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Jackson Pollock, artiste maudit et adulé
Une page d'histoire de l'art qui se lit comme un thriller: Christian Carisey raconte comment Jackson Pollock s'est retrouvé, sans le savoir, au cœur d'une bataille entre CIA et FBI, entre chasse aux sorcières et soutien masqué. Étonnant et passionnant.
Dans les États-Unis de l'immédiate après-guerre, les autorités sont obnubilées par la présence de communistes et d'ennemis de l'État sur leur sol. Aussi J. Edgar Hoover, directeur du FBI, décide faire une traque sans relâche à tous ces ennemis, fussent-ils imaginaires. Il fiche plus d'un demi-million de personnes et fait rédiger quelque 60000 biographies, notamment de représentants du monde de la culture. Quand s'ouvre le roman, il est déstabilisé par la création de la CIA et la scission des activités de renseignement à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Il décide alors faire feu de tout bois et veut mettre hors d'état de nuire tous ceux qui affichent des sympathies communistes. Dans une note rédigée à l'intention du Président Truman, il explique que « Même les Américains de naissance — je pense notamment à un dénommé Jackson Pollock — n'hésitent pas à défendre des idées communistes. Jackson Pollock a largement profité du système d'aide aux artistes mis en place durant la crise économique par le président Roosevelt, D'après nos renseignements, il a bénéficié d'une pension jusqu'en 1942 ce qui ne l'a pas empêché de tout faire pour être réformé quand le pays est entré en guerre. Cette attitude illustre bien l'état d'esprit de ces « artistes » (je mets volontairement des guillemets à ce mot quand je vois les tableaux qu'ils peignent) dont le sens civique est inexistant. Ils sont un terreau particulièrement favorable pour la propagation d'idées anti-américaines. Je vous ferai parvenir sur Jackson Pollock et ses amis les dossiers en cours de constitution. »
Ce qu'il ignore alors, c'est que du côté CIA, on réfléchit à une opération d’infiltration des médias pour convaincre les opinions publiques européennes de leur politique en assurant la promotion des créations américaines « afin de montrer la vitalité de nos artistes ». Franck Dune est chargé de faire « des propositions concernant des peintres contemporains ». Très vite, il va se tourner vers l’expressionnisme abstrait, un mouvement au sein duquel il décèle « de fortes personnalités dont les œuvres témoignent d’une grande capacité créatrice. » Sa première liste rassemble Willem de Kooning, Arshile Gorky, Jackson Pollock, Mark Rothko, Robert Motherwell et William Baziotes.
Bien loin de cette effervescence, Jackson Pollock essaie de survivre. Sa peinture a du mal à convaincre et l'alcool poursuit ses ravages. Lee Krasner, son épouse, va tenter d'obtenir l'aide de Peggy Guggenheim. La riche newyorkaise, qui a déjà apporté son soutien à l'artiste, va bien tenter d'assurer sa promotion, mais l'artiste irascible va ruiner sa tentative en provoquant un scandale.
Il se réfugie à Springs où Franck Dune va s'approcher de lui et réussir à se lier d'amitié avec le couple et ne pas ménager ses efforts pour le peintre dont il admire le travail.
En explorant cette page méconnue de la Guerre froide où la rivalité interne se mêle aux nids d'espions de Berlin, où la vitalité d'un courant artistique est l'enjeu d'un combat entre l'est et l'ouest, Christian Carisey a réussi un roman qui se lit comme un thriller.
Avec, au cœur de cette bataille, un artiste qui est totalement ignorant de ce qui se trame dans son dos, luttant plutôt contre ses propres démons, contre son addiction maladive à l'alcool qui finira par l'emporter, après sa séparation et la dépression qu'il ne parviendra jamais à vraiment surmonter.
Si l'auteur prend bien soin de ne jamais lier le travail de l'artiste et celui des services de renseignements, on ne peut s'empêcher de penser que la notoriété de Jackson Pollock doit, au moins en partie, à la Guerre froide. Si on dresse, à raison, le tableau noir du Maccarthysme, on n'oubliera pas non plus les programmes destinés à mettre en avant le talent des acteurs culturels. Il arrive que des fonds secrets servent à autre chose que des actions d'espionnage, d'exfiltration ou d'élimination.
Le prolifique Christian Carisey - après Pleine mer en 2023 et La folie Fischer en 2024 - poursuit ici son exploration d'une période aussi trouble que riche en événements propres à attirer les romanciers, cette guerre froide où le jeu d'échecs ou encore les beaux-arts deviennent instruments d'une féroce lutte de pouvoir.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
Le Roi-Soleil ne brille plus de mille feux...
Assez familière de la période historique fin 17e-18e siècle, j 'ai choisi ce roman avec grande curiosité. Et aussi ayant une expérience de travail dans un service hospitalier en chirurgie digestive, je ne pouvais qu'apprécier.
Basé sur des personnages et faits réels, le récit raconte la période médicale de la vie de Louis XIV au travers du premier chirurgien du roi- Félix - .
Un récit intimiste et sans fards sur le quotidien du Roi-Soleil durant sa maladie très invalidante nommée Fistule anale.
Aujourd'hui une fistule anale se soigne sans problème. Un coup de bistouri, 2 jours d'hospitalisation et hop le tour est joué.
Mais durant cette période d'obscurantisme et de "bondieuseries", cette fistule pouvait être vraisemblablement mortelle.
Le chirurgien se fait aider par un émissaire thailandais (venu en visite officielle à la Cour à Versailles), il tâtonne, il fait des recherches, il autopsie, il opère ("il se fait la main") à l'hopital public. Et se fait fabriquer un bistouri spécialisé dans ce genre de chirurgie.
Le roman se finit avec la fameuse opération (qui a réussi). C'est un peu dommage, j'aurais bien voulu suivre les suites post-opératoires royales.
Un ouvrage clair, bien romancé, bien détaillé.
Ce roman est l'occasion de (re)découvrir une partie de l'Histoire, plus particulièrement en Espagne, à l'aube de la découverte du continent américain.
L'auteur nous présente quelques personnages historiques sous un angle à la fois enrichissant et captivant, le tout via une plume fluide, sans fioritures. On découvre ainsi peu à peu leurs parcours respectifs, parfois amenés à se croiser, jusqu'à la naissance de ce nouveau monde.
Le sujet est clairement maîtrisé, ce qui fait de cette lecture un moment tout aussi divertissant qu'instructif.
A découvrir !
http://www.faimdelire.com/2017/01/la-confusion-du-monde-christian.html
Christian Carisey a été professeur de philosophie. Il est aujourd’hui directeur de l’international et des affaires institutionnelles chez Presstalis.
Dans son livre, l'auteur ne s’intéresse pas qu'à la santé de Louis XIV. En effet, il fait le point sur la France et l'Europe du XVIIe siècle que ce soit sur le plan culturel, économique, médical, social... On redécouvre alors les us et coutumes de l'époque avec grand plaisir.
La réussite de l'opération de la fistule n'est pas une surprise car on sait que le roi ne mourra qu'en 1715. Grâce au talent littéraire de Christian Carisey, on découvre avec beaucoup de précision comment les chirurgiens de l’époque s'y prenaient pour opérer une fistule anale.
Heureusement pour le roi, Félix s’entraîne sur les prisonniers de la Bastille atteints de fistule. Le manque d'hygiène et le risque d'hémorragie élevé expliquent l'échec des tentatives de Félix. Seul un prisonnier survivra à l’opération. Félix reprend alors confiance et se sent prêt à opérer le roi avec l'accord de Mme de Maintenon, sa seconde épouse.
Les instruments chirurgicaux (scalpel, bistouri, écarteur) qui ont servi à l’opération de la fistule sont exposés au musée de la Médecine à Paris. On peut aussi retrouver aisément sur "Google Images" les photos de ces derniers.
En conclusion, "La maladie du roi" est un roman historique de très bonne facture malgré quelques personnages inventés pour les besoins du livre.
Je vous conseille également "Un roi sans lendemain" de Christophe Donner (lire ma critique), un passionnant roman historique sur Louis XVII.
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Chacune des deux demeures dont il sera question est représentée dans le sablier et le lecteur sait d'entrée de jeu qu'il faudra retourner le livre pour découvrir la vérité. Pour comprendre l'enquête menée en 1939, on a besoin de se référer aux indices présents dans la première histoire... un véritable puzzle, d'un incroyable tour de force
Sanche, chanteur du groupe Planète Bolingo, a pris la plume pour raconter son expérience en tant qu’humanitaire...