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Victor Hugo la surnomma la « Voix d’Or », Jean Cocteau inventa à son propos l’expression « monstre sacré ». Elle était « La Divine » et « La Scandaleuse ». Elle reste la plus célèbre des tragédiennes françaises, la première star connue dans le monde entier, pour ses talents et pour son extravagance. Hélène Tierchant la fait revivre dans une biographie documentée, fourmillant d’anecdotes pittoresques, qui nous replonge entre XIXe et XXe siècles, de la guerre de 1870 à celle de 1914 en passant par la Commune, dans un tourbillon où gravitent les plus grandes personnalités politiques et artistiques de l’époque.
Qu’elle est fascinante, cette femme qui, avec un panache n’égalant que son talent, explore tous les arts : théâtre, littérature, peinture, sculpture, et même le cinéma naissant, avec le même irrésistible succès. Fille sans père d’une courtisane – ce qui lui donnera l’occasion d’entretenir une dramaturgie toute d’affabulation sur ses origines et son identité –, très tôt déterminée à « mourir plutôt que de ne pas devenir la plus grande actrice du monde » et toute sa vie véritable bourreau de travail, elle entre à la Comédie-Française dès sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Paris, y triomphe avant d’en claquer la porte pour créer sa propre compagnie, sillonne les cinq continents dans de triomphales tournées où elle gagne des fortunes aussitôt dilapidées. Elle déchaîne les foules partout où elle passe, côtoie et inspire les plus grands : Victor Hugo, Emile Zola, Edmond Rostand, Pierre Loti, Jean Cocteau, Oscar Wilde, Marcel Proust…, et, toujours, fait preuve d’un art consommé de la mise en scène, au théâtre comme à la ville.
Sa vie privée est mouvementée. Femme fatale, elle collectionne les amants – dont l’empereur Napoléon III et le futur roi Edouard VII – sans exclure les relations rétribuées, s’éprend deux fois à la folie d’hommes voyous et drogués, n’aura qu’un fils, à vingt ans, dont elle prétendra qu’elle ne se souvient jamais si le père est « Victor Hugo, Gambetta, ou le général Boulanger ». Excentrique et passionnée au dernier degré, elle fascine autant qu’elle scandalise, se fait photographier dans un cercueil capitonné trônant en permanence dans sa chambre, abrite chez elle une vraie ménagerie – avec lionceaux, alligator, singe et boa –, organise une expédition punitive, poignard et cravache en main, pour saccager l’appartement de l’auteur de pamphlets à son encontre. Elle s’illustre par son courage patriotique lors de la guerre de 1870 en installant un hôpital au théâtre de l’Odéon. Elle soutient Louise Michel pour la cause des femmes, Victor Hugo contre la peine de mort, Emile Zola dans l’affaire Dreyfus. Amputée d’une jambe à plus de soixante-dix ans, elle continue à se produire sur scène et se fait porter jusque dans les tranchées pour soutenir les Poilus de la Grande Guerre.
Hélène Tierchant nous régale de son récit fluide et rythmé qui se lit comme un roman et qui, non sans humour, ne cesse de nous ébahir de ce portrait si détonant dans sa rigoureuse authenticité. Indomptable portant haut la devise « Quand même », Sarah Bernhardt continue à impressionner comme elle a subjugué le monde entier à son époque. Admirée ou détestée, elle n’a laissé personne indifférent, ni tsar, empereur ou prince, ni grands noms de la littérature, de Flaubert à Victor Hugo en passant par Tchekhov, Oscar Wilde et bien d’autres…
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