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Jennifer Clement

Jennifer Clement

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Avis sur cet auteur (23)

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    Couverture du livre « Prières pour celles qui furent volées » de Jennifer Clement aux éditions Flammarion

    Fanfan Do sur Prières pour celles qui furent volées de Jennifer Clement

    Ce roman est d'une violence inouïe envers les femmes. Il nous rappelle qu'en certains endroits du monde, nous ne sommes rien de plus qu'une marchandise qu'on peut voler, surtout les filles et surtout lorsqu'elles sont belles. Les narcotrafiquants qui arrivent en 4x4, armés jusqu'aux dents, font...
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    Ce roman est d'une violence inouïe envers les femmes. Il nous rappelle qu'en certains endroits du monde, nous ne sommes rien de plus qu'une marchandise qu'on peut voler, surtout les filles et surtout lorsqu'elles sont belles. Les narcotrafiquants qui arrivent en 4x4, armés jusqu'aux dents, font leur marché en les emportant. Mais il y a aussi les bébés-poubelle, les chirurgiens qui ne se déplacent dans certains endroits que protégés par l'armée. C'est incroyable le niveau de danger de ce coin du monde.

    La narratrice est Ladydi, une enfant qui raconte son quotidien et vous assène sa réalité comme un uppercut, froid, banal, violent, insupportable. Il y a la dureté de la vie pour ces femmes qui élèvent leurs enfants seules, car les hommes prennent la fuite sans se retourner, se libérant ainsi de leurs entraves familiales, laissant parfois comme dernier souvenir le VIH. Car les hommes arrivent à s'échapper, les femmes plus rarement.

    Heureusement, Ladydi a ses amies, Estefani qui a une belle maison, Paula qui est la plus belle fille de tout le Mexique, et Maria qui a un bec de lièvre la "veinarde", car elle ne risque pas d'être enlevée, ELLE ! Elle nous raconte sa complicité avec ses trois amies, l'école, les mères en manque d'homme, la sienne qui boit trop, qui ment, qui vole, les superstitions, les signes que quelque chose va arriver, les punitions divines, l'armée qui les empoisonne, tout ce qui fait leur vie et nous montre qu'elles sont les oubliées du monde. Et quand au détour d'un fait elle dit "on ne l'a plus jamais revue", c'est juste glaçant. Cette simple phrase est comme une plongée dans le néant. Comme si quelqu'un pouvait disparaître comme ça, juste comme ça. Elle était là, elle n'est plus là. Tout le monde sait, mais personne n'en parle. À quoi bon ?

    Au fil de sa narration, Ladydi fait de nombreuses digressions vers des souvenirs et le passé de tous ses proches ce qui nous apprend beaucoup sur leurs vies mais aussi sur la façon dont les choses ont pu dégénérer à ce point pour les habitants du Guerrero. Elle paraît étonnamment plus mûre et plus sage que sa mère, et cela très tôt. Mais peut-on échapper à ce qui nous attend quand on vient au monde avec une aussi mauvaise donne ?
    Là-bas, tout le malheur des femmes vient des hommes.

    Je me suis laissée emporter dans cette histoire de filles, de femmes, qui sont toujours celles qui souffrent le plus chez les êtres humains, dans beaucoup d'endroits du monde, parce qu'il y a longtemps des hommes ont décidé qu'ils étaient les maîtres du monde et qu'ils pouvaient disposer des femmes comme bon leur semblait, sans états d'âme et sans respect. Cette histoire d'une dureté effroyable est pourtant remplie d'amour et de sororité.

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    Couverture du livre « Balles perdues » de Jennifer Clement aux éditions Flammarion

    OP sur Balles perdues de Jennifer Clement

    J'ai été assez troublé par « Balles perdues » de Jennifer Clement.
    C'est l'histoire de Pearl, petite fille puis adolescente en Floride. Elle vit avec sa maman dans une voiture garée sur le parking visiteur d'un camping qui abrite quatre ou cinq caravanes. Situé à proximité d'une décharge, bordé...
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    J'ai été assez troublé par « Balles perdues » de Jennifer Clement.
    C'est l'histoire de Pearl, petite fille puis adolescente en Floride. Elle vit avec sa maman dans une voiture garée sur le parking visiteur d'un camping qui abrite quatre ou cinq caravanes. Situé à proximité d'une décharge, bordé par une rivière infestée d'alligators et longé par une autoroute, l'endroit ne fait pas rêver pas plus que la misère de leur existence. Pourtant l'enfant et sa mère sont parvenues à s'y construire un monde très personnel et qui est comme une bulle dans cet environnement plutôt glauque et dans lequel les armes à feu sont omniprésentes : tirs à l'aveugle dans la rivière pour se débarrasser des alligators, opération de recueil des armes par le pasteur qui habite l'une des caravanes, nettoyage de ces armes dans une autre caravane, etc. C'est dans cette bulle qu'un homme, un protégé du pasteur, débarque dans la vie de la mère. A la faveur, si j'ose dire, d'un drame que je ne raconterai pas Pearl quitte cet endroit mortifère et se retrouve dans un foyer d'accueil où elle passe des moments qu'on peut qualifier d'heureux puisqu'elle devient même amoureuse, mais son passé, les caravanes, les armes à feu finissent par la rattraper. Elle s'enfuit et c'est un autre drame qui conclut le livre.
    Cette histoire est racontée à la première personne par Pearl. C'est son point de vue sur les gens et les choses qui est transcrit par l'auteure. Et c'est bien entendu de là que provient le malaise : la brutalité infinie de ce qu'elle vit, le trafic d'armes, les meurtres, la pauvreté, sont vus et décrits du point de vue d'une petite fille ou d'une adolescence que ne protège évidemment pas les chansons d'amour qu'elle chantonne avec sa mère ou les proverbes sentencieux débités mécaniquement par un autre personnage féminin.
    Je ne regrette pas d'avoir lu ce livre étonnant.

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    Couverture du livre « Prières pour celles qui furent volées » de Jennifer Clement aux éditions Flammarion

    MAPATOU sur Prières pour celles qui furent volées de Jennifer Clement

    Dans cette région montagneuse et isolée du Mexique, accoucher d’une fille n’est pas un don du ciel. D’ailleurs, la plupart des mères déclarent avoir mis au monde un garçon. Il faut dire que dans cette partie du Mexique, les barons de la drogue font régner la terreur. Les hommes ont presque tous...
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    Dans cette région montagneuse et isolée du Mexique, accoucher d’une fille n’est pas un don du ciel. D’ailleurs, la plupart des mères déclarent avoir mis au monde un garçon. Il faut dire que dans cette partie du Mexique, les barons de la drogue font régner la terreur. Les hommes ont presque tous quitté leurs villages, leurs femmes et enfants pour partir travailler aux Etats-Unis. La grande majorité ne revient jamais abandonnant ainsi leurs familles.

    Les mères de famille, pauvres et esseulées, tentent de survivre tout en protégeant leurs filles. Tout le monde sait que les cartels de la drogue « repèrent » les jeunes filles plutôt jolies pour venir les enlever afin qu’elles viennent grossir les harems des gros barons. L’astuce trouvée par ces mères est d’enlaidir le plus possible leurs filles en leur noircissant les dents, la peau. Et quand ce n’est pas suffisant, elles creusent un trou, pas trop loin de leurs pauvres maisons, dans lequel les adolescentes se cachent.

    C’est dans ces conditions que vit Ladydi, 14 ans, ainsi prénommée par sa mère non pas par amour pour la princesse de Galles mais pour rappeler à son mari combien il lui a été infidèle comme le Prince Charles.

    Ladydi n’a aucun avenir dans son village, elle le sait. Aussi accepte-t’elle la proposition de son ami d’enfance de devenir la nounou d’une riche famille. Mais elle sera happée par la violence de son pays.

    Ce roman est une peinture implacable de la société mexicaine où tout n’est que corruption, violence, trafic de drogue, où la vie d’une femme n’a strictement aucune valeur.

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    Couverture du livre « Balles perdues » de Jennifer Clement aux éditions Flammarion

    Joëlle Guinard sur Balles perdues de Jennifer Clement

    http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2019/04/balles-perdues-de-jennifer-clement.html

    Margot, fille unique élevée dans une maison remplie de domestiques, a fui la maison familiale deux mois après la naissance de sa fille Pearl dont elle a caché la naissance à tous. Pearl n'a pas de certificat...
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    http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2019/04/balles-perdues-de-jennifer-clement.html

    Margot, fille unique élevée dans une maison remplie de domestiques, a fui la maison familiale deux mois après la naissance de sa fille Pearl dont elle a caché la naissance à tous. Pearl n'a pas de certificat de naissance.

    Depuis quatorze ans, toutes deux vivent dans leur voiture, une Mercury garée au bord d'un parking pour caravanes au milieu de la Floride, au milieu de nulle part, à proximité d'une aire de jeux et de toilettes mais aussi de la décharge municipale et d'une rivière pleine d'alligators. Pearl vit à l'avant de la voiture et sa mère dort sur le siège arrière.

    Margot est une femme hypersensible qui, selon Pearl, "peut regarder à l'intérieur des gens" et a "le mal de l'empathie". Mère et fille vivent une relation fusionnelle, Pearl est élevée aux chansons d'amour, sa mère lui fait faire des voyages imaginaires et lui raconte les histoires de son enfance. " Ma mère ne m'ordonnait jamais de faire quoique ce soit à part de faire des rêves quand j'allais dormir. Elle disait que nous appartenions elle et moi à la Tribu des Rêves." Dans l'univers de Pearl, il y a aussi les habitants qui habitent dans les caravanes voisines tous plus excentriques les uns que les autres, les vétérans de l'hôpital dans lequel sa mère fait des ménages et sa meilleure amie Avril May.

    Mais un jour sa mère rencontre Eli, un texan au passé trouble, et l'installe dans la voiture "Eli m'a pris ma place. Il m'a virée de la voiture." La jeune fille va peu à peu prendre conscience du trafic d'armes qui sévit autour d'elle.

    Jennifer Clément prête sa voix à une jeune adolescente avec une extrême justesse, il n'y a jamais aucune mièvrerie dans les propos qu'elle lui attribue. Elle dénonce ici le marché des armes qui sévit aux Etats-Unis et le sort réservé aux plus faibles. L'omniprésence des armes est effrayante, une voisine porte le fusil que son mari lui a offert pour la Saint Valentin sur le devant de son chemisier, des enfants colorient des armes à feu dans leur livre de coloriage, les hommes tirent sur les alligators de la rivière... Il est assez glaçant d'apprendre que les enfants orphelins suite au décès par balles de leurs parents sont appelés des fusillades... J'ai aimé ce roman mais j'ai été déçue de ne pas lui trouver la force que j'avais appréciée dans le précédent roman de Jennifer Clément.

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