"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Drôle d'affaire que celle qui a sévit pendant plus de trente ans à Kerlouan. Un mystérieux ou une mystérieuse personne, qui sabote les bateaux à l'ancre dès la saison d'été venue. J'ai aimé ce livre, les personnages qui , bien que très prévisibles, forment un paysage pas loin de la réalité. La famille noble, avec une tradition bien ancrée, de père en fils, gradés dans la marine.
Et de l'autre côté, les petites gens , pêcheurs, paysans, durs à la tâche et prompt à la bagarre.
Il y a , comme souvent en Bretagne, le catholicisme, le curé bienveillant, qui semble plus proche de l'ancienne noblesse que de la piétaille.
Tandis qu’un étrange naufrageur, qui depuis plus de trente ans, sabote les embarcations locales, la vie continue, un peu tendue dans les villages de Kerlouan et Guissény.
Gérard Chevalier fait le portrait des habitants, du cafetier au pêcheur, du hobereau local, Camille de La Roche-Maillebois amiral de la Marine Nationale à son ancien quartier maître devenu régisseur du domaine… Ils sont forts bien dessinés, avec une mention spéciale pour trois d’entre eux, les plus truculents : Yohan de La Roche-Maillebois, l’héritier qui accuse un retard intellectuel évident, Isabelle, jeune femme trisomique -tous les deux ont un langage fleuri qui surprend et apporte de la légèreté- et Linda la femme du régisseur, très avenante, qui attire les regards masculins et les reproches féminins… et aussi masculins, de ceux qui savent qu’ils ne peuvent l’approcher.
Malgré certaines longueurs, et un temps d’adaptation pour se faire aux multiples sauts dans le temps -un coup en avant, un coup en arrière-, la lecture est plaisante, la Bretagne est toujours aussi belle sous la plume de l’auteur et ses personnages emmènent allègrement cette histoire. C’est à mon sens davantage l’histoire de la vie de villages bretons sur quatre décennies qu’un roman policier, même si la recherche du naufrageur occupe les esprits des gendarmes et des villageois et tend les rapports entre tous.
Gérard Chevalier délaisse pour un temps le roman policier pour un roman fantastique, dans lequel ses talents de raconteur d'histoire et son humour persistent. Et voici son héros, cinquantenaire banal, plongé au cœur de la Préhistoire, aux côtés de Néandertaliens. Toutes les lectures et tous les films sur ce thème sont remontés de La guerre du feu, à Retour vers le futur en passant par Les visiteurs et les livres de Barjavel et autres... Gérard Chevalier écrit des livres positifs, des livres qui ne stressent pas ni n'angoissent les lecteurs. Il y a du suspense mais pas de tension, beaucoup d'humour et d'humanité, car il aime profondément les personnages qu'il crée.
Solidement documenté, son roman fait revivre un groupe de Néandertaliens, assez loin de l'image qu'on peut en avoir de brutalité, violence. Certes, ce ne sont pas des tendres, mais comment pourraient-ils l'être lorsqu'il faut côtoyer des animaux énormes et voraces et lorsqu'il faut chasser pour nourrir le clan ? Même si c'est avant tout un roman de divertissement, il est difficile de ne pas faire le parallèle entre la violence préhistorique et celle qui a cours de nos jours, entre la vie de clan et celle totalement individuelle que nous vivons actuellement... et l'entraide, la communauté... Loin de moi l'envie d'aller chasser avec des armes aux pierres polies -et l'envie de chasser tout court-, mais Paul semble s'y trouver pas mal.
Une lecture agréable et décalée, drôle et humaine, bien écrite et légère
Si vous n'êtes amateur que de romans policiers lourds, denses et noirs, passez votre chemin. Ici, tout est beau, pas toujours léger, mais il flotte néanmoins une ambiance bon enfant, optimiste. La preuve que l'on peut faire de bons romans policiers avec de la bonne humeur et des bons sentiments. L'ambiance peut être également chaude lorsque le désir s'empare du commandant Garnier et/ou de sa collègue la capitaine Fougère, ce qui arrive assez régulièrement, mais je rassure les chastes oreilles et yeux, tout est suggéré, rien n'est décrit.
Dans de longues digressions si l'on considère que Gérard Chevalier écrit un polar -mais l'on peut aussi prendre le sujet à l'envers et se dire que l'auteur écrit un roman naturaliste dans lequel l'intrigue -tout à fait originale- serait la digression-, le romancier décrit la nature, son amour pour la France profonde, ses habitants qui travaillent et vivent sans faire de bruit, ses animaux et son patrimoine. Cela fonctionne bien, ça ne fait ni roman régionaliste -au sens péjoratif ou certains l'entendent- ni franchouillard-chauvin. C'est simplement -et c'est beaucoup- un roman qui se lit le sourire aux lèvres et l'envie d'aller voir dans son jardin la nature et les oiseaux. Gérard Chevalier est un auteur malicieux, plein de bons mots et d'humour, c'est entre autres, ce qui ressort de cette lecture.
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