"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le 29 juillet 1987, le jeune nouveau président du Burkina-Faso (ex-Haute-Volta) prononce un discours qui restera dans les annales devant tous les chefs d’États africains rassemblés dans l'Afrika Hall d’Addis-Abeba. Il surprend tout le monde quand il déclare que les dettes souveraines qui grèvent lourdement les économies de leurs pays ne pourront sans doute jamais être remboursées et ne devraient d’ailleurs ne pas l’être. En effet, par le biais des intérêts cumulés, cette dette finira par être payée plusieurs fois. Et chaque année, l’Afrique verse en remboursement beaucoup plus que le total de toutes les aides et subventions accordées par les gouvernements occidentaux. Il les exhorte donc à faire front commun pour obtenir cette annulation. Peu de temps plus tard, le 15 octobre de la même année, au cours d’un nouveau coup d’état militaire fomenté depuis l’étranger, il est renversé et assassiné par des soldats à la solde de son ami et rival Blaise Compaoré, lequel récupérera dans la foulée la présidence du pays.
Ce texte majeur est présenté dans un long prologue détaillé signé Jean Ziegler, lequel le replace dans le contexte de l’époque. Malgré une richesse évidente en matière premières, en ressources et en hommes, l’Afrique ne décolle toujours pas. Pire, elle semble régresser et s’enfoncer toujours plus dans la misère. Quelques potentats monopolisent les aides financières alors que le peuple souffre. Sankara, militaire honnête (il roule en R5 et n’abuse pas de l’argent du contribuable) et intelligent (il a déjà commencé à lancer tout un train de réformes capitales pour le pays), met le doigt sur le problème numéro un, la dette qui plombe toute l’économie du continent, qui empêche tout développement et réduit toute une partie de l’humanité au rang d’esclave perpétuel. Une analyse impitoyable. Un réquisitoire sans appel et toujours d’actualité contre un système international qui écrase l’Afrique. On a vu depuis que cette machine infernale n’épargnerait personne. À l’époque, seul François Mitterand était partisan de l’effacement de la dette. En Afrique, peu de chefs d’Etat étaient prêts à se libérer de cette tutelle, excepté Kadhafi. On sait que cela fut réglé de façon bien peu élégante. Le capitalisme mondialiste sauvage ne fit aucun cadeau !
Sur notre belle planète qui déborde de richesses, toutes les cinq secondes, un enfant de moins de 10 ans meurt de faim et 37 000 êtres humains disparaissent chaque jour à cause du manque de nourriture. Dans leur brutalité, les chiffres dépassent l’entendement. Le scandale de la faim dans le monde est dénoncé depuis si longtemps que nous finissons par nous y habituer. Pourtant, la situation actuelle mérite une étude attentive comme celle réalisée par Jean Ziegler, professeur de sociologie à Genève et vice-président du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Alors que l’agriculture mondiale pourrait nourrir douze milliards de personnes, les sociétés multinationales du secteur alimentaire bloquent les réformes agraires essentielles. De plus, les prix du maïs, du riz et du blé qui représentent 75% de la consommation mondiale, flambent comme quelques exemples permettent de le constater. Au cours des dix-huit derniers mois, le prix du maïs a augmenté de 93%. Une tonne de riz qui coûtait 105 dollars, en vaut maintenant 1 010 et le prix de la tonne de blé meunier (271 €) a doublé depuis septembre 2010. Pour quelle raison ? Tout simplement pour permettre aux spéculateurs de réaliser des profits astronomiques. Pendant ce temps, la nourriture est devenue trop chère pour les programmes d’aide d’urgence en Afrique.
Ce phénomène est relativement récent puisque c’est depuis 2008 que des fonds spéculatifs et de grandes banques spéculent sur les marchés des matières premières agricoles. Ces spéculateurs affament des populations entières et sont donc auteurs d’un véritable crime collectif.
Il serait temps de réaffirmer ce droit à l’alimentation inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme pour que ce droit élémentaire reprenne le dessus sur l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et le FMI (Fonds monétaire international), deux organisations qui travaillent pour le capitalisme financier et sont plus puissantes que la FAO (organisme onusien pour l’alimentation et l’agriculture) et le PAM (Programme alimentaire mondial).
Ne nous étonnons pas alors si des insurrections paysannes enflamment l’Indonésie, les Philippines, le nord du Sénégal ou le Brésil. Il est urgent d’interdire la spéculation boursière sur les aliments de base ainsi que la destruction de centaines de millions de tonnes de plantes nourricières (agro carburants), de désendetter les États les plus pauvres et surtout de rendre la terre aux paysans.
je l'avait chercher partout mais enfin ici je lai trouver
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