On aime, on vous fait gagner cette si jolie déclaration d'amour aux livres...
On aime, on vous fait gagner cette si jolie déclaration d'amour aux livres...
Roman récompensé du Prix Méduse, l'autrice fait le portrait de l'accompagnement de son père jusqu'à son décès.
Un récit touchant, sensible et poétique. Un récit intime, biographique, écrit avec fantaisie et humour. Clémentine Mélois tisse un portrait très touchant de son père un sculpteur excentrique.
L'autrice alterne des dialogue avec son père et extraits de texte de son père et récit des derniers temp passé avec lui.
"Mon père travaillait mais ses sculptures ne se vendaient pas. Le salaire de professeur de français de Maman leur permettait de vivre. Dans les années 1960, ce modèle économique faisait jaser, au grand plaisir de mon père qui n'aimait rien tant que de choquer le bourgeois."
"Barbara était dans le même état d'esprit que moi. Elle fixait le ciel, guettant l'orage, et s'est levée d'un bond pour retirer le plastique de protection d'une enceinte qui gâchait l'esthétique de notre tableau. Cette névrose commune est notre secret de survie en milieu hostile. Vivre est assez bouleversant : entre le début et la fin, on ne sait jamais ce qui va se passer. "
Les trois mots du titre concluent ce roman bouleversant et drôle. Dans ce titre, à l’image du livre, il n’y a aucun regret qui se fait entendre mais une satisfaction, celle d’avoir vécu et d’avoir été aimé jusqu’au bout.
Malgré le sujet, sinistre à souhait, Clémentine Mélois n’a composé ni un ouvrage morbide ni un manuel pour mieux accepter la disparition de proches. Ce livre est un journal de bord où cohabitent des souvenirs anciens, quelques échanges entre elle et son père et l’énergie pour organiser l’enterrement comme un grand événement, au plus proche de la personnalité de Bernard Mélois.
Ce livre parle autant du présent que du passé. Les temporalités se confrontent. On découvre le parcours artistique de Benard Mélois, l’apparition d’une famille avec 3 filles… Clémentine Mélois étant l’une d’elles a donc plusieurs rôles dans ce texte. Elle est la narratrice, une des actrices de ce présent, un des personnages de ce passé. Les fils chronologiques se mêlent, bouleversés par l’émotion de la mort venant. Le présent est remué. Parfois, le passé vient rappeler des souvenirs marquants et parfois fondateurs. Mais l’ensemble ne tombe jamais dans la nostalgie car l’énergie de cet homme, amoureux, père et artiste, se ressent ponctuellement. On peut lire des courts échanges entre lui et sa fille. Des moments anodins, certains sans date, d’autres au cours desquels il suit l’organisation de ces funérailles. Ces mots entre eux deux font entendre la voix de cet homme, son attention, son écoute et sa confiance en l’autre. Une fois décédé, la voix s’éteint. Alors ces passages sont remplacés par des extraits de ses carnets. Ce montage apporte du souffle en tordant le temps sans jamais perdre le fil des émotions provoqués par cet homme.
C’est donc en suivant ses émotions que l’autrice nous racontent son père, cet homme, cet artiste, celui qui a fait infuser autour de lui un certain esprit, une fantaisie et une volonté pour vivre, pour créer. C’est tout cela qui explique l’envie de sa famille d’organiser un enterrement qui lui ressemble. La cérémonie, loin des formalités et des protocoles, devient un événement sensible et sincère.
La mort d'un proche, surtout quand elle est soudaine, nous désarçonne. Tétanisés, nous préférons la mettre à distance et la déléguer à des professionnels en oubliant de communier avec nos chers disparus pour continuer à les faire vivre en respectant ce qu'ils étaient.
Dans la famille Mélois, c'est tout l'inverse. Il est vrai que le défunt n'était pas un homme ordinaire. Bernard, le patriarche, était un sculpteur qui utilisait des tôles émaillées de récupération pour inventer des œuvres à la poésie loufoque. Dans le quotidien, sa créativité et son enthousiasme enchantent la vie de ses proches.
Moins de trois ans avant son départ, on lui détecte « un cancer du côlon à un stade avancé ».
Survivant presque par miracle à une lourde opération, il rentre chez lui et vaque de nouveau à son travail artistique rythmé par de pénibles traitements qui seront inopérants à stopper la maladie.
Avec sa sœur Barbara, Clémentine, qui raconte les derniers moments de son père, revient dans sa maison d'enfance « pour l'accompagner jusqu'à la fin ».
Durant les quelques semaines qui restent, les filles, la mère et le père vont imaginer la mise en scène de la mort comme une œuvre d'art qui retrace un parcours bien rempli. « J'ai eu une belle vie et je vais avoir une belle mort » assure le sculpteur.
On choisit pour l'artiste son bleu de travail en guise d'ultime costume, on peint son cercueil en bleu outremer faisant dire aux employés des pompes funèbres qu'il ressemble à celui de Michou...
Malgré la souffrance qui se lit sur le corps de Bernard, incroyable de pudeur, la préparation des obsèques est un moment de joie et de partage
Avec sa fantaisie, son humour, sa tendresse, sa grâce et sa poésie, « Alors c'est bien », titre donné en référence aux dernières paroles de Bernard Mélois, est le récit touchant de la finitude et d'une famille soudée par l'amour.
EXTRAITS
Chez nous, on ne commande pas de modèle tout fait aux pompes funèbres, on préfère faire à notre façon et fabriquer les choses nous-mêmes.
Savoir qu'il s'agissait d'une douce agonie ne nous était d'aucun réconfort. La mort n'est pas une chose qui prête au relativisme.
L'humour est comme une torche enflammée qui tient à distance les bêtes sauvages autour des feux de camps, dans les romans d'aventures.
Ceux qu'on aime souffrent et meurent, et on se surprend à rire encore.
Un ticket gagnant, un bon mot, l'été et un chien content, tout cela était irréel. Tout avait changé, mais rien n'était différent, la vie continuait.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-alors-cest-bien-clementine-melois-gallimard/
Vite avant d’oublier, Clémentine Melois nous parle des derniers jours de son père et des préparatifs de ses obsèques.
Avec une alternance de souvenirs et de dialogues, une façon lumineuse de parler des derniers instants. Parce que Bernard Melois était un artiste (sculpteur) et que ses filles ont été élevées dans un climat de Liberté, Clémentine va nous rapporter ses souvenirs, ceux de ses parents, cette vie à la campagne consacrée à la création.
Ce n’est pas un roman triste, au contraire, il est plein de drôlerie, de bizarrerie, de joie. Les sœurs et leur mère ont décidé d’entourer du mieux possible Bernard Melois, jusqu’à la fin, et la mort est ici abordée sans aucun tabou.
J’ai beaucoup aimé ce roman délicat et empli d’une lumière positive, de couleurs joyeuses et de matières à sculpter. Clémentine Melois a choisi de nous parler d’un sujet intime sans pathos, et avec clairvoyance et lucidité.
Un roman qui fait un bien fou et qui vous donnera peut-être l’envie de vous mettre à peindre un cercueil en bleu.
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