Avec "Dix petites anarchistes", Daniel de Roulet raconte une incroyable épopée
Avec "Dix petites anarchistes", Daniel de Roulet raconte une incroyable épopée
Le fabuleux destin du bonnet de bagnard
Daniel de Roulet a voulu savoir qui était l'homme représenté sur la gravure héritée de son père. Ce qu'il a découvert fait l'objet de ce livre qui, au-delà d'une enquête d'historien, retrace l'épopée d'hommes du peuple épris de liberté à l'époque de la Révolution et à qui il redonne leur vraie place. Brillant!
Antoine et Samuel sont aux premières loges lorsqu'éclate un mouvement populaire au cœur de la vieille ville de Genève. Nous sommes le 7 avril 1782 et durant les jours qui suivent une première république démocratique voit le jour. Mais cette tentative affole les cours européennes et pas moins de trois armées vont faire le siège de la ville pour faire avorter ce gouvernement de la population par la population. Piémontais, Français et Bernois réussiront à faire capituler les compatriotes de Rousseau. Mais la graine a germé.
Après une étape à Rolle où il a trouvé refuge, Samuel trouve un emploi aux carrières de Meillerie. C'est aussi là qu'il découvrira l'amour et la jalousie. À nouveau, il va devoir fuir après une violente altercation avec son rival, le fils de l'exploitant. Laissant sa Virginie enceinte, il s'enrôle dans une troupe de mercenaires, les Châteauvieux, et part pour Paris défendre le Roi de France.
Nous sommes alors en 1789 et voilà Samuel au cœur d'un dilemme dont l'histoire fait l'ironie. Payé pour tirer sur ceux qui, comme lui, défendent la démocratie contre l'absolutisme royal, il va choisir avec son régiment de ne pas combattre les révolutionnaires et part en province vers Meaux puis Reims avant de regagner son cantonnement à Nancy. Et c'est en Lorraine qu'avec ses collègues il se rebelle.
Arrêté, il échappe de peu à la peine capitale, mais pas au bagne. Avec sur la tête le bonnet rouge distinctif de ceux qui ne sont pas condamnés à perpétuité, il parvient à chasser sa mélancolie des premiers jours grâce à la lecture de La Nouvelle Héloïse - Étonnant à quel point une feuille de papier écrite remonte le moral d'un bagnard - et aux nouvelles de l'Assemblée nationale où on prend leur défense. Bientôt leur destin va basculer...
Daniel de Roulet a choisi la prose coupée, un peu comme des vers libres, pour raconter cette épopée. Un choix qui donne à ce texte une belle rythmique, un peu comme un chant à la gloire de ces hommes épris de liberté. Ce faisant, il vient aussi illustrer sa jolie formule «la Révolution met tout sens dessus dessous, y compris les mots.»
Des mots choisis pour dire une histoire oubliée ou pour la réécrire à hauteur d'homme. Car, comme il le rappelle dans son précédent livre, Portraits clandestins, dans lequel il rend hommage aux auteurs qui l'ont accompagné dans sa vie d'écrivain, son œuvre est née «en Suisse, d’un gosse privilégié par rapport à d’autres auteurs qui naissent sur un autre continent avec une guerre aux frontières. On est déterminé, et les sujets qu’on aborde sont marqués par le contexte dans lequel on écrit.» À près de 80 ans, on imagine que le sang du Genevois n'a fait qu'un tour quand il a découvert combien l'histoire était manipulée, combien la version des puissants était privilégiée. Alors, il a voyagé, fouillé les archives et redonné à cette poignée d'hommes leur vraie place.
Un petit livre, mais ô combien nécessaire en ces temps troublés où la vérité est plus que jamais remise en question et où il est si facile de créer des fake news.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. En vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.
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Dans la petite ville suisse de Saint-Imier, la population subsiste tant bien que mal, vivotant de l’industrie horlogère qui n’a encore rien de luxueux. Les femmes souffrent particulièrement de la précarité, voire de la misère.
En 1872, la visite de Bakounine, encore plein de l’ardeur de la Commune de Paris, éveille les consciences... et en juin 1873, c’est le grand départ. Huit femmes âgées de 17 à 31 ans, accompagnées de neuf jeunes enfants embarquent sur La Virginie, le navire qui emporte les déportés de la Commune, parmi lesquels Louise Michel.
De Punta Arenas en Patagonie jusqu’à Buenos Aires, en passant par l’île de Robinson Crusoë, ces femmes tentent de mettre en place une communauté où règnerait « l’anarchie à l’état pur ». Aux côtés de Valentine, Mathilde, Jeanne ou Lison, nous vivons les amours, les naissances, les morts et les luttes sociales ; nous y expérimentons la survie dans une nature aride ou les petits métiers de l’artisanat dans les grandes villes...
Epopée, roman historique, panorama politique de la fin du XIXe siècle : ce récit est tout cela à la fois. Mais aussi, et surtout, une formidable et émouvante collection de portraits de femmes fortes dans un monde d’hommes, qui prouvent que l’utopie peut être un principe de vie.
Le début de la lecture a été un peu difficile, j'ai eu du mal à me plonger dans l'histoire... et puis, c'est le jour du grand départ, les filles embarquent sur un bateau direction l'aventure... et c'est aussi à partir de ce moment que je me suis laisser prendre à l'histoire passionnante de ces femmes prêtes à tout quitter et traverser le monde pour espérer vivre leurs rêves d'idéaux.
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