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La servitude de la pauvreté
Le jeune Ilya est né serf en Russie. Tout jeune, il assiste à la débauche de son maître, puis du fils de celui-ci. Mais le jeune garçon est doué pour la peinture et son maître l’envoie se former en Europe, où il va approfondir son art mais également goûter à la liberté.
Pourtant, ce jeune homme pieux décide de retourner dans son pays pour peindre l’église de son village.
A son retour, les choses ont bien changé. Son maître a épousé une jeune femme d’une grande beauté dont le jeune peintre va tomber éperdument amoureux.
Cette courte nouvelle de Chmeliov est un aller simple pour un passé révolu. Tout ce récit est comme nimbé d’une teinte sépia.
Des thèmes assez sombres apparaissent en filigrane comme l’absence de liberté des serfs ou des femmes, seuls les hommes propriétaires semblent libre d’assouvir leurs plus bas instincts.
Mais le tout est plutôt à lire comme un roman de chevalerie des temps anciens. Jamais le jeune Ilya n’a l’intention de séduire sa maîtresse, un seul regard échangé lui suffit.
La foi apparaît comme un réconfort pour ces êtres asservis et condamnés à ne pas suivre les penchants de leur cœur.
Un court récit intéressant mais pas inoubliable de cet auteur russe.
Ivan Chmeliov est né en 1870 à Moscou dans une famille de marchands. Garçon ! est son premier roman couronné de succès en 1911. S’il est favorable à la première révolution menée par les mencheviks en février 1917, il s’oppose à celle d’octobre. Réfugié en Crimée, où il souffre de la faim, il se résoudra à l’exil en France après que son fils unique fut fusillé par les bolcheviks en 1923 ; une histoire qu’il relatera dans son œuvre la plus célèbre, Le soleil de la mort. Il demeurera en France jusqu’à sa mort en 1950.
Le narrateur habite avec sa femme, ses deux enfants et deux locataires dans un appartement de Moscou ; il est serveur dans un restaurant.
Le roman ouvre ainsi sur plusieurs fenêtres : la haute société et ses habitudes parfois répréhensibles, les agitations de l’époque (le récit se passe en 1905, la période de la première révolution russe, dans laquelle Koliouchka, le fils de notre serveur, sera impliqué), la condition modeste des employés. On s’attache à la personnalité du « garçon » , Skorokhodov, qui devra faire face aux vicissitudes de l’histoire et les acceptera avec courage, sans chercher à se rebeller, pétri par la foi et le sentiment que toutes les épreuves ont un sens.
Le style de Chmeliov nous rend perceptible avec beaucoup d’acuité l’ambiance du restaurant, la vie des gens, leur caractère. Une belle introduction à l’œuvre de Chmeliov, malheureusement peu traduite en français.
Plus d'informations sur : https://evabouquine.wordpress.com/2016/11/01/ivan-chmeliov-garcon/
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