"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Duel dans les sommets entre un vieux berger et le jeune loup dont il a abattu la mère. L'histoire est saisissante, on perçoit toute l'intensité de la confrontation entre l'homme et l'animal. On peut ressentir le froid de la neige et de la nuit, la force des combats et la majesté de la nature sauvage grâce à son graphisme remarquable.
Un vieu berger solitaire est confronté à un jeune loup, à qui il a laissé la vie sauve quand il n'était d'un louveteau. Devenu adulte, il se nourrit et l'attitude du berger change il doit protéger ses bêtes. Une sorte de conflit s'installe entre l'homme et l'animal.
Nous voilà au coeur du parc des Ecrins face à une problèmatique bien réelle : le réintroduction du loup face à la préservation des troupeaux. Mais c'est surtout la rudesse de la vie en montagne qui nous est montrée ici, rudesse qui n'épargne pas plus l'homme que l'animal.
Quasiment monochromes les illustrations n'en montrent pas moins la beauté et la grandeur des paysages.
Une BD qui transporte tout en abordant des sujets d'actualité.
Huit- clos dans le massif des Écrins
Pour défendre ses moutons, le berger, Gaspard, tue une magnifique louve. « ça fait quand même du mal de tuer une bête pareille. J’en rêve la nuit. Elle me hante. »
Son louveteau reste tout seul et cherche sa nourriture. A un moment, il va se trouver au bout du fusil de Gaspard, qui renoncera à tirer : « t’es trop jeune pour mourir. On règlera ça plus tard. »
Quand le loup tue son chien, et son troupeau entier, Gaspard décide de l’abattre et se lance à sa poursuite dans la montagne.
« Une harde de chamois s’écarte sur leur passage. Ils se mettent à l’abri au flanc de la grande aiguille. Ils ont senti la présence des deux prédateurs. »
Une lutte pour la vie dans la neige, dans la tempête s’engage alors…
J’ai adoré cette BD de Jean-Marc Rochette.
Tout d’abord, le graphisme. L’accent est mis sur les paysages, rudes et sauvages, sur l’expression des visages ou des gueules quand il s’agit du loup. C’est très réussi, car bien confortablement assis, on saisit tout de suite la férocité et la détermination farouche de l’animal.
Ensuite, le traitement du thème : la complexité des liens entre les animaux et l’homme. Il s’agit de deux prédateurs, à égalité l’un avec l’autre. Et chacun connait son adversaire et le respecte.
Un vrai thriller dense, émouvant et riche !
Chronique précédemment parue sur le blog www.sambabd.net
Il aura mis le temps, en prenant parfois des chemins sinueux, mais Rochette est enfin reconnu comme un grand auteur de BDs. Bien sûr, il y a eu le Transperceneige au début des années 80, ou même encore Edmond le Cochon peu de temps avant, mais cela ne lui avait pas spécialement apporté la reconnaissance du (grand) public. Cette injustice est désormais réparée, notamment depuis le sublime Ailefroide qu’il confirme, un peu comme le si fatal second album pour tant de groupes de musique (à l’époque où on faisait encore des albums…), avec Le loup, sorte de suite graphique d’Ailefroide. Car c’est vrai qu’à première vue on pourrait craindre (ou espérer, puisque c’était excellent) une resucée de son carton de l’an dernier. Le format de la BD, son graphisme, le lieu où se situe l’histoire, etc. Et pourtant, ce n’est pas du tout le cas.
Le loup est une fiction.
Ou l’est-ce vraiment ? Il est vrai que certains éléments permettent d’en douter. D’abord, Rochette prête ses propres traits à son personnage de berger bougon totalement désabusé, voire éteint, malmené par la vie… et surtout par les pertes d’êtres chers. Ensuite, il situe l’action de son livre en plein dans le parc des Ecrins, à quatre pas de sa maison (comme le chantait Brassens… Si, si, le premier qui me trouve le titre de la chanson gagne toute ma considération !). Mais bon, pour le reste, on est plutôt dans la fable que dans le récit autobiographique.
En tout cas, c’est beau (on est effectivement dans la même veine graphique qu’Ailefroide, avec ce trait gras et ces noirs profonds qui lui permettent de rendre parfaitement les ambiances très minérales de la montagne) et c’est fort. Je veux dire par là que la lutte acharnée que vont se livrer le loup et l’homme pour la prééminence sur un territoire en particulier est, au final, très animale, dans le sens où c’est ce que font les animaux dans la nature : ils luttent pour leur espace vital. Et c’est cette « animalité » qui, paradoxalement, rapproche ce berger et ce loup. L’homme se met au niveau du loup et réciproquement. C’est beau vous-dis-je !
Bon, vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce nouveau roman graphique de Rochette que j’ai dévoré de bout en bout et que je vous conseille d’acquérir et même d’offrir aux gens de qualité dans votre entourage.
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