"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Passionnant, surprenant au premier abord, puis en découvrant Elisée Reclus, sa vie ses engagements, on adhère de suite. Ecologiste visionnaire dès le 19éme siècle, un hymne à cette nature que notre société détruisait déjà à son époque...
L’évolution et la révolution sont deux aspects d’une même réalité historique et politique. L’une précède généralement l’autre. Ce sont les deux faces successives d’un même phénomène, toujours en alternance sur la voie de l’histoire de l’humanité. Toutes deux sont indispensables l’une à l’autre. Il faut qu’une idée germe avant qu’elle s’inscrive dans la réalité. La révolution n’étant que la conséquence logique de l’évolution. Cependant toutes les révolutions ne sont pas nécessairement un progrès, de même que toutes les évolutions ne sont pas toujours orientées vers la justice. Il y a des évolutions qui ne sont que des marches vers la décadence et des révolutions qui apportent le malheur et la mort. Les capitalistes établissent de puissants monopoles qui rétablissent sous une forme nouvelle l’esclavage d’autrefois en certainement pire car plus insidieux et plus totalitaire. Et l’ironie de tout cela c’est de voir des captifs qui brisent leurs chaînes pour mieux s’en charger de nouvelles…
Ce texte est la retranscription d’un long discours prononcé en 1902 à Genève par Reclus, ensuite publié dans de nombreuses langues et resté depuis dans les annales. L’analyse de la situation économique et politique, une trentaine d’années après l’évènement majeur que fut la Commune de Paris pour l’auteur, est d’une précision, d’une qualité et d’une intelligence remarquable. La critique du capitalisme qui monopolise les moyens de productions et spolie le travailleur du fruit de son travail est peu discutable. Avec le recul du temps, le lecteur remarquera même que notre réalité est pire que la sienne, les oligarques milliardaires étant en passe de faire main basse sur la totalité de l’économie mondiale. Sur ce point, Reclus le visionnaire a fait erreur. L’internationalisme dont il rêvait n’est toujours pas celui des travailleurs, mais celui des banquiers ! On ne s’étendra pas non plus sur son anticléricalisme assumé. Ni Dieu, ni maître : si l’Eglise a perdu tout pouvoir, les « maîtres » n’ont jamais été aussi puissants. Très intéressante demeure cette utopie idéaliste et généreuse qu’aurait pu être l’anarchisme s’il n’avait été discrédité par les actes terroristes qui se produisirent peu après. Texte encore intéressant de nos jours du point de vue historique (pour la description de certains aspects de la Commune de Paris à laquelle Reclus participa activement), politique (tous les principes doctrinaux du véritable idéal anarchique y sont développés) économique (condamnation sans appel du malthusianisme) et également comme point de comparaison avec notre époque.
Un livre très différent de ceux que j’ai lus jusqu’à présent
Elisée Reclus était un anarchiste ayant passé du temps en prison pour avoir participé à la Commune de Paris. C’était également un géographe reconnu.
Histoire d’une montagne est un traité géographique sur la montagne et ses paysages écrits de manière poétique. Le récit est rédigé à la première personne ce qui permet de solliciter l’imagination du lecteur. Il peut s’identifier au narrateur.
Si l’édition que j’ai lue date de 2006, le livre a été publié pour la première fois en 1880. Et pourtant, il est intemporel. La vision que Reclus avait de la montagne a très peu changé malgré les nombreuses années qui se sont écoulées. « Vue de la plaine, la montagne est de forme bien simple ; c’est un petit cône dentelé s’élevant, parmi d’autres saillies d’inégale hauteur, sur une muraille bleue, rayée de blanc et de rose, qui borne tout un côté de l’horizon. »
Reclus nous présente un portrait très singulier des paysages montagnards. Des paysages tous plus différents les uns des autres en fonction du point d’observation. « De chaque pointe, de chaque ravin, de chaque versant, le paysage se montre sous un nouveau relief, avec un autre profil. » J’ai voyagé en lisant ce livre.
Ce qui me chagrine, c’est qu’en cinq ans d’études de géographie, pas une seule fois on ne nous a recommandé de lire cet ouvrage alors qu’il fut un temps où on l’offrait à tous les élèves des écoles de Paris. Mais pour ceux qui se poseraient la question, il n’est pas nécessaire d’avoir fait des études de géographie pour comprendre cette histoire et se laisser transporter par le récit. Il était destiné à un public de jeunes lecteurs. Le vocabulaire et le style font qu’il est compréhensible pour le plus grand nombre.
Je conseille vivement à toutes les personnes avides de voyages et de découvertes de lire ce volume.
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