Un jeune homme, Nadir, s'enfuit dans le désert du Sahara après avoir commis un acte irréparable ...
Un jeune homme, Nadir, s'enfuit dans le désert du Sahara après avoir commis un acte irréparable ...
Polyphonique, magnétique, les mirages en plein désert, l’étendue vaste et apeurée.
La parabole vive d’un peuple meurtri dans sa chair.
« Saara » la tempête de sable des illusions. La fusion avec ce qui persiste et assigne au devoir de survivance : Le Sahara.
La foi en l’homme, les vies endurantes, les habitus comme l’étoile du Sud. La résistance à la pauvreté. La croyance à l’instar du sable qui s’écoule en main. « Saara », plus que des voix qui s’élèvent et dévoilent les souffrances et les injustices.
Ce livre est un plaidoyer profondément humain.
« Je crois que les habitants de cette cité ont emprunté une voie qui les mène ils ne savent où… Nous menions ma petite sœur et moi, une vie calme, nous étions pauvres mais nous disposions la plupart du temps de l’essentiel. »
Saara, pauvre et résistante, les genoux pliés, la tête posée sur ces derniers, elle conte la passage de l’humilité. Elle ferme les yeux sur la violence des inégalités. Bercée par la voix de sa propre vie, combattante et fulgurante de sensualité. Une femme qui ne cède rien au désespoir.
Le texte est un passeur. Les tons graves ou tristes, loyaux ou éperdus. Les narrations sont des bordures d’un pays en souffrance. Universel, tant il est le double de tant d’autres.
Le Cheikh dont l’aura est sublimée de théologal. Du pain pour le pauvre, la conviction de savoir ses paroles comme un parchemin pour l’autre, son frère et sa sœur en humanité. L’enseignement comme l’épiphanie. On aime ses choix pourtant douloureux. Sa constance, telle la lumière en plein tourment. Le paravent contre la tempête de sable.
« Mon Dieu, je ne veux pas trébucher sur les sentiers du monde et perdre mon chemin. »
Lui, qui doit se battre contre ce qui advient subrepticement. La barrage , métaphore du malheur, les bêtes affolées, l’oasis dont le bleu perd la rémanence. Le monde délavé par la corruption, l’orage gronde. Le Cheikh est un bâton qui s’enfonce dans le sable. Et pourtant, invincible de par sa maîtrise. Ne jamais faillir. Ne jamais céder à la force du mal. Les terres où son peuple vit, ne changeront pas de propriétaire. Mais que peut le Cheikh contre l’administration et les lois intestines ?
« - Qu’importe ! Et d’ailleurs, même si vous possédiez légalement ces terres, l’administration a le droit de vous spolier, le fait du prince, vous connaissez ? »
Le Cheikh est pris en tenaille. La vacillement du monde entre ses mains, son éthique est fissurée.
« - Et moi, je vais à l’instant visiter quelques malades avant de partir. Ta mère va mieux. -J’ai prié pour elle ! -Et moi je l’ai soignée ! »
Le mendiant, pauvre enfant, dont les blessures sont à l’instar de ses regards dont d’aucuns ne connaît la signification. Sa mère, malade, mourante, ensanglantée par un trop plein d’injustices et de coups lâches et vils. Tous, ignorent ce corps replié dans l’abri de fortune.
« Et je souffre de la voir souffrir, ma mère… Un reptile harassé par les ans et les misères. »
Le récit est d’un réalisme extrême. On ressent les batailles pour atteindre l’apaisement. Un peuple qui dérive sous le poids du plus fort. L’anéantissement de la beauté et les cruautés vives qui ne sont que noirceur. « Saara » l’acclamation des êtres que l’on regarde en pleurant. Un texte précis, charnel, puissant et vivant. La lutte au quotidien, le souci de maintenir la part de vérité. Les traditions qui assignent à croire encore un instant que tout peut changer. Le rêve comme un songe à ciel ouvert. Mais, que peut-on contre la folie humaine ? Ce livre empreint de sagesse, de spiritualité est une poésie triste et nécessaire. On ne lit pas « Saara », on prend par la main la grâce de ses doigts et l’on se glisse dans l’écoute d’une histoire source, colorée entre espérance et désespoir. Prodigieux. Beyrouk n’écrit pas, ici c’est renom qui passe en premier. La trace d’un récit choral, jusqu’à notre présent.
Publié par les majeures Éditions Elyzad.
Le poids des larmes
Rayhana, grandit au sein de sa tribu dans le Sahara Mauritanien.
Les années se succèdent, entre une mère qui ne dit rien, un père qui a disparu, un oncle chef de tribu, les amis et les chants.
Un jour, un groupe d’étrangers déploie ses tentes près du campement. Pour chercher des ressources sous la terre.
Les étrangers et les nomades s’observent et ne se mélangent pas…Sauf un certain Yahya et, avec lui, commence la chute de Rayhana.
Une chute aux yeux de sa mère qui conduira la jeune fille à fuir les siens en emportant le tambour sacré de la tribu.
Ce roman, première lecture pour moi de Beyrouk, est d’une grande beauté. Il commence par une fuite, qui semble au lecteur perdue d’avance mais, qui n’en est que plus belle.
On comprend, petit à petit, ce qui a conduit la jeune femme à se couper de ses racines, de sa famille. De ces destins tous tracés qu’il est si difficile de changer.
Malgré le destin implacable qui s’attache aux pieds de la jeune femme, celle-ci trouve des gens qui lui tendront une main amicale, l’hébergeant, la nourrissant sans se soucier d’autres choses, au nom de l’hospitalité. Mais les ombres sont toujours là, guettant la moindre erreur de la jeune femme pour récupérer le tambour et venger l’insupportable affront.
Ce roman est celui des oppositions entre la ville et le désert, les citadins et les nomades, le groupe et l’individu. Un Maroc dans toutes ses contradictions.
Encore une belle découverte aux éditions Elyzad (avec une couverture magnifique) que je vous invite à découvrir.
Cette fois j'ai un peu tardé à ouvrir ce livre que j'attendais impatiemment. Pourquoi avoir reculé ainsi l'instant de la découverte ? Je ne saurais l'expliquer.
J'avoue que je suis un peu déroutée par cet auteur. Son écriture est très intimiste ; un peu difficile de suivre sa pensée qui revient dans le passé, se projette dans le futur, revient au présent... On découvre par petites touches, petites phrases ici ou là que quelque chose de tragique est advenu et qui le fait fuir... vers l'horizon.
Enigmatique et prenant.
Je remercie le site lecteurs.com et les Editions Elyzad de m’avoir permis de découvrir ce roman qui faisait partie des 6 finalistes du Prix Orange du Livre Afrique.
Avant même de parler du roman, je voudrais dire à quel point la maison d’édition Elyzad, créée en 2005 par Elisabeth Daldoul à Tunis fait un remarquable travail, tant par la qualité des textes publiés que par la beauté des couvertures des livres.
L’auteur, Beyrouk, est un écrivain mauritanien réputé dans son pays. Je le découvre avec ce roman.
En astronomie, le nadir est l’opposé du zénith. C’est peut-être pour cette raison que le personnage principal du roman a été prénommé ainsi. En effet, Nadir est le fils d’un guide, accusé d’avoir laissé mourir de soif dans le désert un Cheick réputé. Son père est d’ailleurs mort en prison.
L’ombre de la faute commise par son géniteur pèse sur la vie du jeune homme. Il vaut mieux pour lui ne pas trop se faire remarquer. D’ailleurs, à la demande de sa mère, il porte le patronyme de son beau-père.
Mais le destin parfois joue des tours aux pauvres humains : Nadir rencontre la fille du Cheick sur la plage. Alors que celle-ci lui parle, une colère incontrôlable saisit le jeune homme qui ne peut s’empêcher de porter ses mains autour de son cou et de serrer de toutes ses forces.
Persuadé d’avoir commis à son tour un crime, Nadir va rejoindre dans le désert son ami Sidi qui accompagne des touristes dans le Sahara. Là, au milieu de cette immensité désertique, il va réfléchir à sa vie, à son acte. Pendant plusieurs jours, des questions vont affluer : son père était-il réellement coupable du crime dont on l’a accusé ? Un fils voit-il son destin forcément prendre le même chemin que son père ?
Des questions philosophiques importantes, entrecoupées de réflexions sur la beauté des paysages qui l’entourent. Ses nuits sont hantées par les images de ce qu’il a fait. Et même si parfois il est tenté de disparaître dans le désert, Nadir sait bien qu’il va aller se dénoncer à la police et avoir le courage de payer pour son acte.
» Les ombres commencent à habiter les terres, elles se vengent des blancheurs du jour en jetant des burnous noirs sur la nature et les gens, des nuages stériles bâillonnent les étoiles, la nuit domine déjà l’univers, les dunes sont devenues des montagnes sombres qui n’ont pas de crêtes ni de flancs, les arbustes des monstres immobiles prêts à avaler toute présence, les grillons chantent les douleurs de la nuit, et les blatèrements lointains de chameaux harassés dessinent les angoisses à venir. »
Une écriture forte pour une histoire qui pousse le lecteur à la réflexion. Une découverte de villes oubliées depuis la disparition des caravanes, la beauté du désert. J’ai tout aimé de ce roman.
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