"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une ville. Trois hommes. Trois quêtes désespérées.
Barcelone. Esteban Major. Marcos Javier. Pepe Collar.
Le premier, avocat de droite, découvre par hasard que son fils est compromis dans une affaire louche. Il parcourt la ville en tout sens pour l'empêcher de commettre un meurtre, allant même jusqu'à se substituer à lui pour le sauver.
Le deuxième, cadre du Parti communiste, cherche la vengeance. Il arrive de Madrid sur les traces de Sebastián Lago, le traître qui a causé la mort de nombreux camarades.
Le troisième se remet d'une maladie qui l'a cloué au lit trop longtemps pour maintenir son train de vie. Il s'est séparé de presque tous ses biens mais veut reconquérir la ville, retrouver sa gloire passée. Il suffirait d'un contrat signé pour lui remettre le pied à l'étrier...
Sans qu'ils le sachent, les destins de ces trois hommes vont se croiser. Par l'intermédiaire d'une jeune femme, Marta ou Pili, deux prénoms pour une même personne, religieuse et prostituée, fille trop aimante pour garder son innocence. Dans une Espagne post-franquiste, toujours marquée par ces années noires, tous ces personnages se débattent avec un passé chargé et un présent qui ne veut plus d'eux.
Un roman très noir de Francisco GONZÁLEZ LEDESMA qui trimballe ses protagonistes dans un pays ambivalent, qui se cherche encore après dix ans de démocratie. Il montre les multiples visages d'une Espagne traumatisée par la guerre civile et les années de dictature qui l'ont suivie. Le parcours de ces trois hommes s'inscrit dans la désespérance de ceux qui, au soir de leur vie, ont un dernier sursaut pour atteindre le but qu'ils se sont fixé. La femme, sainte ou putain, est une icône sacrificielle qui doit racheter les péchés des hommes.
Des hommes pas forcément sympathiques mais finalement touchants dans leur jusqu'auboutisme. Le militant communiste, lâché par son parti, farouchement décidé à venger ses camarades trahis est peut-être le plus attachant, homme de convictions, droit et probe.
Ce roman, difficile d'accès, s'avère, si on prend le temps d'y entrer vraiment, une plongée effrayante dans l'âme humaine, entre vile bassesse et grandeur flamboyante. Un très grand roman.
Paquito est mort dans un sombre et étroit passage de Barcelone, délesté de tous ses biens, la gorge tranchée. Seul son rubis a échappé au voleur qui lui-même a laissé un fauteuil roulant sur les lieux du crime.
Quand l'inspecteur Mendez vient roder autour du cadavre, ce n'est pas parce qu'il est chargé de l'enquête. Son chef ne lui confierait jamais une telle affaire, préférant le charger de courir après les travestis, les petits voleurs, les prostituées, bref le menu fretin du quartier. Mais ça ne l'empêche pas d'élaborer une petite théorie : Paquito, le représentant propre sur lui est mort de sa bonté et par amour. De sa bonté parce qu'il a sans doute voulu venir en aide à un homme qu'il pensait handicapé et par amour parce qu'il a refusé de céder le rubis auquel il devait être très attaché pour des raisons sentimentales. Fort de ses déductions, il commence des investigations personnelles après avoir réussi à embobiner le commissaire grâce à son bagout et ses airs de ne pas y toucher. Ses pas vont le mener des petits appartements qui ne voient jamais le soleil des petites gens du Pueblo Seco jusqu'aux bureaux high tech des promoteurs immobiliers en passant par une maison de maître biscornue, dernier vestige d'un prestigieux passé qui doit céder la place à la modernité qui aspire la ville dans son tourbillon.
Deuxième enquête de l'inspecteur Mendez, flic vieillissant et cynique qui traînent ses guêtres dans le quartier populaire du Pueblo Seco, juste sous l'avenue du Paralelo. C'est là son territoire, il en connaît tous les recoins, tous les bistros et tous les personnages qui comptent, ou du moins il les connaissait avant que les cabarets, les bars à prostituées, les vieux cafés ne ferment leurs portes à tout jamais sur un passé, certes flamboyant mais marqué par la dictature franquiste. Le progrès et la modernisation sont à l'ordre du jour, la spéculation immobilière bat son plein. Mendez, un brin nostalgique, claudique dans ces ruelles, joue les niais, les impotents, pour mieux approcher les indics, les témoins, les suspects.
Au cœur du roman, la Barcelone populaire, ses habitants, leur gouaille, leurs petites embrouilles, leurs ficelles pour tromper la misère. GONZALEZ LEDESMA, dans un style vif et très imagé, raconte sa ville, telle qu'elle était et telle qu'elle est devenue. On sent son amour pour les petites gens qui naviguent entre misère et désespoir mais sont toujours capables de rêver. Le souci, c'est qu'il en fait un peu trop...Des comparaisons alambiquées au possible, surtout d'ordre sexuel, des personnages pas toujours crédibles et un parler digne des années 40 ou 50, tout cela finit par lasser.
Une lecture mitigée pour cette découverte de Mendez, flic de la vieille école qui allie humour, cynisme et ténacité mais peine à être vraiment sympathique.
Encore un écrivain découvert par hasard ... et encore un écrivain que je ne lâche plus.
La Barcelone d'hier est magnifiquement dépeinte avec ce coté populeux qui aujourd'hui a été remplacé par les banques et les boutiques de fringues que l'on trouve dans toutes les villes du monde ... une ville qui s'est banalisée ... et ce n'est pas le commissaire Mendez qui me contredira.
Ici, chaque enquête de ce commissaire du passé, qui a toujours un livre à lire dans sa poche, n'est que prétexte pour pourfendre les travers de la société d'aujourd'hui avec ses mensonges, ses approximations et ses lâchetés ... hier, ce n'était pas comme cela nous dit Mendez, hier, les voyous avaient du respect pour la vie s'ils ne l'avaient pas pour les richesses, les truands de l'honneur, les putes de la délicatesse... bref, Mendez est un nostalgique du passé pour mieux combattre le non sens et les faux semblants.
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