"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Plongée dans le Paris des années 70, dans le Gabon des années 30 et surtout dans le monde de l'art africain. Ce roman est passionnant parce qu'il fait la part belle aux origines des sculptures de Ronald et plus globalement à l'art dit premier, à la manière dont il les colons s'en emparèrent et l'introduisirent en Europe à leurs retours. Brigitte Joseph-Jeanneney aborde aussi la délicate question de la restitution des œuvres d'art, du pillage des colons qui a néanmoins permis à cet art de devenir rapidement international avec des cotes, des magouilles, des imitations. Picasso, Braque, Léger s'en inspirèrent. Dès lors, à qui appartiennent les œuvres ? Toutes ces questions sont dans le roman. L'auteure y ajoute ses personnages qui s'interrogent sur les mêmes thèmes, mais aussi sur l'amour, la mort, la vie, ces questions personnelles et universelles.
C'est remarquablement mené, Brigitte Joseph-Jeanneney -qui a signé l'également très très bon Nocturne au Louvre- alterne les passages du Paris des années 70 et du Gabon quarante ans plus tôt. Elle écrit dans une belle langue, classique, accessible sans céder à la facilité. Ses descriptions des sculptures sont précises et sensibles, on les voit quasiment devant soi. Son texte est très beau parce qu'elle ne juge ni n'accuse personne, ni les colons et notamment le père de Ronald qui a profondément aimé le Gabon au point d'en rapporter des souvenirs, ni ceux qui veulent que les œuvres soient restituées parce qu'elles ont en leur pays d'origine des significations fortes, des rôles qu'elle explique bien. Encore une fois la sensation de s'instruire en se divertissant est permanente et fait mon bonheur.
Un polar dans le monde de l'art qui fera votre délice sur la plage ou ailleurs cet été -ou à toute autre saison.
Encore une fois, les éditions Cohen&Cohen font un très bon choix pour le texte et pour la couverture : Masque de danse. Peuple Tsogho (Gabon) exposé au musée du quai Branly.
Comme toujours dans la collection Art noir de chez Cohen&Cohen, l'art est au cœur de l'intrigue. Cette fois-ci, plus qu'une œuvre ou qu'un peintre, c'est tout le musée du Louvre qui est le lieu quasi unique du roman. Si le fond du problème peut sembler anodin aux amateurs de thrillers, de polars avec des morts à toutes les pages, l'enquête n'a pourtant rien à envier à ces ouvrages. Ce coté un peu léger fait même mon bonheur, car je peux lire tranquillement les aventures de Nicolas Lesur sans craindre un déferlement de violence. Et puis en prime, Brigitte Joseph-Jeanneney nous fait la visite du Louvre, parle de certaines œuvres, des célèbres et d'autres moins, La Joconde bien sûr, Le radeau de la méduse itou, ... mais on suit aussi en partie les visites d'une charmante conférencière qui s'intéresse -et nous intéresse- à la collection du marquis Giovanni Pietro Campana Di Cavelli. Son histoire est passionnante et véridique : collectionneur compulsif, arrêté et sauvé par Napoléon III, l'auteure en parle formidablement bien.
Son roman tourne parfaitement, il aurait pu aller jusqu'au bout sans que je me lasse, mais une belle surprise, un retournement final permet de prendre encore plus de plaisir aux dernières pages. Finalement assez original ce polar qui ne pet en scène aucune mort, aucune torture. Il est ancré dans le quotidien du Louvre, certes un peu bousculé, mais dans un rythme tranquille ; on est plus dans un bon Columbo que dans un épisode d'une série virevoltante. Et du coup c'est reposant et ça fait un bien fou.
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