"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
'intérêt du livre réside dans le sujet et dans la façon de dire la démence du vieillard.
C'est un conte inspiré d'une « rencontre » avec un homme solitaire, asocial croisé lors d'une randonnée en montagne, enrichi par « la foire aux peut-être » alimentée par les hypothèses faites par les habitants de la vallée lorsque l'auteurr raconte ce qu'il a vu.
Un vieillard vit seul dans la crasse dans un vallon perdu en pleine montagne.Il dit avoir le cerveau troublé depuis son enfance parce qu'il a grandi dans un village traversé par des lignes haute tension. L'on sait aussi que le goût de la solitude dans la montagne lui vient de la guerre qui l'a contraint à se cacher dans les galeries d'une mine de manganèse.
Un chien force sa solitude et avec beaucoup d'humour , l'auteur donne la parole à l'animal, chien qui a le pouvoir de faire renaître un peu de sensibilité chez le vieil Adelmo Farandola.
Adelmo a perdu la mémoire,il se rappelle vaguement un frère, des vaches peut-être volées.
Le garde-chasse le surveille, oui Adelmo se nourrit de chamois dont il fait sécher la viande.
L'hiver est long, la neige épaisse. Quand vient le dégel, Adelmo découvre un pied d'humain puis un autre. Il semble alors la proie d'hallucinations…
Adelmo Farandola est vieil homme qui vit en ermite dans un misérable chalet perdu dans la montagne. Depuis combien de temps, il ne saurait le dire, mais depuis longtemps en tout cas. Et après tout, pourquoi faudrait-il qu’il s’en souvienne ? Ce qui est sûr, c’est qu’Adelmo gagne en âge mais perd en odorat. Et tant mieux, parce que la couche de crasse sur sa peau lui tient chaud. Et puis cette puanteur ne dérange pas son chien. D’où sort-il, d’ailleurs, ce vieux clébard tout pelé ? Adelmo ne sait plus. Peut-être est-il avec lui depuis une semaine, ou depuis des années. Et après tout, pourquoi devrait-il s’en souvenir ?
Adelmo gagne en âge, et ce qui est sûr, c’est qu’il perd en mémoire. Il ne se rappelle pas qu’il est déjà descendu hier (ou était-ce la semaine dernière?) au village pour s’approvisionner pour l’hiver. Mais après tout, est-ce si important ? Ca lui fera juste quelques saucissons et bouteilles de rouge en plus pour passer l’hibernation. Parce que, à ces hauteurs-là, l’hiver est long et rude, et ensevelit le chalet sous des tonnes de neige.
Mais le printemps est là, enfin, et avec lui la fonte de la neige, et avec elle un pied humain qui surgit des restes d’une avalanche. A qui appartient-il, y a-t-il un corps entier au bout, est-ce juste un membre désarticulé ? Adelmo se souvient des événements de l’an passé, il croit se souvenir, il n’est sûr de rien, sa mémoire est un brouillard…
« Le chien, la neige, un pied » est une de ces histoires étranges qu’on raconte au coin du feu, une légende de la montagne vaguement inquiétante, captivante, parce qu’on ne sait plus trop quelle en est la part de vérité. Ce court roman est un conte cruel et fascinant, un brin cocasse et teinté de fantastique, sur la solitude, la vieillesse et une guerre ancienne. Et on ne saura pas, au final, laquelle des trois aura causé la perte d’Adelmo…
Adelmo vit seul dans les montagnes depuis des années. Il ne descend au village que pour se réapprovisionner en laissant dans son sillage des effluves caractéristiques d'une hygiène plus que défaillante sans compte que depuis quelques temps il perd un peu la tête. Il n'a que la visite du garde chasse et d'un chien qui va finir par s'installer chez lui. Ils vont passer l'hiver ensemble dans le froid et avec une alimentation minimaliste. 0 la fonte des neiges, ils vont trouvé un pied humain. Adelmo a bien du mal à trouver ce qui a bien pu se passer au début de l'hiver.
L'auteur fait entrer les personnages un par un dans l'histoire c'est agréable et pose bien les chose à chaque fois, d'abord Adelmo et son environnement puis le garde chasse, puis le chien puis la neige, puis le pied. Il faut d'ailleurs avoir le coeur bien accroché pour certains passages. ON assiste à la décadence de cet homme qui vit en ermite depuis des années et perd peu à peu la tête
Ce roman se lit très vite, et est très agréable malgré la rudesse à la fois de la vie dans les montagnes que du vécu d'Adelmo.
Chroniques villageoises mais d’un village très spécial, je devrais dire de deux villages, Sostigno le village du bas et Testagno, celui du haut. Nous sommes dans les Alpes italiennes et les villageois sont très attachés à leur particularité « Comment ils font ceux qui vivent en plaine, pour vivre en plaine ? » Bref, un village au bout du monde, isolé, où rien ne semble évoluer, un monde rural, pastoral, quasi immobile et normal
Plusieurs décennies auparavant, Le village du haut n’était habité qu’en été, lorsque le troupeau montait à l’alpage. C’était alors la fête. « Aujourd’hui, on les envie, nos anciens. Il y a un demi-siècle encore, ils allaient et venaient une seule fois par an entre Sostigno, le village dans la vallée, et Testagno, le village sur les hauteurs, et ils passaient l’été là-haut, parmi les pâturages. »
Depuis plusieurs années, les pierres, rochers, galets bougent, à leurs rythmes, provoquant des dégâts mineurs ou des catastrophes, elles semblent vivre leur propre vie. Les villageois organisent même des concours de vitesse. Croyez-moi, vu la lenteur de déplacement des galets, cela peut durer plusieurs mois ! « Nous, des pierres, on en trouve partout, dans nos potagers, dans nos prés, dans nos chaussures et même dans nos maisons ». Les géologues le disent tous « sous son allure imposante, c’est une montagne faible, ses roches toute d’écailles cachent une fragilité terrible ».
Des histoires, il y en a et les villageois aiment à les raconter, dont celle de la maison des Saporana qui en a vu défiler du monde pour voir le mystère des pierres qui déboulent dans le salon avec force et fracas ! De l’ingénieur au charlatan en passant par le curé, Don Danilo qui n’a pas eu le temps de dégainer l’aspersoir que les pierres frappeuses ont frappé. Ces pages sur les charlatans sont un véritable délice de drôlerie. L’acmé du drame est la mort des troupeaux réfugiés, avec les habitants, à Testagno.
Métaphores sur l’étranger, sur l’invasion, sur la fin des petits villages de montagne, peut-être sur les effets du réchauffement climatique, bien qu’il n’en soit jamais question.
Le plus de ce livre est l’écriture de Claudio Morandini, son humour, la pétillance qu’il met à raconter cette histoire, merci à la traductrice Laura Bignon, et, par là, mon plaisir de lectrice. Outre les charlatans, il y a la « lapidation » du curé, la bataille des journaux, le journaliste phraseur qui veut son scoop et son explication sanglante… De temps à autre, l’auteur interpelle le lecteur, comme pour être certain de bien retenir son attention. Un livre surréaliste décrit avec un réalisme délicieux.
Un plaisir de bonne lecture, partagée entre le besoin de continuer ma lecture et celui d’en garder pour plus tard (comme une gamine) et retrouver le plaisir.
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