Cette semaine, Soizik a choisi Lydie pour partager sa lecture et son avis sur le livre Dépendance Day de Caroline Vié (JC Lattès), pour le Club des Explorateurs de lecteurs.com
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2018/03/21/36245475.html
Iris a la cinquantaine. Depuis trente ans, elle a aimé profondément un homme à qui elle a tout donné, tout sacrifié. Il s’appelait Iggy, était une rockstar connue et il l’a abandonné en mourant d’une overdose. Iris se retrouve pour la première fois seule avec sa personne qu’elle ne reconnaît plus, qu’elle tente de redécouvrir, de réapprivoiser. Son prénom est d’une symbolique forte, Iris était la déesse arc-en-ciel toujours prête à exécuter les ordres des dieux. Plus de dieu du rock, elle doit se construire une nouvelle vie, une vie qui lui semble tellement absurde sans Iggy, une vie où elle sera cette fois-ci sur la scène, plus en coulisses. Passés la sidération, le deuil, la colère même, elle raccroche les wagons et rencontre Adrien. Il a la quarantaine, est un blogueur spécialisé dans la musique rock. Elle le considère comme une curiosité puis un ami avant de ressentir quelque chose de plus fort. Mais Adrien se fait de plus en plus distant, semble indifférent aux signaux qu’envoie Iris. La désillusion qui pourrait la détruire complètement va au contraire lui être bénéfique. Adrien va lui permettre de penser enfin à elle, à ne plus vivre à travers le regard des autres.
J’ai été bouleversée par cette femme attachante à la fois si forte et fragile qui me ressemble tellement, bouleversée par l’écriture de Caroline Vié, une écriture sans concession, dans l’émotion, dans la chair sans pour autant tomber dans le larmoyant. Tout est dans la justesse et la beauté. Un roman d’une profonde humanité et féministe à sa manière. Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, Iris devient tout à fait elle-même.
Dans Dépendance Day, le second roman de Caroline Vié, nous suivons trois générations de femmes aux prénoms impossibles. Ce sont les prénoms des trois Parques, bon, là bien sûr il faut réviser un peu ses cours. Le récit de Morta, la petite-fille, nous fait plonger dans les affres de la maladie, qu’elle soit sénilité ou Alzheimer, vécue par les personnes âgées qui s’enfuient dans un univers sans mémoire, sans souvenir, sans repère et évoque surtout les bouleversements que cela entraine dans la vie des accompagnants, ceux qui perdent leurs relations avec leur famille, leurs parents.
On croirait presque une biographie tant certaines scènes sonnent vrai. Aborder la maladie d’Alzheimer n’est pas un postulat évident, pourtant je m’y suis laissée prendre, car en plus du malheur et de la souffrance évoqués sans retenue, il y a tout au long de ces pages un humour, une façon de vivre les évènements, de les décrire, qui vous oblige à rire et à pleurer en même temps. Construction étonnante, qui fait sourire et réfléchir, qui déchire et qui afflige, mais qui n’est jamais morbide.
Malgré le sujet évoqué, c’est un roman terriblement attachant que j’ai lu d’une traite, qui ne laisse pas indifférent et qui certainement pose de nombreuses questions sur l’accompagnement des malades et des personnes en fin de vie, mais aussi sur la fin de vie voulue et digne.
L'histoire d'une journaliste de cinéma qui perd pied face au manque d'intérêt que lui porte un acteur dont elle tombe follement, éperdument amoureuse...
Des jolies phrases rythment ce livre comme "Mon cœur, passé en mode hémophile, coulait à petit glou-glou" ou "C'est sans doute à force d'avoir une existence de carte postale que j'ai fini timbrée.
Dependance Day de Caroline Vié commence comme un roman. L’auteur nous entraîne dans les pas de Morta, jeune femme écrivain, fille de Clotho – sa mère.
Par petites touches elle reconstruit, en allers-retours vers le passé, l’histoire de ces deux femmes aux prénoms rares témoignant du lien avec l’arrière grand-père de Morta. Il avait appelé sa propre fille Lachésis en l’honneur des Parques, divinités romaines de la destinée humaine. Lachésis perpétuera la tradition en prénommant sa fille Clotho, elle-même nommant la sienne Morta. Ce fil invisible tissé par les prénoms nous annonce déjà celui, plus redoutable, du funeste destin de ces trois femmes.
Mais tout cela n’est qu’un peu de poudre aux yeux car très vite elle nous fait entrer dans le vif du sujet, dans un style qui pourrait d’abord sembler léger, drôle : la grand-mère Lachésis ne va pas bien. La narratrice qui remonte à ses 16 ans se souvient de la lente dégradation de Lachésis, mais ne prononce pas encore le terme fatidique. C’est pour sa mère Clotho qu’elle ne pourra plus l’ignorer : Alzheimer.
Alors très vite le roman bascule. Est-ce une autobiographie ? Une autofiction ? La dédicace me revient alors en mémoire : « A ma mère que j’ai enfermée. A ma fille qui m’enfermera ». Car la menace plane sur sa tête. Comment vivre avec ?
A partir de cet instant, je ne lis plus ce livre de la même façon. J’ai l’impression de vivre un peu son expérience avec la narratrice. Malgré son sens de l’humour et sa prise de distance, nous ressentons combien cette maladie est dévastatrice pour toutes les familles qui y sont confrontées. « L’épouvante a cela d’amusant- écrit-elle- qu’on n’en touche jamais le fond ».
Je pense que pour Caroline Vié il était vital d’écrire ce livre. Pour nous lecteurs, elle réussit à mettre en mots les moments qu’elle a traversés : drôles, terribles, épouvantables sans jamais céder au pathos ou à l’émotion facile.
Je ne peux dévoiler la fin aux éventuels lecteurs car elle donne toute sa force au récit. On n’en sort pas indemne. Mais lisez ce beau livre.
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