Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Voici une BD divertissante tout en étant instructive, abordable dès l'adolescence, et qui amène à réfléchir sur un sujet sociétal qui touche de plus en plus de personnes.
"L'émergence des «influenceurs» dans les années 2010 a bouleversé le monde tel qu'on le connaissait. Sur Instagram, YouTube ou Tik Tok, des personnalités ont acquis une popularité dans un domaine bien précis. Sur leurs comptes, ces personnes dévoilent leur quotidien, qui fait qu'on se sent proche d'elles et qu'on a envie de les suivre. Souvent, il faut bien le reconnaître, leurs vies nous font rêver et la tentation est grande de les imiter...
Avec beaucoup d'humour le journaliste Gurvan Kristanadjaja et le dessinateur Joseph Falzon décryptent les mécanismes de ce phénomène auquel il est de plus en plus difficile d'échapper !"
La majorité des personnes font aujourd'hui partie d'un (ou plusieurs) réseau social.
Chacun(e) l'utilise pour un objectif précis : partager des photos/des souvenirs, conserver des relations avec des personnes plus ou moins proches, militer pour des causes qui nous sont chères, partager des avis sur des livres... et d'autres en font leur métier.
Mais, lorsque nous mettons le pied dans l'engrenage, amateur ou professionnel, sommes nous préparé(e)s à subir ce que ces réseaux sociaux ont de moins bon ? Conservons-nous notre libre-arbitre ? Sommes-nous psychologiquement indépendant de ce qu'il s'y passe ? Bref, est-ce que nous gardons le recul nécessaire ?
Avec cet album, j'ai appris des choses sur le monde des influenceuses et influenceurs, car c'est quelque chose qui a tendance à me dépasser. L'auteur nous explique l'impact de cela sur les personnes elles-mêmes (pression du like, arnaques, burn-out...), mais aussi sur des lieux, qui explosent au niveau touristique par exemple.
On voit aussi les politiques s'y mettre. le problème, c'est que leurs discours ne sont que poudre aux yeux, mais avec les réseaux sociaux comme Tik Tok, c'est encore pire, je trouve.
J'ai trouvé amusant de voir décortiqué tout cela par le biais d'une création de compte : celui du chien de l'auteur. L'expérience en elle-même est très instructive.
En lisant cette bande dessinée, j'ai observé mon propre rapport aux réseaux sociaux (qui est un peu plus distancé qu'à une période), ce que je trouve très intéressant.
Même si aujourd'hui je fais partie de réseaux sociaux livresques, j'ose espérer que je garde mon indépendance d'esprit, ma liberté d'aimer ou non un livre (même en service presse)...
Par contre, ce que je peux dire, c'est que ça n'aide pas à soigner le tsundoku.
Cela dit, les réseaux sociaux sont clairement en lien avec la société capitaliste. Suis-je en adéquation avec cela ? Rien n'est moins sûr. Combien de temps mon compte Instagram va perdurer ? Je ne saurais dire...
Vous voyez, l'impact de cette BD sur moi.
Elle m'a influencée ? Ou enlevé mes œillères ?
J'avais lu "Les animaux dénaturés" de Vercors en Terminale, sur les conseils de ma prof de philo quand elle traitait le chapitre "nature et culture". Cette réflexion sur ce qui fait qu'on est humain ou pas m'avait beaucoup intéressée et je m'en souviens aujourd'hui encore.
Partis à la recherche du chaînon manquant, qui serait une espèce intermédiaire entre l'humain et le singe, une équipe d'archéologues et anthropologues découvrent en Nouvelle Guinée une nouvelle espèce bien vivante, les "Tropis" (ici les Manus). Lorsqu'un homme d'affaires sans scrupule veut les réduire en esclavage pour en faire une main d’œuvre gratuite ou à bon marché, quantité d'interrogations se posent : les Manus sont-ils des hommes ou des animaux ? peut-on les réduire à l'esclavage ? mais alors, qu'est-ce qui fait qu'on est un humain et non un animal ? quel est le propre de l'homme ?
Le journaliste Doug Templemore, avec le soutien de Frances, sa jeune épouse, se lance dans un pari qui n'est pas sans risque : prouver au péril de sa vie l'humanité des Manus. Accusé du meurtre d'un nouveau-né Manus né par insémination, est-il coupable d'avoir tué un être humain ou un animal ?
S'ensuit alors un procès où les experts défilent à la barre, anthropologue, archéologue, tenants de différentes écoles concernant l'évolution... jusqu'au verdict final.
A noter que l'illustratrice Hélène Bruller est la petite-fille de Vercors, elle redonne une nouvelle jeunesse à l’œuvre de son grand-père, et je pense que le format BD pourra donner envie d'aller vers le livre.
Le 30 janvier 2003, la Belgique a adopté une loi autorisant le mariage gay (et non pas le mariage "pour tous", appellation bien hypocrite). Dix ans, c'est beaucoup pour un fait de mœurs. Donc, en tant que belge, j'ai entamé la lecture de cet album avec décontraction et surtout avec une certaine distanciation face à cette polémique passionnée, très franco-française. En fait, quitte à écrire une lapalissade, un mariage est un mariage. La famille, les amis, les témoins, les doutes, les époux sont les mêmes qu'ailleurs ; même si la forme semble différente, le fond reste le même. Ce qui est frappant, tout au long du récit, c'est qu'à plusieurs reprises, certains protagonistes confondent sexualité et amour. Ou plutôt parce qu'il y a sexualité (qualifiée de dégoûtante), alors il n'y aurait pas d'amour ... Ce qui est un non sens, évidemment !
Et les préjugés, les idées préconçues, les a priori seraient plutôt générationnels, culturels et/ou religieux, alors que le débat serait, me semble-t-il, presque exclusivement politique, c'est-à-dire lié au pouvoir. Je dirais même au pouvoir patriarcal.
Bref, le sujet était "casse-gueule" car, en surfant sur la vague de l'actualité, il se devait d'éviter un certain nombre d'écueils (complaisance, stigmatisation, mauvaise foi, par exemple). En cela, le challenge me semble presque réussi.
L'idée d'alterner deux graphismes différents (donc deux dessinateurs) pour rythmer la structure du récit me semble tenir la route sur la longueur. Sauf que je suis plus sensible à la patte de Thomas Gadène qu'à celle de Joseph Falzon.
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