Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Danielle Martinigol est une autrice dont les livres ont souvent un aspect lié à l’écologie. Avec Cantoria, on s’éloigne un peu de cette thématique pour découvrir un univers où l’énergie et la religion dépend du chant. D’un côté, il y a la version la plus noble où le chant permet d'être en contact avec les dieux. De l’autre, il y a la version pour le « bas peuple » qui fait fonctionner les usines. Si en théorie, c’est la beauté et la puissance de la voix qui décide de son destin, en pratique les riches finissent du côté prestigieux et les autres à l’usine. Khena est choisi pour partir au cantorium, elle n’a pas spécialement envie d'y aller mais bon c'est le prestige assuré pour sa famille qui est à la tête d’une petite bourgade. Arth, bien que non issu de la classe dirigeante est proche de Khena et chante divinement bien. Il décide de la suivre et de tenter le concours qui ait censé permettre à tous d’accéder au cantorium. Dans ce roman, sous couvert d’amour et d’exploration spatiale, il va être question du poids de la religion, de la lutte des classes et du conflit entre science et religion. J’ai beaucoup aimé la prise de conscience de l’enfermement dans sa classe sociale et le besoin de justice. La dualité science/religion est très bien amenée avec les questionnements autour de ce qui s’explique de manière scientifique et ce qui tient de la croyance sans oublier la guerre de pouvoir qui va avec. Aborder de telles thématiques en mettant au coeur la musique est une excellente idée qui donne un roman original, engagé et divertissant. Encore une fois je recommande la lecture de cette autrice.
Les sondeurs des sables est une intégrale comprenant Les Sableux de Veddem et Les Hydrans d’Irgane. Publié dans un premier temps dans une collection pour les lecteurs d’une dizaine d’année, l’intégrale est publiée sous le label Naos qui cible les adolescents et jeunes adultes.
Dans Les sondeurs des sables, on suit Gaïdy et Celian, deux sondeurs, c’est-à-dire des humains avec de forts pouvoirs de manipulations mentales. Ne voulant plus être des pions et commettre des actes plus que discutables, ils fuient leur employeur respectif et se retrouvent par hasard sur le même vaisseau. Le trajet ne se déroule pas comme prévu. Ils atterrissent sur Veddem, une planète désertique oubliée où les sondeurs sont des natifs de la planète et non des humains. Cette rencontre est le point de départ d’un space opéra jeunesse/ado très réussi.
La galerie de personnages s’étoffe petit à petit. Chaque protagoniste qu’il soit principal ou secondaire est crédible et bien construit. Les liens qui se tissent entre eux sont intéressants et la gestion de l’inconscience de certains est d’une grande finesse. Cette intégrale peut être abordée comme un divertissement ou comme un prétexte à réflexions. Le lecteur est libre du type de lecture qu’il veut faire mais dans les deux cas le texte fonctionnera. L’attachement à des personnages bien construits et l’intrigue prenante et rythmée permet une lecture plaisir.
Les nombreuses thématiques abordées fournissent aussi des pistes de réflexions et la possibilité de faire un parallèle avec notre société actuelle. Dans ce space opéra, le thème de la colonisation est central avec tous les aspects qui en découlent : l’instauration d’une domination, les problèmes de discrimination, la prépondérance du racisme, la soumission intériorisée et l’envie de reprendre sa liberté…. L’aspect écologie n’est pas en reste avec la gestion et l’exploitation des ressources, les catastrophes naturelles et l’adaptation à son environnement. L’existence des sondeurs de différentes espèces sert à d’aborder les manipulations génétiques avec les conséquences inévitables quand on s’y adonne. Et pour lier le tout, quoi de mieux qu’une bonne dose de guerre de pouvoir ?
Ce qui marque encore une fois avec cette autrice, c’est sa capacité à développer des sujets importants de manière accessible et avec la sensation qu’autant de choses ne peuvent pas rentrer en si peu de pages. A partir d’une idée de départ assez classique, une fuite clandestine, l’autrice réalise un récit qui est à la fois une belle aventure et une mise en avant de préoccupations actuelles importantes. C’est un bon point d’entrée pour commencer la science-fiction.
L’or bleu est un bon roman de SF pour les plus jeunes c’est intelligent et ça permet d’entrer dans la sf dès le plus jeune âge. Bruce vit sur une colonie dans l’espace et se rend sur Terre pour la 1ère fois. Il va être très étonné de ce qu’il découvre et être embarqué dans une grosse aventure qui le dépasse. Il découvre une Terre très polluée, sèche et où la ressource la plus précieuse est l’eau, l’or bleu. Il reste des pôles riches où il y a de l’eau, en particulier une grosse centrale de jeux type Las Vegas mais en version jeux videos en réalité augmenté. Bruce est en vacances chez un ami de son père, un scientifique et lui remet une enveloppe sans rien savoir de son contenu.
Il a été publié en 1989 et c’est important à noter car si le résumé semble assez convenu à présent, quand on le remet dans ce contexte c’était avant-gardiste et visionnaire comme récit. C’était genial, c’est haletant, palpitant et visionnaire. On a des sujets écologiques qui étaient peu abordés à cette époque, une vision de l’importance possible des jeux videos avec gains énormes possibles, retransmissions des meilleurs parties, paris…
C’est une anticipation qui tient la route et n’a pas pris une ride. L’écriture et les thématiques sont très actuels pour un roman de 1989.
Le personnage de Bruce est très réaliste, c’est l’ado de base, agaçant, qui veut comprendre et ne plus être traité comme un enfant. Il n’est pas surjoué. Les personnages féminins sont vraiment chouette. La densité de l’histoire est étonnante : c’est un roman jeune lecteur, court et pourtant qui arrive à ne jamais tomber dans aucune facilité. Je n’ai toujours pas compris comment elle arrive à mettre autant d’ingrédients sans faire aucun saupoudrage et en si peu de pages.
Que ça fait du bien d’avoir une histoire qui ose dire que oui les ados peuvent aimer un de leur prof, oui les profs peuvent influencer leur élèves et les marquer à vie. Dans l’odeur du jour, on suit Lili une jeune fille qui se réveille chaque matin avec une odeur qui lui annonce un des événement de sa journée à venir. Autant dire qu’en sentant une très mauvaise odeur un matin où elle est bien partie pour être en retard à l’école, elle n’est pas rassurée et à raison sa prof de français qu’elle adore est décédée dans des circonstances étranges. En tant qu’excellente élève en français, l’heure passée à parler de ce que chacun ressent tourne mal, on se moque d’elle et chose improbable, c’est Angèle, la terreur de l’école qui prend sa défense. 2 ados qui ne se parlaient pas se rapproche grâce à leur amour commun pour leur prof disparue et se retrouve à mener l’enquête d’autant qu’il y a d’autres choses étranges qui se produisent. J’aime toujours autant la plume de Danielle Martinigol, la façon dont elle construit ses récits et pousse les plus jeunes à réfléchir tout en leur proposant un bon divertissement.
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