"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce deuxième et dernier tome des aventures de Kolia confirme malheureusement la moyenne impression que le premier tome m’avait laissée. Bien sûr, le dessin est toujours de bonne qualité et le soin apporté aux couleurs, aux détails et à la couverture reste très appréciable. Malgré tout, le décalage entre le physique de Kolia, petit avec une grosse tête, et son âge, 16 ans, ne cesse de m’intriguer, voire de m’obséder. Ou bien il n’a pas 16 ans, ou bien il y a un souci de cohérence dans le récit car ce n’est pas uniquement son physique qui n’a pas 16 ans, mais également son comportement, plus proche de celui d’un enfant de 10 ans…
L’histoire en elle-même s’accélère avec la trahison totalement inexplicable d’un des membres du groupe envers Sanglier, le père de Kolia et chef de la petite troupe. Parallèlement à cela, on assiste à un déchaînement de violence assez improbable qui se termine dans une espèce d’apothéose mystique avec crucifixion, folie meurtrière d’un ancien des forces spéciales devenu fou et la légende de Saint-Christophe revisitée par Kolia et son père.
Et sinon, au niveau de la cohérence, je préfère éviter de parler des enfants qui se baignent dans une des cuves de refroidissements de la centrale où l’espérance de vie, dans les jours qui suivirent la catastrophe, était de quelques heures à quelques jours quand on y avait passé seulement quelques minutes, alors même 6 mois après…
Le problème majeur de cette BD c’est, à mon avis, d’avoir raconté une sorte de fable en la situant dans un contexte réel et réaliste. Pour moi, en tout cas, le mélange n’a pas pris.
Une dernière chose. Le résumé de l’éditeur indique que « son père chasseur a invité [Kolia] à participer à la battue », je ne sais pas si la personne qui a écrit ça a bien lu la BD mais Sanglier n’est vraiment pas du genre à « inviter » son fils à faire quelque chose… Je me permets de relever ce petit détail car c’est précisément l’un des enjeux du récit qui trouve sa conclusion dans les toutes dernières pages quand ce dernier s’excuse auprès de Kolia de l’avoir « emmené ici ».
Chronique précédemment publiée sur le blog sambabd.be
La couverture est jolie. J’aime le dessin réaliste, précis, lumineux et parfois même chaleureux en dépit du sujet, du lieu, de la saison et du traitement (a priori) numérique de la couleur. Une belle prouesse de ce côté-là. Christophe Alliel imprime son style (assez "Grand Angle" d'ailleurs) à ses personnages, notamment à Kolya, dont le gabarit enfantin (petit corps et grosse tête malgré ses 16 ans…) le rend à la fois attendrissant et fragile, entraînant une empathie et un intérêt pour les aventures qui ne vont pas manquer de lui arriver.
Or… Or, il ne lui arrive pas grand-chose dans ce premier tome. Le scénario, qui part d’une situation intéressante puisque ces « battues » d’extermination de chiens radioactifs ont réellement existé, le scénario, donc, me paraît un peu léger. En fait, il se passe finalement peu de choses dans ce premier tome. Le groupe de chasseurs se rend à Pripyat, ses membres (excepté Kolya) tuent des chiens, ils font 2 mauvaises rencontres qu’ils négocient bien mais on sent tout de même que la ville n’est pas si abandonnée que cela et, finalement, Kolya entre en contact avec… un cliffhanger… Bref, à défaut d'un réel Tome 1, on a plus l’impression qu’il s’agit d’une mise en place, d’une introduction en quelque sorte, pour amener ce qui va se passer ensuite, dans le Tome 2… Malheureusement, il n’y a que deux tomes. Et, au vu de la faible densité scénaristique du premier, il y a de quoi être quelque peu inquiet quant au deuxième… Mais n’extrapolons pas... D'ailleurs, j’espère vraiment me tromper... Au moins autant qu'un certain Anatoli Alexandrov, académicien russe, qui est entré dans l'Histoire avec cette inoubliable citation prophétique :
"Nos centrales nucléaires ne présentent aucun risque. On pourrait les construire même sur la Place Rouge. Elles sont plus sûres que nos samovars."
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