"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avec « La Peau » Curzio Malaparte a offert au monde l'un des livres les plus puissants jamais écrits sur la guerre.
Ce texte publié en 1949 compile des chroniques dont la plupart se déroulent en Italie alors que les Américains la délivrent du fascisme.
Engagé au sein du Corps Italien de la Libération l'auteur de « Kaputt » est officier de liaison auprès des Alliés.
Avec une emphase teintée de surréalisme et d'onirisme il décrit les horreurs de la guerre et l'hystérie qui s'empare d'une population désemparée et affamée prête à tout pour survivre, y compris se prostituer et prostituer ses enfants.
Naples se transforme alors en une immense partouze et un cimetière à ciel ouvert où les vivants célèbrent les morts lors de grandes messes grotesques où religion et superstitions se mêlent.
Le génie de Malaparte est de confronter l'immense civilisation sur laquelle s'est bâti son pays à la trivialité des comportements humains.
En rapportant des dialogues savoureux, réels ou imaginés, il se moque gentiment de l'ignorance et de la morale étriquée des GI et de leurs chefs qui agissent en vainqueurs persuadés « que la défaite est […] un acte de la justice divine ».
En choisissant la démesure et une bouffonnerie colorée d'un humour noir et cruel il a composé un récit visuel digne de tableaux de Bosch, de Goya, de Velasquez ou encore d'Ensor, des romans de Céline et du cinéma de Fellini.
Une lecture dérangeante et indispensable pour saisir l'absurdité de la guerre et la barbarie des hommes.
EXTRAITS
Le nom Italie puait dans ma bouche comme un morceau de viande pourrie.
La liberté coûte cher, beaucoup plus cher que l'esclavage.
Pour se sentir des héros, tous les vainqueurs ont besoin de […] fourrer leur doigt dans une pauvre fille vaincue.
La douleur rend les gens fous.
Tout ce qui est humain est sale et lâche. L'homme est une chose horrible.
Nous étions des hommes vivants dans un monde mort.
C'est une honte de gagner la guerre.
https://papivore.net/litterature-italienne/critique-la-peau-curzio-malaparte-denoel/
Comment combattre une dictature quand on est écrivain ? Malaparte choisi ici la parodie et le ridicule pour attaquer non sans un humour qui emprunte à Alfred Jary, Mussolini et son système. Ainsi le dictateur se prend d'amitié pour...un caméléon. Et que croyez-vous qu'il advint alors ? Celui-ci devint son ami avant de devenir son ministre préféré !!!!!
Parfois désopilant malgré la dureté du sujet, toujours brillant dans sa maitrise de l'écriture simple et rudement efficace, Malaparte livre ici l'exemple même du livre combattant et courageux.
On sent chez Malaparte le dégoût de la guerre dans ce qu'elle à de plus cruelle et stupide.La chaleur, l'Italie du sud, l'honneur et le sang....ce petit livre est un riche résumé de ce que sont toutes les guerres....un immense gâchis avec au milieu de la désolation des hommes qui donnent envie de croire au meilleur.
Un «sacré Toscan» tombant sous le charme envoutant de sa nouvelle conquête... Non, il ne s'agit pas d'une belle napolitaine, mais d'une terre chargée d'histoire : l'Éthiopie. Voici un récit de voyage fort enthousiaste et très poétique où l'auteur ne cesse d'être émerveillé par des paysages lui rappelant sans cesse la Romagne ou les Dolomites alors qu'il se trouve dans les parages des sources du Nil. Malaparte arpente ce territoire sous la bonne garde d'ascaris à l'affut des embuscades, sur des routes fraichement dégagées par des bataillons de terrassiers italiens. Adieu Amérique, destination finale où tant d'Italiens se sont fondu à jamais dans la masse d'une fausse terre promise. Un peuple de migrants semble enfin avoir trouvé en Afrique un sol sur lequel il pourra bâtir une nouvelle Rome. Ces commentaires lyriques récurrents de l'auteur font de ce récit de voyage un document historique très instructif sur l'état d'esprit et le rêve colonial de tout un peuple, à resituer dans le contexte des années trente.
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