"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L’art suprême de la guerre est de soumettre l’ennemi sans combattre.
Olrik y était presque...
C’est la saison des suites de séries réalisés par d’autres scénaristes et dessinateurs que le(s) créateur(s) d’origine !
Ces nouvelles approches jouent plus ou moins avec les atmosphères et fondamentaux de ces séries emblématiques. Les graphismes et couleurs de "L’art de la Guerre (une aventure de Blake et Mortimer à New York)" est une totale réussite avec quelques différenciations graphiques qui, loin de nuire à la lecture et à l’ambiance, apportent même une plus grande lisibilité. La pâte de Floc’h dans les graphismes et couleurs est bien présente, tout en se coulant dans les pas de la ligne claire du maître Jacobs. Et les agrandissements des vignettes (par rapport à la densité de celles de Jacobs - parfois extrême) sont au service de l’histoire.
Une histoire où on retrouve le méchant Olrik qu’on pressent vouloir saboter la conférence de la paix à l’ONU où Françis Blake doit contribuer. Et si tous les ingrédients classiques des histoires de Jacobs sont là (le méchant, les nouvelles technologies appropriées par le génie du mal dans des conditions plus que douteuses, sabotages divers, urgence dans la nécessité de contrer le complot, … ) le scénario introduit de la complexité avec les jeux des services secrets et leurs rapports dans un contexte particulier, les manipulations diverses, … Bocquet et Fromental concoctent un scénario très efficace dans lequel il faut plonger sans retenue … et que ménage un suspens … interdisant dans dire plus ici.
On peut toutefois préciser que « l’Art de la Guerre » fait référence au livre de Sun Tsu qui est très présent dans la BD (au-delà de lui donner son titre) avec des citations comme « la grande science est d’amener l’ennemi à vouloir tout ce que vous voulez qu’il fasse » ; mais aussi : « Celui qui occupe le terrain en premier et attend l’ennemi est en position de force. » ; et encore : « L’art suprême de la guerre est de soumettre l’ennemi sans combattre. » … une actualité brulante pour la pensée de ce noble chinois du 6 ème siècle avec JC.
Sincèrement, le nom de Somerset Maugham n’évoquait pour moi, en bon historien de l’art, qu’un portrait par Graham Sutherland, conservé à la Tate de Londres. Mais également une chanson éponyme d’Alain Souchon… À la lecture du roman graphique de François Rivière, illustré par Jean-Claude Floc’h, je me suis souvenu d’avoir tenté, dans mon adolescence, la lecture de « Le Fil du rasoir », dans une vieille édition en Livre de Poche. Et que cela m’était tombé des mains assez rapidement, probablement parce que j’étais trop peu mature pour apprécier ce type d’intrigue et d’écriture.
« Villa Mauresque » est donc une biographie narrée par Maugham, entrecoupée de témoignages des proches de l’écrivain anglais (ses deux amants principaux, son frère, son neveu, ses rivaux littéraires, son épouse, sa cuisinière, etc.) Il est étonnant que Maugham soit revenu des morts pour nous raconter les péripéties de sa vie, comme s’il était sorti de ce purgatoire où dorment tant d’écrivains oubliés (qui se souvient de Louis Bromfield, par exemple ?) Ainsi un bon nombre des noms de célébrités (écrivains, acteurs, artistes) cités dans ce livre me sont totalement inconnus, ce qui nous prouve bien que le syndrome de notre époque (être connu à tout prix) n’est que de la pure vanité. Donc Maugham a eu beau défrayé la chronique mondaine, fait les choux gras des critiques littéraires, voyagé aux quatre coins du monde, collectionné les aventures, rien de tout cela ne l’a empêché de disparaître dans l’ombre de celui qu’il ne voulait pas devenir : Oscar Wilde.
Mais voici que François Rivière, anglophile réputé, décide de ressusciter celui qui vivait dans le sud de la France (Saint-Jean-Cap-Ferrat), dans une villa qualifiée de mauresque. Et selon les termes propres du magicien français, pour parvenir à écrire cette biographie, il faut "être dans le vrai déguisé en faux" ; si bien que le portrait est sans concession (comme celui peint par Sutherland). Rivière ne fait l’impasse ni sur le caractère capricieux, ni sur l’homosexualité, ni sur la déchéance physique de l’auteur de théâtre. Il en résulte le sentiment de toucher à la condition humaine de celui qui fut la coqueluche de la Jet Set de l’entre-deux guerres.
Le graphisme des illustrations de Floc’h lui semble toujours sous l’influence de E.P. Jacobs, le père des héros so british, Blake et Mortimer. Une ligne claire qui va à l’essentiel pour réaliser quelques saynètes, quelques tranches de vie mises en parallèle avec le texte. Chaque chapitre est introduit par un portrait sur fond noir de son narrateur. Bref, la complémentarité parfaite que j’avais déjà appréciée dans les diverses bandes dessinées qu’ils ont déjà publiées auparavant.
Ce roman graphique est donc, à mon sens, une réussite, ne serait-ce que par l’évocation de cette époque, de ces personnes, de cet univers.
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