"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Madame Miller, Madame Figuier, Monsieur Auriol, Monsieur Renaud… Ils sont quarante-cinq à vivre dans une “résidence autonomie”. Chacun son appartement, chacun son caractère, chacun sa solitude.
Pour s’occuper de ces vieilles âmes et de ces vieux corps, la résidence emploie des agents sociaux. Parmi eux, Marc, nouvelle recrue. “J’avais bossé dans le social, apparemment ça suffisait.” En théorie, sa mission consiste à distribuer les médicaments et accompagner les résidents au quotidien, notamment pour les repas. Dans la réalité, son job se rapproche davantage de celui d’un d’infirmier.
Après trois jours de formation, il est seul dans l’arène. Sollicité en permanence par les résidents en détresse qui utilisent leur bipeur, il parcourt chaque nuit plus de onze kilomètres pour faire face aux urgences vitales, aux chutes funestes, aux angoisses inconsolables, aux soucis fictifs (“j’ai perdu mon chéquier”).
Avec toutes ces tâches répétitives, il reste peu de temps pour les rapports humains. “Faut surtout pas que je rentre dans l’affect, sinon ça va complètement me déglinguer.” Plus facile à dire qu’à faire pour Marc qui distribue davantage de moments de complicité que de médicaments.
Dans cet album gris comme la vieillesse, Eric Salch a placé quelques touches de couleur. Celle des cheveux de Marc ou celle du pull d’une résidente. Deux teintes vives et criardes. Rouges les sonneries stridentes du bipeur. Rouges les bruits des déambulateurs sur le sol. Jaune la purée du réfectoire. Jaune l’odeur d’urine dans les chambres.
Derrière les ressorts comiques, au-delà des dessins caricaturaux, Eric Salch dénonce un système de santé défaillant. Face au quotidien pathétique de ce troisième âge, on ne sait plus si on doit rire ou pleurer.
"- Il te faut une bonne paire de running car on va beaucoup marcher.
- Okay.
- Sur une nuit tu fais onze kilomètres. J'ai un compteur de pas sur moi si tu rajoutes ta journée, c'est vingt-cinq kilomètres par jour. Ah ouais, quand même."
La petite vieille Mme Gendron ça pourrait être moi vu que je me déplace aussi en déambulateur.
Mais je suis un peu moins vieille qu'elle et mon nez n'est pas comme ça...Enfin je crois!
Par contre, je ne suis pas encore dans une résidence autonomie, ouf !
Ce roman graphique est génial ! Il est drôle, il est tendre, il est juste, il est sympa, humain et vrai.
La résidence autonomie ça ne donne pas envie.
Mais alors pas du tout ! À moins qu'il y ait un atelier créatif et récréatif intitulé " BD" et animé par un certain… Éric. Par exemple le mercredi après-midi, comme cela il y aurait une bonne animation dans la semaine !
Sérieusement, j'ai tout aimé, le dessin, le scénario, les personnages, les interactions entre eux, tout ce que met en relief et en lumière l'auteur, et les petites touches de couleur au propre comme au figuré... Bref ...Tout !
Et puis, ça m'a donné envie d'écouter la chanson Smells Like Teen Spirit de Nirvana !
Une BD à la couverture brochée aux Éditions Dargaud.
Vous trouverez cet ouvrage sur BD FUGUE qui est une librairie indépendante, engagée et passionnée.
"Résidence Autonomie" est la mise en textes et en dessins du témoignage d'un ami de l'auteur qui a tenu le poste d'agent social dans ce type d'organisme qui accueille, en appartement, des personnes âgées encore autonomes qui bénéficient de services collectifs. C'est la dernière étape avant l'EHPAD ou la mort.
On suit donc Marc pendant une année; c'est Pôle Emploi qui lui a trouvé ce travail pour lequel il n'a aucune qualification; il est formé pendant 3 jours en doublure avec un collègue. Puis il a la responsabilité, seul, de 45 résidents, la nuit. Marc ne cache rien de ses états d'âme : épuisement, stress, dégoût mais aussi une certaine tendresse pour ces "Oubliés du dimanche" (2015) comme les a si bien décrits Valérie Perrin.
L'auteur n'occulte rien de la réalité déprimante des résidences autonomie : solitude, ennui, détresse, tristesse, infantilisation. C'est cru, sans complaisance mais mâtiné d'humour noir et d'ironie mordante. Les personnages ne sont pas du tout à leur avantage : certains vieux/vieilles, pardon, seniors, sont insupportables, le trait est caricatural. La palette de couleurs est réduite comme l'est l'horizon des résidents, le gris domine comme dans leur vie.
Ce roman graphique n'est pas du tout lénifiant; la situation décrite peut faire peur surtout lorsqu'on se rapproche des rives de la vieillesse mais en même temps, il fait réfléchir à cette période de la vie où on subit plus qu'on ne décide, celle où on devient transparent pour la société mais aussi parfois, malheureusement, pour ses proches.
#Résidenceautonomie #NetGalleyFrance
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