"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Padraig Muricellos se retrouve enfermé au fin fond d'une geôle puante de la ville de Chester. Tull, son geôlier protestant, qui pourtant déteste les papistes et les Irlandais, lui épargne la torture. Ce n'est ni par charité, ni par bonté d'âme, mais parce qu'il a découvert l'existence d'un fabuleux butin de pirates qui, en sus de pièces d'or sonnantes et trébuchantes, recèlerait un mystérieux livre écrit par un conquistador espagnol, ancêtre de son prisonnier.
Bientôt, une inhabituelle amitié lie les deux hommes que tout sépare, sauf l'amour pour les histoires de pirates et de Nouveau-Monde. Padraig décide de retrouver le livre perdu afin d'en connaître le dénouement. Pour cela, il conclue un pacte avec Tull: celui-ci le fait évader en le faisant passer pour mort et le laisse partir pour Londres à la recherche d'un certain Jethro, dernier détenteur du livre. Les deux hommes convienne de se retrouver à Pâques à l'Auberge de Fairport, dans la cité de Conwy.
Et si dans le même temps ils pouvaient retrouver le trésor du capitaine Barriemore dont ils estiment avoir été spoliés, tout irait bien dans le meilleur des mondes...
Le Trésor du Papillon de fer a été publié par les éditions De Borée en 2017 dans la collection Vents d'Histoire. Il constitue le premier opus de la série consacrée au Livre de Raison. Le style est ample, parfois grandiloquent comme pouvait l'être l'époque. La plume envoûtante de David Glomot mène le lecteur dans un récit digne des romans picaresques qui ont fait la gloire de la littérature espagnole du XVIe siècle.
Le sens de la description et la puissance d'évocation donnent tout son sel à ce roman historique original: "Ils marchèrent lentement sur la terre glissante et dans le vacarme des oiseaux. L'eau ruisselait sur eux. La lumière du soleil leur parvenait parfois. Jonas semblait savoir où aller. Mais...il dut admettre que cette luxuriance le perturbait et qu'il ignorait s'ils suivaient le bon cap ou violaient des territoires indiens. Ils mangèrent mal, ne parvenant pas à faire de feu. Ils ne dormirent pas mieux, cernés par des insectes grands comme la main." (Page 104)..."Ils arrivèrent enfin devant la porte la plus délabrée de la plus sale impasse du plus pauvre amas de ruelles du quartier." (Page 146)..."Ils trouvèrent Sykes sur le parvis du temple, dans un quartier déserté par la population. Il était assis, ou plutôt avachi, et se tenait l'abdomen à deux mains. L'incendie projetait une lumière orangée qui permettait de voir assez bien ses traits pâles. Du sang coulait en fines rigoles sur les marches." (Page 271).
Thèmes: intransigeance; méfiance envers l'étranger; droit à la différence; misère =>Des thèmes malheureusement encore très actuels.
Fil rouge: le manuscrit de Muricellos, gros cahier déchiré contenant la fascinante histoire du conquistador Muricellos qui a erré quarante années durant en Europe et en Asie, abandonné par Magellan en Patagonie.
De nombreuses qualités caractérisent ce second opus de la série consacrée au Livre de Raison: l'histoire des personnages subtilement mêlée à la Grande Histoire au point de croire qu'ils ont vraiment existé et participé aux événements, notamment le grand incendie de Londres, proposant un regard lucide et désenchanté, mais pas cynique, de la nature humaine: "Ils virent là des malheureux qui refusaient de quitter leur logis, pleurant jusqu'à ce que les flammes les léchent. D'autres, le meilleur de l'humanité, se précipitaient de maison en maison pour piller ce qu'il restait à prendre." (Page 269).
Le +: omniprésence de l'écrit: revivre les aventures passées et des événements historiques (allusions à la guerre civile et à l'exécution du roi Charles Ier) de Tull à la lecture de son journal intime dont il reprend régulièrement des passages.
Un souffle épique balaie les pages de roman historique documenté comme un essai, passionnant comme une fiction, écrit avec beaucoup de verve. Pas une seconde de répit pour le lecteur qui jamais ne s'ennuie...
Onze ans après les événements narrés dans Le Trésor du papillon de fer, Lizzy, Jethro et leur fils Paddy se sont installées à Amsterdam dans l'espoir de vivre une vie simple et honnête, loin des tumultes de toutes sortes. Mais le destin en a décidé autrement. Vintersorg, ami de Jethro, mortellement blessé, expire dans les bras de Paddy. Qui est cet homme au masque de métal brillant et au nez tranché venu frapper à leur porte? Un malandrin arrivé là par hasard? Cherchait-il quelque chose en particulier?
Toujours est-il que Jethro et Lizzy, après l'incendie de leur maison, sont contraints de fuir à nouveau. La seule solution est d'emprunter le navire de Vintersorg et de voguer jusqu'aux Ecréhou, un archipel au large de Saint-Malo afin de retrouver Lemmy l'Avranchin, une connaissance d'Anneke, qui pourrait les faire passer en France.
Si Elliott, leur ennemi de toujours, est responsable du meurtre de Vintersorg et de leur fuite, combien de coupeurs de gorges étaient à leurs trousses pour le venger? De combien de temps disposaient-ils pour prendre de l'avance et dissimuler leurs traces?
Pendant leur périple, Paddy lit les aventures de Padraig, son parrain, tour à tour mercenaire, contrebandier ou naufrageur, dans les lettres que ce dernier a envoyées à ses parents jusqu'en 1676, quatre années plus tôt. Un an après leur installation à Versailles, bien que la famille ne prospère pas, chacun semble avoir trouvé une occupation sinon sa place. Pris dans le tourbillon de la grande histoire, les amis parviendront-ils à se retrouver et à échapper aux mystérieux hommes masqués d'argent?
David Glomot apporte un soin tout particulier à reconstituer les aspects les plus divers et les plus inattendus de cette fin de XVIIe siècle, le cadre et les conditions de vie des petites gens: "Le marmot leur fit signe de le suivre. Portant sur son visage tous les malheurs du monde, il les fit prestement marcher dans un labyrinthe de rues gluantes et d'escaliers glissants...Le quartier était maintenant régulièrement débarrassé de ses marauds par de brutales visites de la maréchaussée. Le pouvoir n'avait aucune pitié pour les âmes qui se putréfiaient dans ce gourbi. Le roi Louis détestait Paris, au point de vouloir abandonner le Louvre pour Versailles..." (Page 164).
La situation du royaume:
Position et intentions du roi Louis XIV qui, après le décès de Fouquet dans ses geôles, "triomphait de tout: les ministres retors crevaient embastillés; les nobles rebelles connaissaient la disgrâce ou se métamorphosaient en serviles courtisans aussi précieux que ridicules. Le clergé? Il filait doux. Le peuple? Il payait l'impôt et œuvrait sur les multiples chantiers de Sa Majesté. Le roi, détesté de tous, et son éminence grise Colbert s'imposaient comme les arbitres de la politique européenne." (Page 155).
Et la situation internationale:
"Tous savaient que les tensions montaient entre les marines européennes. L'Angleterre pérorait en multipliant les prises dans l'Atlantique, mais la flotte du roi Louis intimidait de plus en plus...et l'Espagne avait encore la couenne dure." (Page 153).
Les hommes aux masques d'argent est un roman foisonnant, riche de nombreux détails et de descriptions aussi frappantes que passionnantes, offrant un récit tout à fait passionnant. Il donne néanmoins une vision très réaliste et sans concession de cette époque brutale dont le quotidien était tissé par les bassesses, l'hypocrisie, l'ivrognerie, la corruption, la crasse, la cruauté, la violence et l'indifférence...En somme, toutes ces facettes peu ragoutantes de l'humanité !!
Le +: l'histoire de Padraig racontée à travers les lettres qu'il envoie à ses amis...Pendant que ces derniers vivent leurs propres aventures avec en suspens cette question: parviendront-ils un jour à se retrouver? Si oui, dans quelles circonstances?
Le Trésor du papillon de fer est un livre intéressant qui mêle plusieurs genres pour offrir une longue aventure !
Nous rencontrons Padraig, alors qu’il est dans une prison anglaise. L’inimitié entre Irlandais et Anglais est de mise et Padraig s’attend à être torturé et mourir à tout moment. Cependant, Tull, celui qui s’occupe de la prison, décide un jour de le faire sortir pour accomplir une mission, retrouver le Livre de raison et les trésors qui l’entourent.
Ce roman est assez spectaculaire dans son mélange des genres. Un peu de thriller, un peu d’historique, un peu de fantastique dans la manière de traiter certains thèmes, tout y est pour former une ambiance intrigante et ensorcelante.
J’ai apprécié le langage utilisé par l’auteur. Il correspond parfaitement à l’époque relatée, à savoir les années 1600. Les expressions, les injures et les termes s’apparentent à une langue parfois désuète, parfois choquante mais tout à fait adéquate à ce siècle où la tolérance n’était pas dans les usages.
J’ai également apprécié le fait que le roman soit divisé en cinq parties. La première est une sorte d’introduction qui nous met sur la piste de ce fameux trésor que les protagonistes vont se mettre à chercher. Les autres se suivent et alternent entre passé et présent. En effet, au fur et à mesure que Padraig rencontre des personnages, ces derniers narrent leur histoire, leurs rencontres et aventures avec les autres héros. Ainsi, Padraig, au même titre que le lecteur se place en oreille attentive réceptionnant les vécus des uns et des autres, pour combler la fresque générale racontée.
Concernant les personnages en eux-mêmes, j’ai apprécié Padraig Muricellos qui est un « géant roux » comme on nous le décrit à plusieurs reprises. Il semble être quelqu’un d’intègre et son histoire avec sa défunte Abigail m’a touchée. Il m’a fait un peu fait penser à Jamie dans Outlander (dans une faible mesure) mais ça me l’a rendu sympathique tout de suite. Les autres sont intéressants, plus ou moins affables, surtout lorsque l’on avance dans l’histoire. Jethro, principalement m’a plu pour son caractère.
Ce que j’ai également aimé, c’est qu’il y a des retournements de situations, dignes de films d’aventure. Ces basculements se révèlent principalement à la fin, dont un qui touche un personnage et nous le montre sous un jour totalement inattendu, chamboulant complètement notre perspective. J’apprécie quand notre vision des choses est ainsi bousculée et remet de l’ambiance dans l’histoire.
Si je mets quatre étoiles, c’est parce que, si j’ai apprécié tout l’ensemble, j’ai par moment été un peu perdue au fil des aventures, soit parce que tout était un peu trop condensé à mon goût et difficile à assimiler d’un coup, soit parce que l’histoire trainait un peu en longueur et faisait parfois perdre un peu d’intérêt au récit présent.
Dans l’ensemble, ce roman est vraiment intrigant et multiplie les thèmes intéressants, comme l’esclavage de l’époque, la piraterie, la chasse au trésor ou encore la sorcellerie. Tout est contextualisé et nous permet une immersion dans la Grande-Bretagne du XVIIème siècle. A découvrir et voir si la suite est du même acabit !
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