Quand nos lecteurs participent aux salons littéraires Retrouvez leur reportage : Lire en Poche à Gradignan, la fête du livre au Château du Clos de Vougeot, La Fête du livre de Merlieux, Lisle Noir, les vendanges du Polar,
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Sur la quatrième de couverture, ce texte est appelé « journal de vie ». Pas « journal intime ». Quelle est la différence ?
Je dirais qu'il n'est pas daté au jour le jour tout en étant chronologique ; qu'il est décomposé en chapitre et en parties, ce qui suppose une interprétation des évènements. Les trois parties intitulées : INLUST, INLAS et INLOVE représentent "les trois grâces" (p 148). Pour ces raisons, je parlerais volontiers de moments de vie dont une empreinte de fiction réside dans le choix de ce qui est rapporté ou non, ainsi que dans la façon dont il est rapporté.
Quoi qu'il en soit, ce récit raconte la « fuite » d'une femme de 42 ans dans la forêt biélorusse. Ce n'est pas un retour au pays natal (elle est née en Roumanie), mais au pays de ses origines (la Pologne, que son père a fui en sens inverse). C'est également un retour à l'amour (nouvel homme, nouveau bébé) et à la "grâce" de la dernière forêt primaire d'Europe.
Tout d'abord, Irina Teodorescu nous invite à des promenades, sylvestres, oniriques et fantasmatiques, entremêlées d'hallucinations provoquées par diverses drogues (alcool, beuh, ecsta, etc.). Les associations d'idées, de mots, de pensées, les « élucubrations » « sans élagage » illustrent la bizarrerie de l'« agitatrice de la langue », comme elle se présente et nous plonge dans le vécu intime de la « performatrice-poétesse », métier qu'on lui attribue.
Puis, dans la cabane jaune (qui ressemble un peu à la maison bleue de San Francisco) les réflexions politico-écolo-humanitaires d'"intello-extrasensibles" réunis par le hasard ou par conviction s'entrecroisent au fil des rencontres.
Enfin, la contradiction entre la réalité des émigrants qui appelle à la solidarité et la violence des douaniers barrant une frontière artificielle et absurde où chacun repousse l'autre écartèle la magie du lieu.
Sept photos, en noir et blanc, montrent la forêt dans son état naturel, ni spectaculaire ni quelconque.
Désormais, la forêt sera intérieure. le titre évoqué en dernière page annonce moins une fin qu'un projet. Ambitieux ? En tout cas, pour ce livre, une « performance artistique ».
anne.vacquant.free.fr/av/
« J’ai atterri ici, dans ce qu’ils appellent une « agroturistica », une nuit de pleine lune, début octobre, les chênes étaient dorés, les pins toujours verts, c’était époustouflant de beauté ».
La canopée lève ses miscellanées. « la forêt, désormais, de l’intérieur », rémanence et le chant d’une littérature qui excelle.
On marche sur les feuilles craquantes, « le partout, 57043,27 hectares de forêt, des bois et des réserves naturelles, aussi sauvages les unes que les autres ».
L’œuvre qui se crée. On ne lit plus. La trame est vivante et nous prend par la main.
C’est un récit vrai, intime, onirique et puissamment engagé, étincelant. Un tissage fascinant au jour le jour à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie.
Une forêt ancestrale, vierge et non apeurée. Qui acclame les visites parce qu’étranges et en mimétisme certain.
Se fondre dans cette forêt, une maisonnette cachée sous les mousses. Les fenêtres qui reflètent les mystères et les vertus, les douleurs, les insistances et les prises de risque.
Irina Teodorescu est ici. Elle a laissé ses grands enfants en France. Elle pressent dans cet espace, l’idiosyncrasie du monde. Les endurances et le poids lourd d’un bois mort qui pourrait la faire flancher encore.
Elle est de déambulation,de collecte et d’écriture. Elle s’ouvre à l’adversité, aux hôtes des bois. Elle fait des rencontres aussi sauvages et repliées qu’elle-même. Elle dévoile subrepticement un quotidien rude et accepté. Une connivence dans un hiver glacé et hostile. La chaleur humaine est vaste et spontanée. Irina Teodorescu est spéculative. Son écriture feuillage et âpre. Elle ne cède rien. Diogène et digne telle une essentialiste également. Elle sait combien la frontière est trouée et cède le passage aux dos courbés et aux mains meurtries de froid. Elle pressent les barbelés sur les fronts lourds et les diktats des migrations. Elle somme les migrants, la solidarité et la débrouillardise, malgré les tanks et les militaires. Agir comme un rai de lumière. Naturelle et complice de ceux qui sont tels des invisibles pour l’humanité. Elle note et consigne tout. Ses rêves qui changent de forme dans ces clairières hédonistes. L’autorisation aux fantasmes. Ici, est le liant. Elle sait combien cette forêt emblématique est une fourmilière où gravite l’humanité. Où s’élève l’ésotérisme. « Conclusion : Si on s’endort contrariés, la forêt rêve à travers nous. Et non seulement à travers, mais aussi pour. » « Et tu ferais quoi, si tu étais très riche ? J’achèterais cette forêt, côté Biélorussie y compris. Et tu ferais quoi avec cette forêt ? Rien, justement, je lui foutrais la paix ».
Irina pense comme la forêt. Elle est dans une posture libre et initiatique. Elle fuit sa mère. Dévoreuse de tendresse, dents acérées. La maternité scie l’arbre souverain. Les échanges téléphoniques avec elle, sont rares comme un rappel à la normalité. Elle réfute l’ordre et interpelle sa liberté de femme, d’amante absolue. Irina Teodorescu préserve ici, son intimité, ses silences. Elle fuit les friches du monde d’en haut. Écrire les sacrifices, les prises de risque, les arbres comme des explosions sur son propre corps. Elle est liane, végétale. Son îlot intérieur comme un sous-bois où se réfugient les migrants. Elle est le vacarme politique. Les sidérations qui témoignent. Le mémorial des possibilités. Les déambulations comme des hallucinations. Elle marche jusqu’au paroxysme des magies, des drogues et de l’amour. La forêt résistante, théologale et berceau. Devenir feuillage. La forêt-monde, nomade en son cœur. Avide de symboles et de raison : la sienne. Ce livre-journal est essentiel et brûlant. Inépuisable forêt, l’antre inestimable où tout peut advenir. Mésange et louve, écrivaine et combattante qui déjoue la fresque humaine si chaotique. Un journal-mousse, comble de paraboles. La renaissance comme un rêve qui se révèle. D’ombre et de lumière, vibrant et métaphysique. Le miroir d’une femme, sylvestre devenue. Publié par les majeures Éditions La Grange Batelière.
Ni poète ni animal de Irina Teodorescu est beaucoup plus qu'un roman, c'est un témoignage fort sur le quotidien d'une enfant en Roumanie pendant la guerre froide.
L'auteure par la voix de sa narratrice entrouvre la porte de sa famille en cette année particulière de 1989 où elle fête ses 10 ans.
J'ai aimé les 3 beaux portraits de femmes qui dessinent le texte. Celui échevelé de la grand-mère Dani pris dans les filets de la folie, celui de la mère Em(a) dont le caractère énergique et fantasque s'exprime dans des cassettes audio qui s'accumulent dans des cartons.
Et Carmen, qui apprend à grandir sous surveillance, avec l'innocence amusante de son âge et sous les feux de son immense admiration pour un poète dissident.
Ce roman est une très belle immersion culturelle et humaine faisant rimer de manière brillante légèreté et dictature dans les yeux d’une enfant qui comme le Petit Poucet sème les cailloux de la révolution qui gronde.
Emouvante mais sans pathos, sincère et édifiante, la belle écriture d’Irina Teodorescu donne tout son sens au mot liberté.
Bon sang que j'ai aimé ce livre ! Je l'ai trouvé d'une beauté profonde. D'une beauté de fleuve que l'on a l'illusion d'apprivoiser mais qui continue de "passer sans passer".
Né sous les bombes, Bo est prédestiné par sa mère à être et à rester un "petit traitre". Dans la "Nouvelle Société" dictatoriale issue de la guerre, Bo grandit et montre vite sa passion des mathématiques appliquées aux transmissions. Devenu chercheur à l'Institut de Recherches Scientifiques, persuadé de l'importance de ses travaux, il résiste avec insolence aux ordres "d'en haut". Mais pour que son fils reçoive les soins nécessaires à sa survie, Bo doit négocier un voyage à l'étranger. Un marché lui est alors proposé par les autorités. Une alternative qui ne lui laisse que le choix entre le pire et le pire...
Tout est beau, tout est signifiant, tout est créatif dans ce roman ! Du titre qui joue sur la polysémie et l'homophonie du mot "compter" aux personnages qui parviennent à trouver des éclats de lumière sous l'étouffoir de la dictature en passant par l'écriture fluide, mouvante, pleine de fantaisies et de chagrins bâillonnés. Irina Teodorescu bouscule les codes romanesques dans un jeu perpétuel avec les temporalités, les voix, les points de vue et dessine ainsi un univers qu'elle met à notre portée jusqu'à nous en faire ressentir les moindres palpitations, les plus fines émotions. La poésie épouse le réalisme, l'humour embrasse le drame et du plus intime jaillit l'universel. Et tout cela en gommant toute apparence d'effort, tout procédé ostensible ! La lecture devient lumineuse, évidente, même dans ses anfractuosités les plus furtives.
L'on devine, l'on ressent profondément dans les fibres du récit, une douleur latente, un questionnement qui brûle encore et qui devient nôtre par la magie de cette écriture et de ces choix narratifs. Il est tout proche de nous, celui qui comptait être heureux longtemps, il nous est familier, il nous est parent, il nous est semblable. Son histoire pose une question de conscience, de négociation insoluble entre des devoirs irréconciliables, entre sentiments et intégrité. Mais c'est au lecteur de discerner ces strates interprétatives car rien n'est explicitement asséné. Et c'est là aussi que réside la force du roman d'Irina Teodorescu : dans tout ce qu'il dit bien au-delà des mots.
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