Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Pas du tout connaisseur de l’art lyrique, je connais quelques titres d’œuvres, quelques grands airs et de rares noms d’interprètes et pourtant mon ignorance dans ce qui fait le contexte du roman de Henri Bonetti ne m'a absolument pas gêné. Ce qui m'a un peu dérouté au départ, c'est l'usage de mots en italien et en italique qui auraient leurs correspondants en français. Le plis pris, je me suis dit qu'ils renforçaient ce contexte de l'Italie post-fasciste et post-guerre et surtout l'Italie qui se passionne pour les grandes scènes lyriques et les grandes chanteuses.
Construit en courts chapitres ce roman est passionnant et se lit d'une traite. Enzo et Michele se retrouvent, se fâchent, se re-retrouvent et se disputent sur les qualités des deux divas. On peut trouver ce motif de fâcherie bénin voire puéril, mais ils sont pris par leur passion et beaucoup de Milanais avec eux : c'est aussi fort que les supporters du PSG et ceux de l'OM. Enzo est le tenant d'une longue tradition de chanteuses à la voix d'ange qui savent passer d'une note à l'autre avec grâce, douceur et pureté. Michele lui, aime la Callas qui a parfois une voix qui coince, mais elle y fait passer beaucoup plus d'émotions, d'elle-même et elle joue véritablement sur scène, une vraie tragédienne.
Entre deux chapitres consacrés aux deux hommes, Henri Bonetti en place qui parlent des deux divas, de leurs vies, de leur art qui rajoutent de la réalité et une érudition calculée et bienvenue. Le tout s'enchaîne parfaitement. Écriture fluide, très accessible malgré les mots en italien et le thème de fond que je ne maîtrise pas du tout (c'est formidable, j'apprends plein de trucs), phrases souvent courtes, pour décrire la vie milanaise des années cinquante, la vie d'Enzo et Michele et leurs amis et la genèse d'une certaine vedettisation du monde artistique avec la Callas.
J'aime beaucoup les livres de Henri Bonetti, j'en ai déjà lu 3, des polars : Monet, money, L'homme qui avait recueilli les dernières paroles de Gunnar Andersson, L'odeur du ciel, tous très bons. Pour son premier roman hors polar, il ne fait pas dans la facilité en parlant d'opéra souvent vu comme élitiste et peu accessible, en interpellant parfois son lecteur (très réussi), en usant d'une belle langue qui me ravit mais pourra décourager les tenants de l'oralité et de la modernité à tout crin. Il gagne aisément son pari de créer "une fluidité dans le récit qui en rende la lecture aussi douce à suivre qu'une aria chantée pas la Callas (ou par la Tebaldi)". (4ème de couverture)
Ce faux recueil de nouvelles est un vrai roman où tous les protagonistes parlent du même sujet : la peinture, et notamment celle d'Alexis Lioguine. J'aime beaucoup cette construction gigogne, où l'on devine ou imagine des liens entre les histoires avant que l'auteur, à la fin, comme une chute de nouvelle nous les révèle. Je me suis régalé, comme d'ailleurs dans les autres livres de l'auteur que j'ai déjà lus : Monet, money et L'homme qui avait recueilli les dernières paroles de Gunnar Andersson, deux romans dans lesquels on croise aussi Karim Kacem, le privé. Henri Bonetti bâtit des romans de façon originale, soit touffu, soit à multiples entrées soit, comme ici, à divers époques et intervenants aux horizons très éloignés. Et à chaque fois, moi -qui suis un lecteur linéaire- qui n'aime pas trop cela, je m'y retrouve sans peine et en redemande même.
Je n'en dirai pas beaucoup plus, car le truc, c'est de se laisser surprendre, allez-y sans crainte. C'est un peu comme un film que vous avez vu et que vous aimez conseiller sans rien en dire pour ne rien dévoiler, ne rien déflorer, que vos amis aient la même sensation, le même plaisir que vous. Ah si, Chu Teh-Chun a existé réellement et je l'ai découvert grâce à ce livre. Sa peinture est une explosion de couleurs et de lumière, j'aime beaucoup.
Et faites comme moi, si vous croisez à la bibliothèque -ou ailleurs- des livres Cohen&Cohen, collection Art noir, laissez-vous faire, je crois n'y avoir eu aucune déception et surtout pas avec Henri Bonetti.
Excellent roman noir à multiples entrées et qui malgré cette donnée souvent perturbante pour un pauvre lecteur vite perdu comme moi, se suit sans perdre le fil ni de vue le tableau. Toutes ces entrées convergent vers la toile de Monticelli. Il y a Isabella la flicque, Samba et Fatou, Oreste le sage, Perrodil le mécène et Urbain le propriétaire du tableau, Karim le privé, Step le tueur, et encore d'autres personnages : un commissaire obsédé, un délégué syndical pas très clair, des marlous, des caïds, des tués par erreur ou précipitation, ... et Gunnar Andersson, que personnellement je ne connaissais pas, ex-joueur de foot, gloire de l'Olympique de Marseille des années 50.
Tout cela s'imbrique parfaitement et en quelques retours en arrière lorsqu'on change de narrateur, le lecteur capte la totalité de l'affaire. Il y a en plus, Karim, le privé qui raconte en italique et après coup son histoire à un nègre chargé d'écrire sa bio et qui explique bien des choses.
Henri Bonetti construit son roman de manière très originale, ce qui rend son histoire diablement intéressante et changeante. Et la légèreté du début s'efface bientôt au profit d'une noirceur qui n'est néanmoins jamais délestée totalement d'un certain humour. L'histoire devient au fil des pages plus profonde qu'il n'y paraissait au départ, parle de la jeunesse d'origine étrangère d'il y a quinze ans, du poids des traditions familiales, du monde des petits malfrats, des flics corrompus, ...
Une vraie belle histoire avec des personnages nombreux et attachants arrivés là-dedans par hasard, qui tourne autour d'un tableau et d'un peintre méconnu, Monticelli, qui pourtant fut un modèle pour Van Gogh. C'est cela qui est bien dans les polars de Cohen&Cohen, on apprend toujours sur l'art, la peinture en particulier. Et Henri Bonetti de nous intéresser à Monticelli avec élégance et parfois parler local. et Gunnar Andersson, le footballeur dans tout cela ? Eh bien, vous le saurez en lisant ce formidable polar.
Depuis qu'il a été viré de son poste de cadre à la banque, Benoît Thérin rêve de se venger de son ancien ami qui fut aussi son directeur et donc l'artisan de sa mise à la porte, Ludovic Taillefer. Ce même Ludovic Taillefer, lui-même viré quelque temps plus tard, un type imbuvable, est l'heureux possesseur d'un tableau de Claude Monet, exposé dans sa luxueuse villa méditerranéenne. Ce tableau est volé. Entrent alors en scène, Karim Kacem, enquêteur pour la compagnie d'assurances, Nathalie fonctionnaire des impôts qui veut se payer Taillefer, exilé fiscal, Ange, un truand qui veut faire son come-back avec un vol de Monet, plus quelques seconds couteaux...
Tout cela a l'air confus... et rien ne l'est. Le talent d'Henri Bonetti est de ne jamais nous perdre entre les divers protagonistes qui se croisent sans se connaître, puis finissent par se connaître. Ils ont tous en commun cette toile de maître, inconnue et pourtant tant convoitée. Le romancier procède par petits chapitres, eux-mêmes calibrés en courts paragraphes, ce qui fait qu'on a le temps de se repérer dans ses nombreux personnages, et je vous le dis ici, si je ne me suis pas perdu, aucun risque que vous ne le fassiez, tant je me perds aisément lorsque les entrées d'un roman sont multiples.
Je me suis régalé de bout en bout. L'auteur harponne le lecteur dès les premiers mots et ne le lâche plus avant la toute fin, bouquet final de cette aventure formidable. Le rythme est enlevé, alerte, les personnages sont parfois pitoyables, mesquins, désagréables, sympathiques... Certains restent tout du long ce qu'ils sont réellement tandis que d'autres changent parfois radicalement et se retrouvent dans des situations dans lesquelles on ne les attendait pas. Les seconds rôles ne sont pas en reste, bien présents et décrits, comme des seconds rôles de cinéma, du temps des grands polars français : on pourrait presque voir les gueules de ceux qui jouèrent ces rôles et qu'on a tous en tête sans connaître leurs noms.
C'est plein de rebondissements, des choses joyeuses, car ce roman est avant tout joyeux, c'est une aventure qui si elle ne décroche pas de gros rires laisse le sourire aux lèvres parce qu'il faut bien le dire, tous ces gangsters et apprentis gangsters forment quand même une belle bande de loosers.
Hyper agréable à lire, le temps passe à un rythme fou, en fait c'est en arrivant à la fin qu'on remarque qu'on vient de lire 300 pages. Le genre de polars que l'on emporte partout pour profiter de cinq ou dix minutes d'attente ou de temps libre pour avancer dans l'histoire. Un coup de coeur polar.
Et comme toujours dans cette collection Art noir de chez Cohen&Cohen, le livre est très beau, tranches et couverture noires à peine colorées d'une petite représentation d'une toile de Monet et du texte en blanc. Je suis devenu accroc à cette collection...
PS : et ce titre qui sans cesse me met en tête Abba, Money, money, money... Y'a pas de raison que je sois seul à souffrir avec cet air toute la journée.
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