"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Bon sang, encore un roman qui parle de danse… Après la déception avec En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut, je suis un peu refroidie… Et puis, je viens de lire Brillante de Stéphanie Dupays que j’ai beaucoup aimé… Alors à quelle moulinette va passer De ce pas ? Je vous rassure tout de suite : j’ai adoré ce roman ! À tel point que je ne sais pas trop par où commencer et comment en parler…
De ce pas est un roman qui parle du couple mais aussi du souvenir, du passé, de la mémoire. « Paul et Marjorie n’arrivent plus à se parler. Les mots restent bloqués dans leur gorge. Marjorie est aussi impuissante que Paul est désarmé. Ils sont deux êtres seuls, isolés, retranchés dans leur tour. » (p. 122). Et de tant d’autres « petites » choses, la musique, la danse, la peinture, l’histoire, l’Ardèche, le protestantisme, l’Afrique du Sud et les requins (passage passionnant !). Comment ne plus fuir son passé, comment le repasser, le dépasser et le construire pour vivre avec et pas contre lui ? Voici le thème de ce roman qui est pour moi une très belle révélation, qui m’a profondément remuée (mon amour de l’Asie – plus que de la danse – y est pour quelque chose, c’est sûr), qui m’a rendue à la fois joyeuse et triste, enjouée et nostalgique, qui m’a laissée vide et sans voix une fois terminé, à tel point que – comme je le disais au début de ce billet – j’ai du mal à rédiger ma note de lecture plus d’une semaine après la lecture… Une petite merveille envoûtante tout en délicatesse et subtilité !
Sur la danse (il y a d’autres passages sur la danse mais celui-ci me fait appréhender véritablement ce qu’est la danse pour une néophyte comme moi !) : « Physique et abstraite, terrienne et aérienne, fruit d’un double mouvement, Éros et Phobos, le désir et la peur, l’appétit et la retenue, le geste qui va vers et le geste qui recule, fuit. La danse comme espace et temps. En elle, le mouvement naît, meurt, puis renaît, chute et va de l’avant, tombe et se relève. La danse comme tour et retour. Un déclin prélude au rebond. Une potentialité de vie. La danse enfin comme livre d’images pour la pensée, une métaphore du mouvement même de la pensée. Une pirouette des idées. Un rond de jambe de l’esprit. Une révoltade des émotions. » (p. 81).
https://pativore.wordpress.com/2016/07/27/de-ce-pas-de-caroline-broue/
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/06/de-ce-pas-de-caroline-broue.html
Lever le voile du passé qui obscurcit l'avenir, rompre le silence pour s’alléger
Tin, danseuse étoile à l'Opéra de Paris à la grâce orientale rencontre Paul, photographe passionné de peinture. Ils tombent amoureux et construisent leur vie sans se parler de leur vie d'avant.
Tim a fui le Cambodge à l'âge de 5 ans avec sa mère durant le génocide en 1975, elle n'a rien voulu savoir de son pays depuis son départ. Paul est un idéaliste qui a fui sa famille disloquée
Tin et Paul sont réunis par le silence de l'art, ils se comprennent d'un regard."Ils n'avaient pas besoin de se parler pour se comprendre. L'entente entre eux était tacite. Ils s'accordaient d'un regard furtif. D'un geste de la main."
Des blessures et la fatigue générale de son corps contraignent Tim à arrêter sa carrière de danseuse étoile, elle décide alors de changer de nom et de demander la nationalité française. Tim devient Marjorie. Mais "on ne change pas impunément d'identité sans que le passé vous rappelle à lui"
Mais un jour leur passé va devenir trop lourd à porter et leur fille Elena ne peut se construire sereinement dans le silence de ses origines. Marjorie et Paul vont devoir affronter leur passé bâti sur l'image idéalisée d'un père pour elle et l'image dégradée d'un père pour lui.
Quelques personnages secondaires gravitent autour d'eux : Lucien, l'ami de Franck, son contraire extraverti et Coralie, l'amie de Marjorie, une angoissée chronique.
Il y a aussi Justine, une vieille voisine, aux paroles empreintes de sagesse, qui raconte à Marjorie des épisodes de sa vie marquée à jamais par la Shoah et Jérôme, un aventurier au passé obscur, rencontré en voyage.
J'ai regretté que l'histoire de ces personnages annexes ne soient pas suffisamment fouillée.
Un joli roman sur la résilience écrit avec des va-et-vient entre les différentes époques de la vie de ce couple qui m'ont parfois gênée car j'ai trouvé la construction de ce roman parfois déroutante.
Un roman sur les non-dits, sur le poids des histoires familiales, sur la parole qui libère enfin du passé trop pesant. Une jolie écriture sensible au rythme parfois saccadé qui pose la question : peut-on être heureux en vivant sans passé?
Tin la cambodgienne est devenue Marjorie, ancienne danseuse étoile, jeune maman d’une petit Elena, épouse accomplie et apparemment heureuse. Aujourd’hui, elle se pose des questions sur son passé, son enfance, ces blessures qu’elle a cachées dans un coin de sa conscience pour ne pas trop en souffrir. Arrivée en France en 1975, à 5 ans à peine, alors qu’elle fuyait le Cambodge des khmers rouges avec sa mère, elle est restée pendant de nombreuses années sans nouvelles de Chim, le père resté à Phnom Penh.
Paul, son mari, photographe, est issu d’une lignée de protestants ardéchois. Il a depuis longtemps coupé les ponts avec ses parents sans que l’on comprenne vraiment ce qui a causé cette séparation, il revoit à peine sa sœur. Et l’on s’interroge pour savoir d’où vient cette faille dans sa généalogie familiale et qui aujourd’hui lui cause tant de bleus à l’âme
Justine, la vieille voisine sage et aimante, se prend d’amitié pour Marjorie la courageuse, la flamboyante danseuse étoile, la petite fille qui souffre de son passé et doute de son avenir. Justine, rescapée des camps, sait bien que lorsqu’on souffre trop, on se tait car on ne peut pas dire l’horreur et la douleur, mais elle sait aussi que pour vivre, il faut avancer, ne pas oublier, mais continuer, passer à l’âge adulte, puis passer le flambeau à la jeunesse.
De ce pas de danse, de ce pas de deux, Caroline Broué écrit un premier roman aérien et léger, profond parfois. Il est comme ces figures de ballet qui s’envolent et nous font rêver, auréolées de mystère, images du bonheur donnant une impression de légèreté qui font oublier aux spectateurs la souffrance qui est cachée derrière, au plus profond, et surtout la ténacité, la pugnacité qu’il a fallu pour en arriver là. Le livre, construits en flashback qui passent d’une époque à l’autre, ou changement de personnages en peu de phrases est parfois compliqué à suivre, mais au final, voilà un questionnement intéressant sur les origines, ce que l’on cache, ce que l’on imagine, ces secrets ou ces non-dits qui peuvent détruire des familles. Sur les interrogations d’un couple également, quand chacun atteint cette quarantaine fatidique où il est de bon ton d’avoir réussi sa vie… ah, mais réussi comment ? A ses propres yeux ou mesuré à l’aune des autres ?
Un 1er roman de cette auteure..
Un couple, lui Ardéchois, elle Vietnamienne qui s'exprime au fil des pages, nous raconte sa fin de carrière de danseuse professionnelle, sa vie de couple.. Au travers de sa voisine, Justine,rescapée des camps, surgit son passé et celui de Paul son mari.. Tous 3 sont des écorchés de la vie, aux parcours et histoires différents..
De la grâce, de la légèreté virevoltent tout au long des pages, tels des pas de danse afin de permettre à Marjorie d'avancer sur son chemin de vie, de retrouver sa place, de vaincre ses démons afin de clore son " dédoublement" de personnalité...
Une belle histoire pleine de poésie, de doutes, de victoires sur soi et libératrice à la fin...
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