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Samedi dernier, j’étais invitée par la librairie nomade à signer le Lexique amoureux de Sète à Gigean. J’y ai rencontré Charles Aubert qui dédicaçait sa trilogie « Bleu Calypso », « Rouge Tango » et « Vert Samba ». Je suis repartie avec les trois ouvrages en version poche (Pocket). Et je me suis régalée à ces lectures.
D’abord parce que c’est écrit. Et même drôlement bien écrit. Ensuite parce que les intrigues se tiennent et tiennent en haleine, la moindre des choses pour des polars. Enfin, parce que les personnages – tous les personnages – ont de la chair. On pourrait presque les côtoyer au détour d’un marché ou sur les rives de l’étang, celui de Thau ou celui des Moures, là où Niels Hogan, le héros de la trilogie vit et fabrique des leurres de pêche dans une cabane de pêcheur après avoir abandonné la ville et sa vie de responsable commercial. Un florilège de personnages que n’auraient pas renié Brassens ou Lolo : le Vieux Bob, sa fille Lizzie, Alex l’ostréiculteur, Malkovitch le policier obstiné… On navigue entre une nature où tout n’est qu'ordre et beauté et des cadavres qui viennent bousculer la vie paisible et quelque peu misanthrope du héros. Y aura-t-il d’autres aventures à suivre ? Pourquoi pas, la fin de « Vert Samba » est ouverte…
Le style du roman est aussi percutant que la boxe dont l’auteur maîtrise parfaitement le vocabulaire. En dix rounds pour autant de chapitres, les phrases courtes vous mettent KO. Un récit à la fois aérien comme la « danse » de Rukeli sur le ring, en défi à l’aryennité selon les absurdes lois raciales de Nuremberg, et sombre comme le IIIe Reich.
À lire pour ne pas oublier.
« Danser encore » de Charles Aubert raconte la véritable histoire de Johann Trollmann dit « Rukeli », le boxeur tsigane, sacré champion d’Allemagne, qui vécut dans l’Allemagne nazie et mourut assassiné le 9 février 1943 dans le camp de concentration de Neuengamme.
En toile de fonds du parcours sportif et humain du boxeur, la montée puis l’installation du régime hitlérien. Rukeli, comme d’autres, se pensait en sécurité, seuls les juifs étaient visés, il n’était pas juif… On connaît la suite de l’histoire. Le triangle brun en tant qu’être asocial que devront porter les Tsiganes. « Les juifs portent sur le cœur une étoile de David jaune, les homosexuels, un triangle rose, les prisonniers politiques, un triangle rouge, les témoins de Jéhovah, un triangle mauve et les criminels de droit commun, un triangle vert. » Créer des catégories et les monter les unes contre les autres.
Pour contrebalancer les directs et les uppercuts, il y a la forêt. Ce lieu, pendant un temps protecteur, où vivent des membres du clan de Rukeli. Le moment d’une respiration pour le boxeur comme pour le lecteur qui aimerait croire que tout n’est pas joué d’avance.
Roman initiatique, roman d’aventure, à mi-chemin entre Mark Twain et Jim Harrison, avec une pointe de Henry David Thoreau, le tout récent roman de Charles Aubert, « Tala Yuna » se déguste comme un mets rare. Au travers d’une trame simple : un homme, écrivain à succès, part à la recherche du père qu’il n’a pas connu. On plonge alors dans un récit hors du temps qui tient en haleine. Les personnages – tous attachants, même les plus sombres. Les lieux, un archipel d’îles improbables ; le récit, haletant ; le cadre, l’omniprésence de la nature.
Outre donner de la chair à ses personnages, un savoir-faire déjà bien présent dans sa trilogie policière précédente, Charles Aubert manie avec brio la palette des couleurs, ici ce n’est plus l’étang des Moures, mais la mer et la forêt. Pourtant, c’est bien le même talent à l’œuvre. Celui d’un peintre des mots. Celui d’un poète.
Non seulement, on passe un excellent moment à cette lecture, mais surtout on a envie de la recommencer, certain d’y trouver des choses qu’on aurait laissé passer. Et ça c’est le signe d’un bon roman.
« Tala Yuna », Charles Aubert, éd. Slatkine & Cie
comment l'actualité fait écho à ce livre court certes mais tellement dense!ce boxeur gitan est digne d'admiration,un style vif qui nous embarque...à lire d'une traite.
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