"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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« L'éveil d'Erica Strange » a été une lecture très touchante. Je conseille ce roman. Même si le sujet de l'amnésie suite a une soirée trop alcoolisée et ce qui peut en découle, notamment des abus, est assez dur. Le sujet est traité avec finesse et délicatesse. J'ai été touchée par l'histoire d'Erica qui a du mal à accepter son statut de victime. Un roman coup de poing qui dépeint parfaitement une réalité trop présente.
Les + :
* L'histoire est touchante et représentative. Comment une soirée alcoolisée a pu autant dériver et devenir un cauchemar pour Erica qui s'est sentie abusée et salie. J'ai apprécié qu'on suive "le après", comment Erica fait face à ce qui lui est arrivé et de découvrir tout son combat intérieur, ses doutes, ses insécurités, ses peurs et ses sentiments.
* C'était intéressant de découvrir plusieurs points de vue et comment chacun faisait face à cela. Entre le point de vue d'Erica qui s'est sentie salie, celui des agresseurs qui, selon eux, pense ont juste fait une "mauvaise blague", celui des parents qui pensent juste à protéger leur progéniture, ou encore qui refusent de croire que leurs enfants aient pu faire ça, du corps enseignant, ou encore des amis d'Erica qui, soit lui tourne le dos, ou au contraire sont à ses côtés.
* Les personnages étaient plutôt bien travaillés, réalistes et intéressants.
* Le style d'écriture est touchant et très juste. Cassie Gustafson a réussi à bien retranscrire les différentes émotions et sentiments des protagonistes
Les – :
* J'aurais aimé encore un peu plus de profondeur par moment. Un peu édulcoré pour ne pas trop choquer.
Erica a emménagé il y a quelques mois avec sa mère à Bay City. Sans être populaire, elle est plutôt bien intégrée : elle a une amie proche, Caylee et un petit-ami, Thomas. En-dehors du lycée, Erica adore dessiner, elle s’imagine en Erica Strange, super héroïne dotée d’une cape et qui vit de grandes aventures. La vie de notre héroïne était plutôt banale jusqu’à cette terrible fête alcoolisée où elle se réveille nue, le corps criblé d’inscriptions faites au marqueur : insultes, dessins vulgaires. Que s’est-il réellement passé ? Thomas a-t-il participé à l’agression ?
Le récit est partagé entre la voix d’Erica et celle de Thomas. Dès le début, on a froid dans le dos et on ressent un profond malaise. On craint pour Erica et on a de la peine pour elle. Elle est une victime et à l’heure des réseaux sociaux, son calvaire ne fait que commencer. Je me suis profondément attachée à cette jeune fille, rêveuse, assez naïve en raison de son âge et de sa bonté. On espère à tout prix qu’elle fera lumière sur cette terrible nuit et saura se relever.
J’ai nettement moins ressenti d’empathie pour Thomas. On se demande quel rôle il a joué cette nuit-là et on le maudit pour sa passivité. Il ne se met pas à la place de celle qu’il prétend aimer. Il préfère se mentir à lui-même et défendre ses propres intérêts. Et encore, c’est le « moins pire » des personnages. Ceux qui ont participé à la soirée sont absolument abjects. Ils banalisent les faits, s’en amusent et à mille lieues d’en mesurer les conséquences. L’écrivaine parvient à retranscrire l’histoire d’une agression à travers les yeux des différents acteurs : la victime, les coupables et les personnes qui gravitent autour. Il y a ceux qui enfoncent davantage Erica, ceux qui en rient, mais aussi (fort heureusement), ceux qui agissent dans l’intérêt de la jeune femme. Les adultes seront aussi présents, au fil du roman, à l’image de leurs enfants.
Vous l’aurez compris, le sujet central du roman tourne autour de l’agression sexuelle. L’autrice parvient à traiter la thématique avec transparence et sensibilité. Elle nous pousse à réfléchir sur la définition d’un viol et ses contours souvent mal définis. Elle parle aussi d’autres sujets importants : l’amitié, le respect, la trahison, la pauvreté et aussi du fait de porter plainte et des difficultés qui en découlent.
Pour conclure, j’ai été très touchée par ce roman et par son personnage principal. Une fois commencé, il est difficile de s’arrêter même si on redoute parfois la suite des événements. J’ai adoré les planches de bandes dessinées intercalées entre les chapitres représentant Erica Strange. Enfin, je dirais que ce récit est difficile, qu’il peut heurter la sensibilité de certains lecteurs mais qu’il est très important.
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