"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je suis partagée en achevant cet essai.
Le sujet est enthousiasmant ; quand on aime les livres et la lecture, on ne peut qu'être intéressé par le propos.
En pleine séparation, la narratrice éloigne son désarroi, noie son chagrin, cherche des explications en observant et photographiant des gens qui lisent dans le métro.
Elle leur crée parfois des histoires, tente de s'identifier au lecteur.
J'ai donc aimé le thème du livre ; moi aussi j'aime regarder ce que les gens lisent, aimerais savoir ce qu'ils en pensent sans jamais oser leur demander, alors que, lorsque quelqu'un m'interroge dans le bus sur ce que je lis (cela arrive parfois), je réponds toujours avec plaisir, je sens une complicité avec celui qui m'interroge et que je ne connais pas.
J'ai également aimé lorsqu'elle décrit un livre que je connais et l'image qu'elle en a.
Néanmoins, j'ai été déçue car le sujet n‘est pas été traité suffisamment, selon moi, du point de vue du livre, de la lecture mais d'une manière trop autocentrée à mon goût.
J'ai peu apprécié également le style ; des phrases trop longues avec le sentiment que l'auteure « s'écoutait ». Malgré tout, bizarrement, il n'y a pas de longueur et cela se lit vite.
Un récit donc un peu à part, intéressant mais pas à la hauteur de ce que j'attendais.
Eloïse Lièvre, je l’ai rencontrée à la dernière Comédie du Livre de Montpellier en mai dernier. J’étais chargée de l’embrasser de la part d’une amie commune. Pourtant, d’elle, je n’avais rien lu. Notre conversation fut souriante, chaleureuse, amicale. Je suis repartie avec son dernier roman "Les gens heureux n’ont pas d’histoire", gentiment dédicacé. Celui-là, je ne l’ai pas encore lu. Je le garde précieusement pour cet hiver.
En revanche, je viens de terminer son premier roman. Il raconte l’histoire d’un couple en mal d’enfant, un couple pour lequel tout a toujours bien marché, qui a toujours décidé de tout et obtenu ce qu’il souhaitait. Oui, mais voilà, un enfant… Il ne suffit pas de le vouloir. Les jours passent, les mois passent et malgré les efforts… rien.
De son écriture très travaillée et pourtant légère, bourrée d’humour et en même temps de sensibilité et de pudeur, l’auteur nous entraîne dans le sillage de cette femme qui passe de gynécologues en radiologues, d’examens intimes en réflexions psychologiques pour se rendre compte que son corps et celui de son mari fonctionnent à merveille.
De quel côté chercher la raison de cette difficulté à procréer ? Ne comptez pas sur moi pour vous révéler un cheminement délicat dans les méandres de l’existence, une fin particulièrement touchante. Eloïse Lièvre a un don singulier pour vous émouvoir au plus profond, une empathie extrême à l’égard de ses personnages et de véritables qualités de conteuse. Ce roman relate une tranche de vie qui ne peut que toucher ceux qui ont traversé les mêmes affres et même les autres.
"Les gens heureux n'ont pas d'histoire" affirme la sagesse (?) populaire. Eloïse Lièvre nous prouve le contraire par ce roman, qui n'est pas tout à fait un roman, par ce récit où vient germer le romanesque, par cette histoire qui - heureuse ou malheureuse - érige une vie en objet littéraire.
Durant les 40 jours qui précèdent ses 40 ans, l'auteur revisite chacune des années passées en prenant pour déclencheur une photo qui la met en scène. En instituant sa vie en récit, elle coud ensemble des moments qui pourraient sembler disparates, épars, et en fait émerger la cohérence et le sens. Au fil des chapitres, les photos se relient, dessinent une trajectoire et se réunissent pour constituer un être. Certes, il manque sans doute quelques pièces, restées cachées au lecteur, dans ce rassemblement de tout ce qui fait une vie. Mais l'essentiel est là et à mesure que se déroule ce fil du temps, on est happé, attiré dans ce travail de remémoration qui passe par l'écriture. Une écriture d'une richesse fascinante, qui ondule dans des méandres où les phrases s'aventurent, se ramifient, interagissant avec la mémoire dont elles deviennent à la fois source et nourriture, ou bien se replient sur elles-mêmes dans la syncope d'un flash mémoriel. Une écriture qui suit au plus près le travail de la mémoire, qui s'en empare et le figure et le contraint à se fixer dans les mots, dans l'expression des sensations retrouvées ou reconstruites.
La lecture de "Les gens heureux n'ont pas d'histoire" est une expérience stupéfiante, schizophrénique, qui joue et se joue du terme "avatar" et de ses significations. Aux temps du livre se substituent les temps de la propre vie du lecteur, les images appellent d'autres images différentes, mais si proches et à la narration d'Eloïse Lièvre se superpose notre propre récit. "A cette époque, j'étais... je faisais..." individuel, mais aussi collectif. Des dates qui forment des histoires personnelles ET communes.
Ce n'est pas tellement l'image de Narcisse qui me vient en évoquant cet étrange ouvrage, mais plutôt celle de Dédale ou celle de Pénélope. Dédale, l'architecte génial qui sut construire un labyrinthe pour y enfermer un monstre. Pénélope qui sans se lasser détruisait son ouvrage chaque nuit pour mieux le reconstruire au matin.
Quoi qu'il en soit, "Les gens heureux n'ont pas d'histoire" n'a pas fini de me troubler, de brouiller les lignes entre littérature et récit de soi, entre récit de moi et lecture des autres, entre la vie et ce qu'on en fait.
Le sujet, féminin en diable, ne m'est pas forcément destiné, moi mâle égoïste et père de famille.
La biche du titre est une jeune femme qui veut un enfant, là, tout de suite. Bien sûr, après des années de pilules cela ne marche à la première saillie et l'impatience est grande. Les mois passent et voici la ronde des médecins, des spécialistes, des analyses poussées. Tout est normal, la machine est prête à fonctionner. Mais la fécondation ne se fait point... Et si c'était dans la tête ? Sur un sujet de magazines féminins, Eloïse Lièvre arrive bien à nous faire partager l'attente, l'envie irrépressible de ce bébé, la déception, la froidure des médecins, les salles d'attente sordides et leurs vieux magazines périmés.
Ce livre, dont je n'attendais pas grand chose, est finalement une agréable surprise. Pas totalement maitrisé mais prometteur par l'acuité du regard de l'auteure et par son écriture qui sait si bien décrire le désarroi de toutes ces jeunes femmes face à la non fertilité dans une société qui rêve les femmes à la fois mères et putains.
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