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Lors de l'Occupation on imagine, à tort, souvent la France coupée en deux tant géographiquement que intimement. Cette vision franchement éculée, Bénédicte Vergez-Chaignon nous propose de la dépasser, tout en nous plongeant dans le quotidien de la guerre. Au cœur des français. A l'aide d'archives parfois étonnantes, l'historienne va nous emmener côtoyer les français dans cette guerre.
Tout d’abord Bénédicte Vergez-Chaignon va commencer son livre par un petit examen général qui permet de prendre le pouls de l'époque. Cette démarche permettra déjà pour le lecteur de prendre ses distances avec cette dichotomie dénoncée plus haut. C'est ainsi que le lecteur comprendra qu'applaudir Pétain, l'homme qui met fin à la guerre en 1940, ne veut pas dire forcément collaborateur de la première heure. En effet, les résistants ont pu faire partie de ces soulagées des premiers temps avant de prendre les armes.
Une fois cette mise au point faite, l'auteure va ensuite aborder la politique fantoche de Pétain, par exemple avec les uniformes des agents des eaux et forêts en Indochine, ou encore en parlant du provisoire qui s'éternise à Vichy. Sans oublier de parler bien sûr, des relations qu'il pouvait entretenir avec certains personnages politiques comme Pierre Laval.
Sur le plan politique toujours, elle va ensuite aborder le grand programme moral et politique de Pétain pour redresser la France. La femme de retour au foyer et qui doit enfanter (d'où l'a naissance de la fête des mères) car si la France a perdu c'est aussi à cause d'une démographie trop faible selon lui ; la fin des pratiques dégradantes où le jeu et les plaisirs de la vie sont vus comme responsables de la défaite ; la grande place faite à l'ordre ou encore au travail ; etc.
En parallèle à toutes ces choses, l'historienne aborde bien évidemment la collaboration avec l'Allemagne. En remettant en avant l'esprit de Pétain qui se pose en père de famille face à la population, et qui croit que collaborer c'est réduire les souffrances françaises. Ceci expliquant entre autre, la lutte contre la résistance, car c'est prendre trop de risque pour la population civile avec les exécutions sommaires.
Qui dit collaboration, dit forcément pouvoir supérieur. Bénédicte Vergez-Chaignon aborde donc en toute logique la politique nazie. Le pillage, les apparences trompeuses où au début on essaye de faire croire que rien à changer, la violence qui arrive peu à peu, « l'allemagnisation » de l'Alsace Lorraine qui sont allemandes et rien d'autre dans l’esprit du Reich, ce qui veut dire que l'on chasse du paysage tout ce qui est français : journaux, écrivains...
Chemin faisant et enfin, elle aborde la vie des français dans la France occupait : les écoliers, les femmes, les travailleurs, la résistance qui a une belle fibre patriotique et humaine (elle n'est pas seulement communiste), mais aussi la collaboration des jeunes qui cherchent à dorer leur image en se montrant aimables et serviables envers la population (qui est elle aussi n'est pas que d'extrême-droite)...
Enfin pour finir, je dirais juste un petit mot sur les archives utilisaient par l'écrivaine. Présentent à chaque page (il n'y a quasiment que ça), ces dernières sont agréables à regarder et à lire. Lisibles, expliquées, étonnantes comme les pages de Marie-Claire, elles nous montrent toutes les facettes de la population comme des autorités. Nous plongeant ainsi, et de manière bien concrète, dans la vie des français. (Même si le rapprochement avec le COVID au début reste une vision de l'auteure). Bref.
En résumé, j'ai trouvé ce livre très agréable à lire. Il nous plonge dans le quotidien d'une guerre que l'on aborde trop souvent via le prisme du pouvoir, et pas franchement du point de vue de la vie quotidienne. Même si on ignore pas ces choses-là. Un livre nouveau dans une époque trop souvent abordée et réchauffée.
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