"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Rosalie est de retour dans sa maison d'enfance, sur les terres de son peuple, les Dakhota. Veuve et mère, elle a passé les deux dernières décennies dans la ferme de son mari blanc, trouvant du réconfort dans son potager alors que la propriété était dans la tourmente entre les aléas climatiques et la mainmise d'une entreprise de semences. Aujourd'hui, elle revient se confronter à son passé, à son enfance déracinée, à la recherche d'une famille, d'une identité et d'une communauté à laquelle elle peut enfin appartenir. Elle va apprendre ce que signifie descendre de femmes Dakhotas, ces femmes qui ont toujours cherché à protéger leurs familles, leurs traditions et leurs précieuses graines de maïs.
Si les romans sur les peuples autochtones d'Amérique du nord sont légion, je crois bien que c'est la première fois que je vois le sujet traité de cette façon. Pour démontrer une fois de plus les spoliations dont on souffert les indiens, Diane Wilson évoque un point qui concerne en fait tous les paysans du monde : le lobbying des semenciers.
Aujourd'hui, partout, le contrôle sur les semences par des multinationales comme Monsanto ou Syngenta, transforme les paysans qui réutiliseraient leur récolte en délinquants, pouvant être accusés de contrefaçon. Cela concerne ceux qui réutilisent une variété protégée par un brevet comme ceux qui utilisent leurs propres semences issues de leurs propres sélections. Si vous voulez semer, vous n'avez pas d'autre solution que d'acheter à ces grandes entreprises. C'est la fin de l'agriculture paysanne, c'est la mécanique capitaliste appliquée à la terre.
Par les voix de quatre femmes, gardiennes à travers les temps de graines de maïs, Diane Wilson montre une autre facette de l'asservissement des natifs. Une saga émouvante sur la mémoire et la transmission, en totale adéquation avec la ligne éditoriale de la maison Rue de l'Echiquier, toujours douée pour dénicher les fictions qui aident à réfléchir et pointent du doigt les enjeux fondamentaux de notre monde.
Dans « Les Semeuses », Diane Wilson nous entraîne en Amérique de 1860 à nos jours.
Sans famille, elle avait dérivé comme une feuille morte en automne, emportée par chaque rafale dans une nouvelle direction. Après le décès de son mari, Rosalie part s'installer dans la cabane construite par ses arrière-grands-parents, là où elle avait grandi.
Ce magnifique roman raconte l'histoire ancienne d'une tribu indienne chassée de ces terres par les colons, l'histoire actuelle de cette terre détruite par les produits chimiques qui empoisonnent la rivière.
Marie, Gaby, Darlene font écho à la parole de Rosalie pour nous conter la guerre entre les dakhóta et les colons blancs en 1862, la confiscation des terres, une assimilation forcée, enfermés dans une réserve comme du bétail, les enfants séparés de leurs familles. Mais aussi la vie quotidienne d'une ferme dans les années quatre-vingt. La sécheresse qui grille les récoltes, la grêle qui brise, déchiquette et broie. L'endettement et la ferme des amis et voisins vendue aux enchères.
Un roman d'apprentissage et de transmission sur le rapport à la nature, aux étoiles, apprendre à survivre, conserver les graines pour les récoltes futures.
« Les Semeuses » met en valeur le rôle des femmes dakhóta dans la conservation de la mémoire et des coutumes de tout un peuple. Ce panier rempli de sacs de graines qui se transmet de mère en fille, de génération en génération pour ne pas oublier. Une relation millénaire avec ses ancêtres. Ces graines portent l'histoire d'une nation.
« Aimez les graines comme vous aimez vos enfants et le peuple survivra. »
Rosalie vit dans les bois avec son père, un indien dakhota.
Il lui enseigne les plantes, les étoiles, leurs origines indiennes.
Lorsqu'il meurt, elle a douze ans et est placée en famille d'accueil qu'elle quittera dès qu'elle an aura l'âge.
Elle veut fuir loin, mais épousera un fermier avec qui elle aura un fils.
Quand son mari meurt, elle fuit à nouveau et va se réfugier dans la cabane de son enfance où elle renouera avec la tradition des graines.
Des générations de femmes ont perpétré cette tradition indienne, loin des engrais chimiques que prône le fils de Rosalie
Une très très belle histoire parmi les dakhotas.
Merci à ma libraire qui me l'a conseillé.
Malgré la domination des blancs, la confiscation des terres, la pollution des rivières par les technologies agricoles, les semeuses de graine sont toujours là, se transmettant leur savoir et leurs traditions.
Elles perpétuent la sagesse indienne contre vents et marées.
Elles ont toujours des graines sur elles, garantes de pouvoir nourrir leurs familles.
Inspiré d'une histoire vraie ; c'est un roman parfaitement bien construit et tout aussi bien écrit.
J'ai vécu l'histoire de ces femmes avec une grande émotion.
C’est la première fois que je mets la note maximale. Coup de cœur pour ce premier roman de Diane Wilson « Les semeuses », récompensé par le Minnesota Book Award for fiction.
Diane Wilson est une écrivaine d’origine autochtone, de la tribu sioux Mdewakanton dans le Minnesota. Elle est l’ancienne directrice exécutive de Dream of Wild Health, une ferme indigène à but non lucratif, et de la Native American Food Sovereignty Alliance, une coalition nationale de tribus et d’organisations œuvrant à la création de systèmes alimentaires souverains pour les peuples natifs d’Amérique.
Dans ce livre, elle nous raconte de 1860 au début des années 2000, l’histoire poignante de quatre femmes indiennes de la tribu dakhota dans le Minnesota. Nous suivrons, principalement, l’histoire de Rosalie Iron Wing dite « Rosie » mais aussi de Gaby Makespeace son amie d’adolescence, Darlene Kills Deer sa grand-tante et Marie Blackbird son aïeule. Histoire triste, mais si belle, fable écologique et poétique que baigne la force de caractère de ces peuplades autochtones, leur esprit communautaire et de résilience.
Je laisse le soin à Diane de présenter son roman : « Les semeuses » a été inspiré par une histoire que j’ai entendue il y a quelques années, alors que je participais à la Marche commémorative dakhota. Une marche de deux cent cinquante kilomètres en l’honneur des membres du peuple dakhota qui avaient été déportées de force du Minnesota en 1863, à la suite de la guerre entre les Etats-Unis et les Dakhota. Nous parcourions vingt à trente kilomètres par jour, nous priions pour les mille sept cents femmes, enfants et aînés qui avaient été conduits sous la menace des armes depuis la réserve de Lower Sioux jusqu’au camp de concentration de Fort Snelling. En suivant le même chemin, nous rendions hommage à la souffrance et aux sacrifices de nos ancêtres.
Par une journée particulièrement longue et froide, l’un des marcheurs a partagé une histoire concernant les femmes de la marche originelle. Il a raconté que malgré le peu de temps à leur disposition pour se préparer à leur déportation, elles auraient eu besoin de nourrir leur famille où qu’on les envoie. Ces femmes avaient cousu des graines dans les ourlets de leurs jupes et en avaient caché d’autres dans leurs poches pour pouvoir les semer à la saison suivante. Au cours du long hiver passé à Fort Snelling, des centaines de prisonniers(es) étaient morts de maladie et de faim. Au Printemps 1863, quand on les avait entassés dans des péniches pour le long voyage en direction de la réserve de Crow Creek, dans le Dakota du Sud, les gens avaient continué à mourir à cause de la nourriture trop rare et avariée. Pendant toutes ses épreuves, les femmes avaient su protéger les graines pour garantir d’avoir de quoi manger pour les sept prochaines générations. La force dont ces femmes avaient fait preuve, le profond amour qu’elles avaient montré à leurs enfants et leur capacité à faire des sacrifices pour que leur peuple survive a constitué le cœur de ce livre. Je n’ai pas de mots pour exprimer la gratitude que je ressens. Ces femmes ont permis que le maïs dakhota existe encore aujourd’hui. »
Je suis pris de remords, je me revois, enfant, regardant les westerns à la télévision avec de bons cow-boys et de méchants indiens. Loin de penser que les colons blancs avaient exproprié les tribus indigènes, déportées dans des réserves, et s’étaient appropriés leurs terres.
Rosie, notre héroïne, descendante de lignes brisées par le colonialisme n’échappera pas à la dureté de la vie. Elle perd sa maman, Agnès, toute jeune et à l’âge de quatorze ans, dans les années 1970, son papa Ray. Mineure et sans famille proche connue (car dispersée) elle est placée dans des familles d’accueil blanches, d’où elle s’enfuit à la majorité pour gagner sa vie. Dans ces régions comment échapper aux travaux agricoles, elle atterrit dans une exploitation gérée par un cultivateur solitaire (après le décès de ses parents), John, descendant de colons. Rosie, sans domicile, sera bientôt hébergée par l’exploitant. Les sentiments viendront pour se terminer en mariage duquel naîtra un petit Tom. Le couple traversera des orages dus à leur origine, leur éducation, mais aussi sur le plan professionnel avec l’arrivée de l’agriculture industrielle. Rosie, l’ancienne petite « squaw », la « peau-rouge » se battra pour trouver place dans la société, pour elle et son petit Tommy.
Vraiment émouvante cette lecture, sous la plume fluide de Diane Wilson. Le désastre climatique annoncé et les divers périls nous font prendre conscience que nous devons respecter la Terre, Bien avant nous, les peuplades autochtones indiennes respectaient la vie et la nature, nous traçaient la voie à suivre dont nous nous sommes écartés, nous ferions bien de s’inspirer de leur sagesse pour un meilleur avenir.
Je vous conseille vivement la lecture de ce livre édifiant.
Mille mercis aux Éditons Rue de l’Échiquier pour cette belle découverte.
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