Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Christian Astolfi livre avec L’Œil de la perdrix un récit poignant sur la sororité. Un roman chaleureux, souvent tendre mais pudique, impressionnant de justesse qui raconte la vie de sa narratrice, à partir de sa rencontre avec une autre femme, qui a su lui tendre la main. Ce lien illumine la vie et bouleverse le quotidien de Rose, la Corse, exilée à Toulon entre les deux guerres, et Farida, l’Algérienne vivant dans son bidonville insalubre, situé en face de la maison de son amie, dans les années 50.
Deux femmes exilées qui apprennent à vivre, déracinées, soumises à l’ordre établi, patriarcal pour Rose, sociétale pour Farida, toutes deux analphabètes avec, en plus, cette langue française qui n’est pas leur langue maternelle. Elles vont se rencontrer, devenir complices, cheminer ensemble, s’aimer et se soutenir. Tout d’abord au coude à coude, puis côte à côte et pour finir de loin en loin.
Deux univers que tout pourrait opposer et pourtant c’est grâce à Farida que Rose va s’émanciper de toutes ses oppressions, comme dirait son ami Pierre. Dès les premières lignes, le ton humaniste et empathique de Christian Astolfi saisit directement le cœur de son lecteur (trice) par la narration d’un monde qui raconte ceux dont on ne raconte jamais rien. Ce récit relate simplement, sans fioriture, sans colère, enfermant ses silences jusqu’à la fin.
Une renaissance…
Rose vit dans sa maison, à s’occuper du quotidien de son mari. Les enfants sont partis. La vie s’est arrêtée. On comprend rapidement qu’il ne s’agit pas que du poids de sa naissance qui l’empêche, qu’il y a une autre blessure, encore plus invalidante. Seulement, pudiquement jusqu’à la fin, le lecteur ne sera pas voyeur de sa douleur.
De son univers qui ne semble n’être pas différent de celui de sa mère, Rose va conquérir peu à peu son émancipation et sa liberté. L’Œil de la perdrix est l’histoire de cette conquête, toute simple, cette révolution silencieuse et discrète, sans heurt ni violence, d’une femme qui reprend sa vie en main.
Ce bouleversement passe aussi par l’acquisition de la lecture, puis de l’écriture. Alors, le récit de Rose, narratrice, prend une autre dimension. Il quitte le domaine du privé pour gagner celui du monde et servir d’exemple. Car, la conquête de la liberté ne peut passer, semble rappeler Christian Astolfi, que par la liberté de savoir !
Pourtant, dans L’Œil de la perdrix aucune leçon n’est assénée. Christian Astolfi donne à voir, à penser, à s’interroger, à comparer et à se souvenir. Car, le combat de Rose ressemble beaucoup à celui d’autres femmes, du passé, mais aussi d’aujourd’hui.
L’Œil de la perdrix, tatoué sur un front de Farida, fait fuir le mauvais sort : un losange avec, à chaque extrémité, une petite croix. Mais la perdrix est aussi le signe de la beauté et la grâce. Avec ces deux qualificatifs, Christian Astolfi décrit cette amitié si essentielle pour aider à vivre. Il dresse une parfaite illustration de leur complicité, de leur amour, de leur joie à être ensemble et même de leur bonheur de se retrouver, ces deux sœurs de cœur.
…Au cœur de bouleversements politiques et sociétaux
En implantant son roman dans la France de la guerre d’indépendance de l’Algérie, Christian Astolfi montre un pays où les effets du colonialisme, avec sa grandeur imaginaire, sont encore extrêmement présents. Il décrit la montée du racisme avec les répressions de l’État et les ratonnades de la droite extrême.
Mais, c’est aussi la problématique de l’exil qu’il pose ainsi en toile de fond. Le mari de Rose quitte sa terre et ses moutons pour devenir tout le restant de sa vie, ouvrier soumis à l’usine. Farida avec ses enfants rejoint son mari, terrassier pour cette France des grands chantiers, pour fuir la misère.
L’Œil de la perdrix de Christian Astolfi, je l’ai lu presque d’une traite, embarquée dans son univers, l’émotion au bord du cœur, bouleversée par tant de justesse et de pudeur. Il évoque la vie d’une femme simplement courageuse et généreuse. Le portrait de nombreuses comme elles dont on ne parle que rarement en littérature. Je vous laisse le découvrir !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/11/18/christian-astolfi-loeil-de-la-perdrix/
Rose, orpheline, née en 1903, a grandi dans un petit village de Corse. Elle devient mère à seize ans et, sur une décision de son mari, alors qu'ils ont déjà trois enfants, ils quittent la Corse pour Toulon. Il pense qu'ils auront une meilleure vie sur le continent.
En 1957, Rose rencontre Farida, née en Algérie. Farida vit dans le bidonville de Toulon avec sa famille.
Les deux femmes deviennent amies et toute leur existence va en être profondément bouleversée.
Au fil des chapitres, l'auteur donne la parole à deux femmes déracinées, deux femmes solidaires, deux femmes courageuses.
Rose va relever un véritable défi en apprenant à lire et à écrire. Les cours d'alphabétisation donnent un nouvel élan à la vie de Rose dont le mari est taciturne et taiseux.
Je me suis réjouie de voir Rose progressivement sortir de sa condition de femme au foyer pour s'émanciper, de la voir s'impliquer dans les cours d'alphabétisation.
Un très bon récit qui s'inscrit dans l'histoire de la guerre d'Algérie, une belle amitié entre des femmes très attachantes, un chemin semé d'embûches pour sortir de l'illettrisme et réussir enfin à s'émanciper.
Ce roman est lumineux.
L'œil de la perdrix raconte une amitié à la fois forte et unique entre deux femmes que le hasard a rapproché. Rose est française, corse d'origine, Farida est algérienne. L'auteur , Christian Astolfi nous narre leur vie rude de mère, de femme dans le Toulon des années 50. Bien sûr, leur histoire rejoint la grande histoire, celle de la guerre d'Algérie, de ses combats, de ses drames. Il y a beaucoup de pudeur dans ce récit. Christian Astolfi nous peint par petites touches les portraits de Rose et de Farida, leur combat aussi pour gagner une forme d'émancipation loin de la pauvreté, de l'illettrisme. Ce sont des vies simples prises dans le brouhaha de l'histoire et c'est aussi cela qui fait toute la beauté de ce roman.
J’aime à imaginer que nous ne choisissons pas toujours nos lectures, mais que parfois ce sont les livres qui nous choisissent. Ils arrivent à nous par des chemins détournés, souvent loin de tous choix conscients, et leur lecture alors est une évidence. J’aime à penser que c’est le cas de celui-ci, peut être poussé vers moi par Rose et Farida, les belles héroïnes de « l’œil de la perdrix », peut-être inspirée par mon père, où qu’il soit, tant le sujet de ce roman m’a fait penser à lui.
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A l’orée des années 70, à la Seyne sur mer, on y suit un jeune homme qui rentre aux Chantiers, comme on rentre en religion, dans les pas de son père. C’est d’abord un surnom qu’il y gagne, car ici chacun est rebaptisé. Devenu Narval, il apprendra le métier, sa rudesse, ses codes, mais il se forgera surtout des amitiés solides. Plus que des collègues Cochise, Mangefer ou Barbe deviendront des camarades de galères, de joies et de luttes. Des amis pour la vie. Nous suivrons sa trajectoire sur près de 40 ans, de l’insouciance de sa jeunesse à l’euphorie de l’arrivée de la gauche au pouvoir, des désillusions aux désenchantements, jusqu’à la fermeture des chantiers dans les annees 2000, qui précédera de peu le scandale de l’amiante et ses terribles procès. Chronique d’une vie ouvrière. Chant funeste d’une génération sacrifiée.
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Il m’est difficile de trouver les mots pour parler de ce roman tant il a emporté mon cœur. « La dignité c’est la seule chose qu’on ne doit jamais leur céder », cette phrase forte résume l’état d’esprit de Narval et de ses camarades. Des hommes entiers, des hommes dignes. Des gars simples, humbles, sans histoires, fiers de leur métier, admiratifs de ces monstres des mers. Des hommes plein de force et de fougue prêts à dévorer la vie, dévoués à leur entreprise et bouillonnants de vie. Mais des hommes qui seront blessés, trahis, meurtris autant dans leurs convictions que dans leur être, et c’est poignant de les voir ainsi fracassés sur l’autel du cynisme et de la rentabilité.
Ce qui m’a le plus marquée je crois, c’est l’immense tendresse de Christian Astolfi pour ces hommes. On sent qu’une fraternité profonde l’unît à eux et c’est avec une écriture simple, sans lyrisme excessif, mais pleine d’émotion qu’il leur rend hommage. Un des plus beaux romans sur ce milieu ouvrier si souvent caricaturé. Il m’a ramenée en enfance et sur mon épaule, j’ai senti la présence de mon père dans son bleu de travail. Il aurait forcément aimé Narval autant que moi.
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