Julian Assange y répond.
A bien des égards, j’ai été surprise par la mainmise de certaines grandes entreprises internationales dans l’ordre géopolitique mondial. La souveraineté et suprématie des Etats dans l’échiquier mondial n’est, à l’heure actuelle, plus qu’un lointain souvenir.
Glaçant tout du long quand on se rend compte de l’avenir technologique qui nous attend, ce récit permet de redécouvrir Wikileaks et son fondateur utopiste. Heureusement, il ne s’agit pas non plus de tomber dans les pires théories conspirationnistes et complotistes dont certains clament comme vérité.
Même si parfois, les termes employés et sujets abordés sont très pointus, des notes de bas de page aident les lecteurs, étrangers à la sphère Internet comme moi, de mieux s’y retrouver. J’avoue que parfois, j’ai eu des difficultés à comprendre et à ne pas me perdre parmi les détails techniques du Web. Pour tout bon geek qui se respecte, je pense que ce livre est une mine d’or d’informations.
Je remercie les éditions Ring pour cette plongée dans ce face-à-face de deux géants du Net.
Chronique : http://musemaniasbooks.blogspot.com/2018/10/google-contre-wikileaks-de-julian.html
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